Un projet pionnier en temps de Covid : du rêve à l’incertitude totale
A deux mois de leur grand camp d’été 2021, les pionniers de l’unité bruxelloise de Saint-Clément ne connaissent toujours pas leur destination ni les conditions qui seront d’application pour leur voyage. De septembre à mai, retour sur neuf mois d’incertitudes qui ont plongé de nombreux jeunes dans l’inconnu le plus total.
Alors que les camps de l’été 2020 se sont bien déroulés, puisque seulement cinq personnes ont été testées positives pendant ou après les camps, l’incertitude règne toujours 60 jours avant le départ de nombreuses sections.
L’année des pionniers, comme celle de la grande majorité des sections, a commencé en septembre. A cette époque, un code couleurs, comme dans les écoles, et un protocole strict étaient d’application afin de reprendre les activités des mouvements de jeunesse. Le groupe de Saint-Clément, composé de jeunes entre 17 et 18 ans, s’est alors réuni pour décider d’un projet de camp. Désirant allier découverte de la nature, activités sportives, visites culturelles, engagement écologiste et rencontres sociales, les huit pionniers et leurs deux chefs se sont alors penchés vers le Monténégro.
Ne perdant jamais de vue que le Covid-19 est bel et bien toujours présent, la section a donc préféré opter pour une destination européenne et a directement écarté tout voyage en dehors du vieux continent.
“On s’est dit que partir trop loin de la Belgique et surtout en dehors de l’Europe n’était pas très réaliste et puis, il y a beaucoup de belles régions à découvrir sur ce continent”, explique Louis (Racoon), chef de la section.
Un budget avait alors été estimé afin de confier à chaque pionnier la tâche de récolter, pendant toute l’année, les fonds nécessaires pour partir en camp.
De quasi tout, à plus rien du tout
L’organisation du voyage prenait forme, jusqu’au revirement du 29 octobre 2020. Seules les réunions pour les moins de 12 ans pouvaient alors se dérouler. Le code rouge venait d’être activé. De nombreuses semaines de réunions virtuelles, en visioconférence, s’en sont suivies. C’est le 1er février 2021 que les choses ont évolué positivement. Les sections regroupant des jeunes de plus de 12 ans pouvaient à nouveau se voir, mais sous conditions.
“Les activités pour les + de 12 ans peuvent reprendre, par groupe de 10, encadrants non compris, en extérieur uniquement.”, pouvait-on lire sur le site de la Fédération scoute de Belgique.
A ce moment, nos pionniers ont donc pu renouer certains contacts et faire le point sur leur moral, leur motivation, leurs récoltes de fonds, etc.
“Si certains avaient su trouver quelques petits jobs pendant cette période difficile, d’autres n’ont pas trouvé l’énergie, l’envie, la motivation ou les opportunités pour se faire un peu d’argent. On comprend très bien que la situation est compliquée pour eux”, indique Racoon.
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- © Indy Machiels
La début de la désillusion
Les jours de février et de mars passaient, jusqu’à un appel téléphonique qui a bouleversé les plans du poste pionnier. Le lundi 15 mars 2021, le téléphone de Louis a sonné. La Fédération scoute avait une nouvelle peu réjouissante à annoncer. Elle venait de décider de fermer les destinations en zone 3. A savoir que la carte du monde et d’Europe est divisée en quatre types de zones pour les scouts. Le Monténégro se situant en zone 3, n’était du jour au lendemain plus accessible et fermé pour les scouts belges. La raison ? Les assureurs refusent de couvrir tout rapatriement pour cause de Covid.
“Le rapatriement sanitaire d’une personne suspectée ou atteinte du covid-19 ne peut pas être garanti par Ethias (ni par ses partenaires médicaux).”, souligne la Fédération sur son site. Ainsi, un rapatriement d’un jeune pour cause de Covid doit pouvoir être organisé par la section elle-même et par la venue d’un parent. Les pionniers de Saint-Clément se sont alors réunis pour décider d’une autre destination plus proche, dans un rayon de 1000 kilomètres autour de nos frontières. La Slovénie (zone 2) a tout de suite séduit le groupe qui a alors commencé l’organisation de ce nouveau voyage.
Cependant, quelques semaines plus tard, un nouvel appel est venu casser tout espoir slovénien. La Fédération a décidé de ne plus autoriser les camps en dehors des pays frontaliers à la Belgique, toujours pour des questions d’assurances uniquement.
“Il convient d’opter pour une destination en Belgique ou très proche, dans un pays limitrophe (Pays-Bas, Allemagne, Grand-Duché du Luxembourg, France) qui ne nécessite qu’un trajet en véhicule personnel (voiture ou camionnette) aller-retour d’une journée, sans étape.” a signalé la Fédération scoute.
Que faire à deux mois du camp ?
Si le Comité de concertation a bien confirmé que les camps d’été pourront bien s’organiser, les conditions n’ont pas encore été précisées et les destinations précises autorisées ne sont pas encore connues.
“On nous dit qu’on peut partir en France, mais pas trop loin. Le nord de la Bretagne pourrait convenir mais pas le sud… On ne comprend plus. C’est absurde de priver des jeunes d’aller à 1000 km de la Belgique car une assurance refuse de les rapatrier s’ils ont le covid. Si un jeune se casse le genou, il peut être rapatrié, mais s’il tousse, c’est impossible. On se fout un peu de nous !”, s’agace Louis.
A deux mois des départs, de nombreuses sections qui avaient prévu un voyage à l’étranger doivent désormais tabler sur un projet proche de notre territoire, tout en ayant toujours l’espoir que la situation sanitaire évolue positivement et leur offre davantage de souplesse. Après huit mois de réinvention, de changements, de bouleversements, l’incertitude plane toujours pour de nombreux groupes de jeunes. La règle d’application en 2020 et n’autorisant que des camps à maximum 150km de la Belgique, va-t-elle faire son retour en 2021 ? Les autorités doivent se prononcer dans le courant du mois de mai ou au début du mois de juin afin d’officialiser les conditions d’organisation de ces moments d’évasion uniques dans la vie de nos jeunes.