Tout le monde rejoindra-t-il ?
La vaccination contre le Covid-19 s’est accélérée cet été et semble bien se dérouler, mais est-ce suffisant ?
Certains experts estiment qu’il faut vacciner 85-90 % de la population pour obtenir une immunité collective afin que la vie sociale puisse reprendre progressivement ce qu’elle était avant la pandémie. Ici à Verlaine, commune rurale de 4 277 habitants de la région liégeoise, le chiffre est aujourd’hui de 70 %, soit le même que dans l’ensemble du pays.
Selon le maire, 30% s’opposent à tout ce qui est dit d’un point de vue officiel. La question est de savoir si, et peut-être comment, certains d’entre eux peuvent être persuadés. Les années 2020 et 2021 ont été longues, avec des restrictions variables. Dans cette village wallon, nous rencontrons deux visions radicalement différentes.
Marie-Paul Smal (70 ans) est une infirmière à la retraite avec deux filles qui vivent à proximité. Elle a été complètement vaccinée avec Pfizer en mars et est satisfaite des informations qu’elle a reçues des autorités.
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- Marie-Paul Smal (70 ans) a pris le vaccin Pfizer en mars et suit les informations des autorités.
- © Ragnar Skre
Au tout début je ne sortais pas de chez moi. En mars et avril 2020. Ensuite, j’ai toujours utilisé un masque. Isolé, mais pas vraiment, car je sors souvent dehors, raconte Smal sur la pelouse devant sa maison. Comme beaucoup d’autres ici, elle dispose d’un grand jardin et peut profiter du beau temps pour en finir avec le jardinage.
Le lieu-dit Verlaine est le centre de la commune du même nom. L’économie se compose de nombreux producteurs de vin et de producteurs de fruits, un type d’entreprise qui se déroule principalement à l’extérieur. Voici quelques commerces, boulangeries, boucheries, mais quelques magasins de vêtements et autres commerces de détail. Il n’y a que 4-5 restaurants. La commune a donc été peu touchée par la pandémie.
Selon Sciensano, 562 tests positifs ont été confirmés ici depuis le début de la pandémie. Cela signifie que la municipalité a eu un total de 131 tests positifs pour 100 000 habitants. Si l’on compare avec le taux de positivité pour l’ensemble du pays de 102 pour 100 000.
Smal ne connaît personne qui a perdu son emploi à cause de la pandémie. Personnellement, elle n’en connaît que deux qui ont été malades du Covid-19 ici. L’une est sa voisine, qui a passé trois semaines aux soins intensifs.
-Comment la vie a changé au cours de la dernière année ? Pensez-vous que ce sera un changement permanent ?
-Pour certaines choses, je pense que les changements vont continuer. Par exemple, les restaurants étaient bondés dans le passé. Je pense que c’est super d’avoir des tables de restaurant bien séparées les unes des autres. Une autre chose que je veux dire c’est : pourquoi avons-nous besoin de tant de vêtements ? On ne pouvait plus aller acheter des vêtements, mais on prenait ce qu’on avait. Je pense que c’était une chose positive. C’était une surconsommation puis la consommation a été un peu ralentie. Peut-être que ça peut continuer comme ça. Je pense que c’est très bien.
-Vers qui vous adressez-vous lorsque vous trouvez des informations sur la situation ?
-Je regarde la télé. Et puis Alerte Covid. Je reçois des SMS. Je reste informé lorsqu’il y a des réunions et qu’ils annoncent de nouvelles mesures, mais cela n’arrive pas tous les jours.
-Pensez-vous qu’il y avait des restrictions trop strictes sur la vie sociale ?
-Oui. Mais que pouvait faire d’autre le premier ministre ? C’est comme mettre une barrière pour certaines personnes. Les jeunes, on leur dit qu’ils ne peuvent pas sortir, mais et s’ils sortaient quand même ? Ils ont 25 ou 30 ans. Je pense qu’ils l’ont bien géré, mais c’est vrai que c’était difficile du point de vue des grands-parents par rapport aux petits-enfants. Concernant les fermetures de frontières, tous les pays auraient dû faire de même. Pourquoi les Hollandais pouvaient-ils venir à nous, mais nous ne pouvions pas voyager jusqu’à eux ?
Une occasion de réfléchir à la vie
Vers le centre, nous rencontrons Fabian Castelli. En tant qu’ouvrier du bâtiment, il fait partie des groupes qui ont travaillé à l’extérieur au grand air pendant la majeure partie de la crise. Il dit qu’il a été malade deux fois avec Covid et qu’il ne prendra jamais le vaccin.
Il n’a aucune confiance dans les informations provenant de sources officielles, et croit davantage en des gens comme Christian Perronne et Didier Raoult, deux des plus grands contre-experts français qui ont tous deux été ostracisés par des collègues pour leurs déclarations controversées sur le Covd-19 et la façon dont la maladie devrait être combattue.
Pour lui, la pandémie est l’occasion de s’arrêter et de réfléchir aux choses importantes de la vie.
-C’est une crise, c’est un vrai problème. Le virus existe, il est virulent pour les personnes en mauvaise santé. Mais le Covid est aussi l’occasion de repenser la vie, le monde, la nature.
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- Fabian Castelli fait confiance aux experts alternatifs et jure qu’il ne sera jamais vacciné contre le Covid-19.
- © Ragnar Skre
Castelli craint que la pandémie n’ait créé une mentalité de troupeau où la place de l’individu est devenue plus vulnérable et où il n’y a plus de place pour le débat.
-Nous sommes dans un système où nous ne pensons plus individuellement. Nous sommes d’accord avec tout, avec tout ce qui nous est imposé, avec tout ce qu’on nous dit de faire. Nous ne sommes plus dans une réflexion pure et personnelle.
-Que pensez-vous du vaccin ? Vous êtes-vous inscrit au vaccin ?
-Jamais. Jamais. Mon vaccin est la nourriture. C’est ce que je mange. C’est l’eau que je bois, c’est le soleil que je reçois. Je ne crois pas à la chimie. Je crois en la chimie de l’univers. Je crois aux 14 milliards d’années qui me composent.
-Mais pensez-vous que le vaccin est dangereux ?
-Oui, bien sûr. Le vaccin est assez dangereux. Il détruit votre génome. Oui bien sûr. Il est dangereux. C’est un abus. Vous avez cinq barrières immunitaires, que pour vos 60 % de ventes, le système lymphatique gastrique. Une nouvelle maladie est en train de sortir. Le vaccin n’est pas bon.
-Tous les vaccins sont-ils dangereux ?
-Je pense que les premiers vaccins étaient peut-être moins dangereux que d’autres, mais je pense qu’il faut être prudent, car ils nous sont injectés. En mangeant des pesticides, des insecticides, des fongicides, des OGM, on se suicide. Il faut faire confiance à la vie. La vie est quelque chose de magique. Vous devez faire confiance à votre intuition, dit Castelli.
Le maire de Verlaine Hubert Jaunet croit que les gens ont plus confiance dans les informations provenant de la municipalité que dans celles que le gouvernement fédéral envoie. Il souligne que la commune est le niveau d’administration le plus proche de la population et qui peut donc le mieux communiquer avec l’information.
-Ça s’est assez bien passé, mais il y a toujours un peu d’insatisfaction. 30 % de la population s’oppose à toutes les mesures qui ont été mises en œuvre. Alors que la moitié concerne toutes les restrictions qui ont été introduites.
-Les gens viennent-ils vers vous avec leurs propres questions ?
-Sûr. Principalement pour dire qu’ils aimeraient comprendre qu’on ne ment pas, mais il s’agit souvent de quelque chose qu’ils connaissent, mais dont ils veulent la confirmation, explique Jaunet.
Lorsqu’il n’était pas permis d’organiser des fêtes et des événements privés, beaucoup ont contacté la mairie pour confirmer qu’il y avait vraiment une telle interdiction.
-Ils le savaient bien, mais ils m’ont quand même demandé. C’est comme ça que les gens sont, ils veulent une confirmation.
L’objectif pour Verlaine est d’atteindre 80% de vaccinés complets contre le Covid-19, précise le maire Jaunet. Aujourd’hui, c’est 70 %. 30% s’opposent à tout ce qui est dit d’un point de vue officiel. La question est de savoir si, et peut-être comment, certains d’entre eux peuvent être persuadés.