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Ugo de Wilde, à fond vers la F1

26 novembre 2020
par  Philippe Jacquemotte
( Presse écrite , Le virus du sport )

A 17 ans Ugo de Wilde dispute déjà sa deuxième saison de Formule 3 Eurocup. Comme depuis le début de sa carrière il est un des plus jeunes de la discipline, à trois échelons de la Formule 1.

Il n’a pas fallu longtemps à Ugo de Wilde pour être à l’aise, et rapide, sur quatre roues. A 4 ans il découvrait le karting, des débuts épiques puisque son père roulait derrière lui, les deux karts reliés par une sangle, vu que le petit Bruxellois ne voulait pas freiner. Le freinage assimilé Ugo commence la compétition à 6 ans, en Discovery Days, un petit championnat qu’il remporte dès l’année suivante en catégorie Mini, soit 8-11 ans. Ugo n’en avait que 7 mais bénéficiait d’une dérogation. La première d’une longue série parce que Ugo de Wilde va vite et grimpe les échelons arrivant systématiquement dans la catégorie suivante trop tôt, où il est chaque fois le plus jeune. C’est encore le cas en 2015 quand, à 12 ans, il remporte le titre de champion de Belgique junior réservé aux 13-16 ans. Pour son quatorzième anniversaire le jeune pilote découvre le monde et termine 15e du championnat d’Europe, toujours en kart, et signe une 17e place au championnat du monde à Bahreïn malgré une côte cassée. « Mes meilleurs souvenir en karting restent mes deux pôles positions sur le circuit du Mans où j’ai été le plus jeune poleman à seulement 12 ans, ma pole position en mondial devant 129 autres juniors et ma remontée de la 19e à la 5e place en finale, » Confie l’adolescent en se remémorant ses premiers tours de roues.

Le plus jeune du monde

Parce qu’à 14 ans la carrière de de Wilde en karting est terminée, un changement de règlement l’oblige à intégrer la course automobile, en l’occurrence la F4, le pilote bruxellois devient dès lors le plus jeune pilote de monoplace du monde à 14 ans et 4 mois. Les débuts sont difficiles, une voiture c’est très différent d’un kart et ses adversaires, âgés de 15 à 16 ans sont plus costauds et plus expérimentés. Et puis cette fois il faut composer avec les grands circuits tels que Monza, Barcelone, le Castellet ou Francorchamps. Mais le Belge s’en sort bien avec deux victoires en catégorie junior, et en 2018 le pilote remporte le titre de vice-champion de France riche de 4 victoires et 4 pole positions. La roue continue à tourner et emmène Ugo de Wilde vers l’échelon suivant, la Formule 3 Eurocup, championnat remporté en 2012 par Stoffel Vandoorne. Et là fini de rire, la voiture est moins puissante mais assez proche d’une formule 1 par son design et sa taille, le moteur développe 270 chevaux et propulse la monoplace de 0 à 100 Km/h en moins de 3 secondes pour atteindre les 260 km/h. La première manche se dispute sur le mythique circuit de Monza.

Derrière le volant Ugo n’a que 16 ans et est, comme d’habitude, le plus jeune de la meute. « J’arrive dans la nouvelle catégorie et je gagne la première course », raconte le pilote bruxellois. « Je savais que c’était un truc de dingue mais c’est au fil de la saison, quand j’ai vu le niveau, que j’ai compris que cette victoire était exceptionnelle. En plus c’est Fernando Alonso qui m’a remis le trophée, cela restera gravé dans ma mémoire jusqu’à la fin de mes jours. » Cette victoire sera la seule de la saison pour notre compatriote qui échouera au pied du podium à Silverstone et à Hockenheim.

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Monaco et Le Mans.

Mais le bilan est positif, 7e du championnat, 3e meilleur débutant et surtout deux manches sur le circuit de Monaco, en lever de rideau du Grand Prix de F1. Un nouveau record puisqu’à 16 an 6 mois et 3 jours Ugo de Wilde est devenu le plus jeune pilote de monoplace de tous les temps à rouler dans les rues de Monaco en compétition. « C’était un rêve, me retrouver là, comme à la télévision, entre les immeubles et les yachts, incroyable », se souvient le N°27. « En tant que pilotes F3 on n’avait pas accès au paddock F1, mais pour la course nous étions installés juste devant le stand Red Bull dans la pit lane. Le circuit est très difficile. Sur les autres pistes tu devines le décor mais à Monaco tu ne vois que les rails, tu ne profites de l’environnement que pendant les tours lents. En course c’est le tunnel qui est le plus impressionnant tant il accentue l’impression de vitesse. » Jusqu’ici 2020 a déjà permis à Ugo de se hisser sur le podium F3 à Barcelone, mais cette saison lui a réservé une autre expérience « le plus jeune de … », en l’occurrence le plus jeune Belge à rouler sur le grand circuit du Mans en prologue des 24 heures. Sa monture était cette fois une LMP3, prototype d’endurance : 400 chevaux et 290 Km/h de vitesse de pointe. « Ça allait tellement vite que quand mon ingénieur m’a proposé de changer le réglage de la direction assistée je n’ai pas osé lâcher le volant pour tourner le bouton », raconte le pilote en souriant. « Mais le week-end a été fabuleux, rouler sur ce tracé mythique de 13,6 kilomètres, enchaîner les virages qui ont fait la légende des 24 heures, le Tertre rouge, la ligne droite des Hunaudières, Mulsanne, … au fil des tours je flirtais avec les limites de la voiture, c’était fantastique. »

Fantastique aussi la performance, avec une remontée de la 12e à la 1ere position avant de céder la voiture à son équipier qui sera malheureusement contraint à l’abandon. « L’objectif reste la monoplace », explique Ugo, « mais l’endurance et les 24 heures du Mans pourquoi pas. » A 18 ans ce serait exceptionnel parce que de Wilde ne sera pas le plus jeune pilote de F1 de l’histoire, ce record appartient à Max Verstappen qui a disputé son premier Grand Prix de F1 à 17 ans et 166 jours. Un autre champion de précocité, avec un peu de sang belge.

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