Tatouer les cicatrices pour réparer corps et esprit
Envie de faire disparaître cette cicatrice que ne vous ne pouvez plus voir ? Il est possible d’en faire une œuvre d’art en la recouvrant d’un tatouage.
Accidentelles ou délibérées, les cicatrices corporelles peuvent être difficiles à regarder au quotidien. Elles sont souvent le souvenir sur la peau de moments douloureux, et il peut être normal de vouloir les dissimuler. Tatouer les cicatrices permet à certains de réparer le corps et l’esprit.
Au salon Atakama Tattoo, à Ixelles, Oscar reçoit régulièrement ce type de demandes. D’ailleurs, c’est au tout début de son activité qu’une dame a fait appel à ses services, afin d’embellir par l’encre son corps traumatisé. « À l’âge de 17 ans, elle avait eu un accident de voiture et avait été lacérée un peu partout sur le corps : les jambes, le dos… À 35 ans, elle a décidé de se faire tatouer certaines cicatrices et d’y placer des motifs. Cette envie résultait d’une frustration. Elle ne se sentait jamais bien quand elle allait à la piscine ou à la plage. »
Un travail de recherche et de dessin a été effectué pour ce premier tatouage sur peau blessée. Depuis, Oscar a réalisé de nombreux tatouages réparateurs.
Une expertise particulière
Qu’elles soient dues à un accident, à une maladie, à une opération ou à une perte de poids importante, les cicatrices ne se tatouent pas de la même manière qu’une peau normale. « L’élasticité et la résistance de la peau doivent être prises en compte. » Sur une peau cicatrisée, la résistance est changeante. « Elle peut être beaucoup plus dure à un endroit, où l’aiguille aura donc plus de mal à entrer, pour être plus molle 2 cm plus loin. »
Est-ce plus douloureux qu’un simple tatouage ? « C’est relatif. Il y a des gens qui ne sentent rien, d’autres sont hypersensibles. Ça dépend de la douleur de chacun, du mental et de la peau. »
La dimension psychologique
Tatouer une cicatrice est un acte qui n’a rien d’anodin. Il ne faut pas négliger la dimension psychologique. « On peut tomber sur des cicatrices de rien du tout comme sur des choses assez vilaines. On rencontre les gens dans leur intimité. On intervient sur une surface sensible, qui peut réveiller des sensations au niveau psychologique. » Fin juin, Oscar a tatoué le bras meurtri d’une jeune fille. « Elle avait eu recours à la scarification plus jeune. À la fin du tatouage, elle s’est mise à pleurer et m’a remercié. Elle m’a dit que c’était une page de sa vie qui se tournait. »
Le tatouage réparateur peut être une manière de se délivrer d’un moment traumatisant de sa vie. « Je travaille sur un nouveau projet pour une dame. C’est une ancienne gardienne de prison qui s’est fait attaquer par un détenu il y a plusieurs années. Elle a eu quinze coups de couteau dans le dos, elle a failli en mourir. On travaille sur le projet d’un ange, pour symboliser son retour à la vie. »
www.tattoo-atakama-bruxelles.be
Retrouver sa féminité après un cancer du sein
De plus en plus de femmes ayant subi une mastectomie, à la suite d’un cancer du sein, se tournent vers le tatouage.
Que ça soit pour le recouvrir d’une œuvre d’art ou reconstituer les aréoles et mamelons, grâce au trompe-l’œil. L’encre est une manière de dépasser la maladie tout en retrouvant sa féminité frappée de plein fouet. Le tatouage post-mastectomie fait partie de la reconstruction de beaucoup de survivantes du cancer du sein.
À Liège, Denis Larminier, s’est formé à la technique spécifique du tatouage 3D pour reconstruire l’aréole, dans son salon Little Tear Tattoo. Il a privatisé une partie de son salon à cette fin. Son projet est à découvrir sur la page « To Be Complete Again » du site web www.littleteartattoo.be/
Une peau bien réparée
Avant de dissimuler une cicatrice par un tatouage, il faut attendre un certain temps, histoire de ne pas l’endommager.
« Ça dépendra de la cicatrice, mais il faut compter entre deux et cinq ans pour que la peau se régénère et se répare comme il faut », explique Oscar, du salon Atakama Tattoo, Car tant que la peau n’est pas complètement rétablie, la tatouer pourrait l’endommager. « Si la cicatrice n’est pas suffisamment refermée, la tatouer peut la rouvrir et provoquer une infection. » Sans parler de la douleur occasionnée.
Oscar demande régulièrement l’avis d’un médecin avant de se lancer dans la réalisation de ce type de tatouage plus délicat. Qui demande par ailleurs un suivi d’autant plus rigoureux au niveau des soins et mesures d’hygiène post-tatouage. « Un mois après le tatouage, on demande aux clients de revenir au salon – même si le tatouage n’a pas bougé – afin de confirmer que tout va bien. Car c’est un endroit sensible sur lequel on intervient une seconde fois. » Il est donc vivement conseillé de se tourner vers un tatoueur expérimenté dans le domaine.