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Waasland-Beveren relégué mais premier de D1A : une histoire bien belge

13 août 2020
par  Louis-Paul Eggen
( Presse écrite , Le virus du sport )

En cinq mois, le club waeslandien est passé de la lanterne rouge de l’élite à la première place de cette même division… sur deux saisons différentes. Maintenant, il aspire à vivre des jours plus sereins sous les ordres d’un nouveau jeune entraîneur.

S’il y a bien un championnat où l’on peut voir un club relégué occuper la tête de la division qu’il devait quitter, c’est bien la Belgique. Avec pour vedette de ce scénario rocambolesque, Waasland-Beveren. Dernier avec deux points de retard sur la 15e place à une journée du terme de la phase classique, le club waeslandien avait peu de chances de se sauver si la saison dernière avait été à son terme mais a joué crânement sa chance sur la scène judiciaire. “Dès le début on était convaincu qu’on avait une chance de s’en sortir étant donné que les verdicts sportifs n’étaient pas définitifs à 100 %”, défend le président Dirk Huyck. “On jugeait inacceptable que les autres clubs de la Pro League décident de notre avenir sur tapis vert."

Et c’est finalement du tribunal de première instance de Termonde que la décision finale est tombée… à une semaine du début du championnat : les Leeuwen doivent être réhabilités dans l’élite. Dont ils occupent actuellement la première place après la journée inaugurale.

Une telle histoire, cela a évidemment de quoi agacer. “Les autres clubs devaient avoir du respect pour nous, comme nous avions respecté leur point de vue tout au long de la crise mais il y a eu un manque de solidarité”, regrette M. Huyck, également attristé de l’image péjorative donnée à son club ces derniers mois auprès des supporters. “Forcément cela nous fait mal mais ils ne peuvent pas juger sans l’avoir vécu de l’intérieur.”

Incertain de son avenir entre l’arrêt du championnat 2019-2020 et le coup d’envoi de l’actuelle compétition, le club du Freethiel a tout de même travaillé en coulisses pour s’éviter toute frayeur. Et ce peu importe la division dans laquelle il était amené à jouer.

“Ces derniers mois ont été particulièrement difficiles et spéciaux mais on s’est adapté. Le plus important était de trouver un entraîneur disposé à coacher en D1A ou D1B. C’est pourquoi la sélection a pris beaucoup de temps”, ajoute le boss waeslandien. Dont le dévolu s’est finalement jeté sur Nicky Hayen (39 ans), qui “a accepté nos conditions en plus de partager nos valeurs.”

Méconnu du grand public, sinon totalement inconnu, le Trudonnaire vit sa première expérience d’entraîneur principal en D1A, après un intérim de six matchs à Saint-Trond, son club de coeur, la saison dernière et quelques piges aux échelons inférieurs (Dender, Tirlemont, Geel, Berchem Sport).

Prêt à faire le grand saut, Hayen a refusé de retourner coacher les espoirs de Saint-Trond, comme le STVV le lui avait proposé, pour relever le défi de Waasland-Beveren.

“Je suis prêt à travailler jour et nuit pour remettre le club dans la lumière”, assurait le jeune coach lors de sa présentation il y a quelques semaines. “Nous ne pouvons pas revenir sur le passé. Ce club veut un vent nouveau et du positif. On souhaite mettre le négativisme aussi loin que possible.”

Ce qu’il compte accomplir en révolutionnant les habitudes waeslandiennes. Réputé comme étant un hall de gare pour entraîneurs, le Freethiel pourrait devenir un point de chute durable pour Hayen. Ayant signé un contrat à durée indéterminée, il entend construire un projet sur le long terme dans le pays de Waes.

Pour ce faire, l’ancien défenseur central (qui compte 247 matchs en D1, dont 239 avec Saint-Trond) aspire à développer du beau jeu avec son équipe. Prônant un football offensif, il ne reniera pas pour autant les valeurs du club : combativité, motivation et labeur. Qui lui ont permis tant de fois dans le passé de se tirer de situations désespérées. Sur le terrain… comme en dehors.

“Il était capital qu’un club agréable et familial comme le nôtre, qui donne une chance aux jeunes, perdure”, appuie le président Huyck. Tout heureux de pouvoir aborder l’avenir avec enthousiasme et positivité.

“Ces derniers mois ont été particulièrement difficiles et spéciaux pour tout le monde au club mais on s’est adapté. Désormais tout le monde travaille énormément. Cela change de la saison dernière et c’est agréable de voir des gens motivés et impliqués.”

Avec pour conséquence immédiate, et même si le championnat n’en est qu’à ses balbutiements, une surprenante première place au classement de la Pro League. “C’est clairement une belle histoire qui nous offre enfin un peu de reconnaissance après une période compliquée.”

Une histoire bien belge qui a le don de quoi motiver encore plus les Waeslandiens à redoubler d’effort. Pour saisir à deux mains la chance unique qu’ils ont de pouvoir évoluer dans le championnat qu’ils étaient condamnés à quitter.

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