Demain, après le virus... dans le domaine des chambres d’hôtes : l’expérience de la Villa Thibault, à Liège
Serge Schoonbroodt, organiste, et Guido Vonk, consultant, gèrent une maison d’hôtes à Liège, dans le quartier de Sainte-Marguerite. Dans le cadre de ce type d’activité touristique, voici comment se sont déroulés leur confinement… et leur déconfinement.
Au moment de l’annonce du confinement, que s’est-il passé pour vous ?
Serge Schoonbroodt : « Nous étions au complet et, tout d’un coup, toutes les réservations ont été annulées. Jusqu’à 100 nuitées supprimées… Certains clients ont pu être remboursés et d’autres ont reporté leur réservation de mars, avril et mai aux mois de juillet et août. Nous nous sommes retrouvés, tous les deux, avec Guido, dans une maison vide. Guido, qui par ailleurs a une autre activité professionnelle en 4/5 de temps, s’est mis au télétravail. On avait envie de partir en vacances mais ce n’était pas possible avec les restrictions de déplacement. Côté financier, heureusement nous avions économisé un peu. Nous avons aussi fait les demandes d’aide à la région wallonne. Et nous avons rapidement reçu la prime de 5000 € prévue pour les indépendants, plus 1300 € mensuels de droit passerelle. Il devrait y avoir aussi, bientôt, une autre aide de 3500 €, en tant que relance d’activité. Nous remercions d’ailleurs la région wallonne, car même si la crise n’a pas été bien gérée, dans tous ses aspects, les aides ont permis de tenir ».
Qu’avez-vous fait pendant le confinement ?
Serge Schonnbroodt : « Finalement, ces deux mois ont été plutôt sympha ! Tous les deux jours, je pouvais aller voir ma mère à Eupen. Avec ma moto sur la route désertée, j’avais l’impression de vivre dans un film de science-fiction. Besoin d’introspection, désir d’humanisme, retour vers des choses essentielles, beaucoup d’idées ont traversé nos esprits. Nous avions démarré la rénovation et l’aménagement du salon, la dernière pièce de la maison encore en attente, un projet qui nous tenait à cœur depuis longtemps. Le confinement a permis de terminer les travaux et la décoration de cet espace que nous souhaitions transformer en salon de thé, ouvert à tous. Mais la COVID 19 nous empêche de mettre en pratique cette nouvelle idée. Nous réservons donc ce lieu à nos clients actuels pour composer un salon privé, une bulle personnelle, notamment pour les couples et les familles, pour écouter par exemple de la belle et bonne musique. A la fin du confinement, nous avons également cogité pour créer un site internet, un compte Instagram… Nous travaillons avec Airbnb ou Booking.com. Ces plateformes nous apportent la majorité de nos clients mais nous avons besoin désormais d’autres sources. Il faut trouver d’autres réseaux pour se faire connaître et développer nos activités. »
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- La suite de la Villa Thibault. Fauteuil à bascule, modèle Félix, design Frédéric Richard (frederic-richard.be).
- © Antoine Rozès
Et aujourd’hui, comment se déroulent vos journées et quels sont vos projets ?
« Nous avons refait le plein de réservations mais la clientèle n’est plus la même qu’avant. Peu d’étrangers, mais plutôt des belges et des flamands. Pour le mois de juillet, le chiffre d’affaires a été légèrement supérieur à celui de l’année dernière, à la même date. Côté gestes barrières, le port du masque est obligatoire pour nous et nos clients, hors de leurs chambres. Après le départ de chaque client, je désinfecte chaque chambre et je change les draps tout en portant un masque : 2 heures de travail en tout. Dans chaque chambre, un distributeur de gel hydroalcoolique est à la disposition des clients. Une aide de 300 € a été octroyée pour rembourser les frais supplémentaires pour les produits achetés. Je désinfecte aussi chaque objet touché par un client, de la poignée de porte au pot de confiture que nous proposons au petit déjeuner. Des règles d’hygiène strictes doivent être désormais adoptées et intégrées dans un nouveau mode de vie Nous avons encore plus envie de chouchouter nos clients. Depuis l’ouverture de nos chambres d’hôtes, nous avons choisi de développer la convivialité et le plaisir avec nos hôtes. Ce n’est pas le profit qui nous motive mais les rencontres, les échanges, les bons moments partagés et la situation actuelle nous encourage encore plus dans cette attitude bienveillante. Nous n’avons pas augmenté le prix des chambres. Nous proposons notamment un petit déjeuner bio de qualité avec des confitures réalisées par Guido. Il s’est aussi beaucoup investi dans la rénovation et la décoration de la Villa. Malgré les risques d’infection latents, la société actuelle est encore beaucoup trop insouciante et le port du masque n’est toujours pas intégré en tant que réflexe. Je considère que la COVID 19 est une alerte, un message envoyé par la planète pour nous faire prendre conscience des dérèglements provoqués par l’homme. Il faut respecter la terre, sauvegarder notre patrimoine. Nous espérons qu’il n’y aura pas de second confinement… Nous avons ouvert la maison d’hôtes, il y a 7 ans… déjà. Dans la même rue, en face de la Villa Thibault, nous avions le projet d’acheter une autre maison ancienne, construite également au XIXème, pour la rénover et nous agrandir avec trois nouvelles chambres. Mais finalement, nous avons abandonné ce projet. Depuis le début de notre installation, nous sommes engagés dans la sauvegarde du quartier et nous continuons à militer pour l’améliorer… un travail de longue haleine. »
Villa Thibault, rue Hullos, 5, 4000 Liège
Tél. : 04 224 13 11
http://bb-villa-thibault.visit-wallonia.com/nl/