Sport et Covid-19 : la situation d’un Belge au Portugal
Christophe De Keyser est l’un des meilleurs triathlètes belges et devait, en cette année 2020, se battre pour arracher une place pour les Jeux olympiques de Tokyo. Lui qui réside au Portugal pour ses conditions optimales en matière d’entraînement, s’est retrouvé coincé sur place avant de finalement pouvoir rentrer en Belgique il y a quelques jours. Il nous raconte son expérience.
Christophe De Keyser, première question, comment allez-vous ?
Ça va, le moral est bien présent. J’ai pu faire deux courses en trois semaines, cela fait du bien ! La dernière, c’était en équipe donc cela permet de casser la routine des entrainements et l’on peut vibrer en équipe, j’en avais besoin.
Vous venez à peine de rentrer du Portugal, un soulagement ?
Cela commençait à être long d’être au Portugal, cela faisait 7 mois que j’y étais. Là où je réside, je n’ai pas eu trop de problèmes avec la Covid-19. Le gros avantage par rapport à la Belgique, c’est que nous avons pu continuer à nous entraîner à la natation. Au début, c’était dans un petit lac que nous fréquentions 4 à 5 fois par semaine avec mon groupe d’entraînement donc nous avons pu garder ce contact avec l’eau. Début mai, nous avons pu retourner dans les piscines qui n’étaient pas ouvertes au public mais juste aux athlètes. Nous avons donc recommencer à nager beaucoup plus tôt qu’en Belgique. C’est en partie pour cela que je voulais rester au Portugal le plus longtemps possible. Pour le vélo et la course à pied, il n y’ a pas eu de confinement total donc nous n’avons pas été gêné.
Quels sont les échos que vous avez eu depuis la Belgique par rapport aux regards sur la situation du Portugal ces dernières semaines ?
En Belgique, il y a eu pas mal d’inquiétudes pour Lisbonne. Nous, nous sommes à 70 kilomètres du centre de la capitale et tout s’est bien passé. Dans le village, il y a eu un cas. En Belgique, nous aurions peut-être dû rendre plus tôt le port du masque obligatoire. Au Portugal, nous avons dû le porter directement dès le mois de mai dans les magasins et lieux publics. Pour le reste, rien ne change, cela devient un peu normal de le porter.
En Belgique, vous êtes membre du Tri GT. Mais vous vous êtes aussi trouvé une équipe au Portugal c’est bien cela ?
Oui, j’étais en contact avec une équipe, Clube Olímpico de Oeiras, qui a fait un stage dans ma région. Des athlètes que je côtoyais faisaient partie du club et pour moi, c’était une bonne occasion de pouvoir courir. Je voulais juste courir ! Il y a d’abord eu une manche de coupe de Portugal que j’ai pu gagner devant mon ami et équipier en Belgique, Erwin Vanderplancke. Ensuite, il y a quelques jours, il y a eu les championnats du Portugal de relais mixte que j’ai gagnés avec mon nouveau club. La course a été très serrée et cela fait du bien de retrouver cette excitation.
Quelles sont les règles mises en place autour de ces événements ?
Le port du masque est obligatoire sur tout le site, à chaque instant et pour tout le monde sauf pour nous durant la course. Si nous ne respectons pas les règles, les gens de l’organisation ainsi que les policiers nous le font savoir directement. Il y a des départs différés sur les courses ou alors avec des distances à respecter sur la ligne de départ mais bizarrement, pour le relais, nous pouvions nous taper dans les mains. Les podiums sont aussi aménagés différemment. Et à l’entrée du site, on nous prend notre température et nous devons compléter un questionnaire par rapport à nos fréquentations…
Sur le plan international, peut-on parler de saison blanche ?
Je pense bien ! Je devais participer aux championnats d’Europe à Tartu en Estonie fin août mais ils viennent d’être annulés. Par exemple, l’Estonie a placé la Belgique en zone rouge, nous aurions donc dû observer une quarantaine de 14 jours en arrivant là-bas. C’était impossible.
La Belgique que vous auriez dû retrouver début juillet mais tout s’est arrêté à l’aéroport de Lisbonne…
Nous devions revenir en juillet pour une compétition mais à l’aéroport, au moment d’embarquer, je reçois un coup de fil de mon papa. Il m’annonce que Lisbonne est placé en zone rouge et qu’une fois en Belgique, j’aurais dû observer une quarantaine. J’ai vérifier auprès du coach national qui m’a confirmé les faits. La compétition avait lieu deux jours plus tard donc nous sommes restés au Portugal avec mon équipier Erwin Vanderplancke. C’est dommage pour notre club le Tri GT mais c’est ainsi.
Mentalement, comment vous avez vécu cette période ?
J’ai eu du mal au début de la crise sanitaire car à ce moment-là, nous n’avions aucune idée de ce qui allait se passer. Moi je suis assez optimiste mais je ne pensais pas que cela allait être si grave. Je ne voulais pas trop y croire mais j’ai commencé à réaliser et c’est devenu, entre mars et mai, la période la plus difficile pour moi. Au Portugal, seul, je ne voyais pas beaucoup de gens sauf le groupe avec qui je m‘entraînais. De plus, on ne savait rien pour les courses… Ne pas savoir où l’on va, pour un athlète mais aussi pour une personne lambda, c’est difficile. D’habitude, nous allons de course en course mais là… Cela devait être en plus année décisive pour moi avec une possible participation au JO.
Comment appréhendez-vous la suite des événements ?
Je pense changer mes distances de courses. J’ai fait le tour du triathlon sur de courtes distances puis pour l’instant, je suis un peu soutenu par l’Adeps et ce n’est pas avec les primes du triathlon que l’on peut vivre. Cette année, je voulais jouer le tout pour le tout puisqu’à 27 ans, c’est un tournant dans une carrière. Je vais analyser ma situation car, si je dois encore passer un hiver sans statut d’athlète de haut niveau, cela va devenir difficile. Mes parents me soutiennent toujours mais cela ne peut plus durer. Je vais peut-être essayé de travailler à mi-temps mais c’est dommage car je sens que le corps répond bien et je suis au top donc ce serait dommage pour moi d’arrêter mais à un moment, il faut prendre les bonnes décisions.