Sarah Viola, la pionnière du football américain belge
La Bruxelloise s’envolera durant l’année 2021 pour les États-Unis où elle a signé un contrat de cinq ans en tant que professionnelle à Las Vegas.
Piquée par le virus du football américain dès son plus jeune âge, la Bruxelloise Sarah Viola a relevé, un à un, tous les défis qui s’ouvraient à elle. Sans broncher, sans perdre de temps, elle a écarté les embûches placées sur son chemin pour parvenir à toucher, du bout des doigts, son plus grand rêve : devenir professionnelle aux États-Unis.
Un rêve qui deviendra réalité dans les futurs mois, la jeune Belge rejoignant Las Vegas et une toute nouvelle compétition lancée spécialement pour les femmes. Plus pour le show, comme c’était le cas précédemment, mais bien pour le sport. « C’est ce qui m’a poussée à relever ce beau challenge, celui pour lequel je m’entraîne depuis tant d’années. »
C’est que sa carrière, elle l’a lancée il y a une bonne dizaine d’années, du côté d’Evere et des Brussels Tigers, l’un des plus grands clubs de Belgique. Au milieu de garçons, Sarah Viola a combattu les préjugés pour démontrer, par son abnégation, qu’elle avait tout entre les mains pour faire son trou. « Je pense que ces années aux Tigers ont permis de me forger un caractère encore plus fort, plus consistant. S’entraîner avec des garçons, ce n’était pas tous les jours facile, mais cela m’a énormément apporté, tant d’un point de vue mental que technique, physique ou tactique. »
Ses expériences à l’étranger à Boston (USA), aux Molosses (France) et aux Vampires d’Aaren (Allemagne) n’auront, finalement, été que des étapes supplémentaires la menant au Graal et la compétition américaine. Et pour cause : faire son trou, à l’autre bout du globe, n’aurait jamais été possible si elle n’avait pas quitté le microcosme du football américain belge. « J’ai pris le temps d’évoluer, de progresser, sans tirer de plans sur la comète », jugeait la Bruxelloise. « Quand je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, je me dis que je n’ai rien à changer de mon parcours. Toutes mes décisions, tous mes choix, tous mes clubs m’ont fait avancer. Si je suis devenue la joueuse que je suis en 2020, c’est parce que chaque décision que j’ai prise a été pesée. »
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- Sarah Viola est née avec un ballon de foot américain dans les mains.
- © Laurent Lefebvre
Et notamment, ce soir de l’été 2020 où elle a décidé de faire le grand pas et de tenter sa chance auprès des recruteurs US. « L’annonce du recrutement avait été faite via une vidéo sur « Instagram ». Je n’y ai pas prêté attention car je n’y croyais pas. Mais après quelques jours, certaines anciennes équipières des Molosses avaient été sélectionnées pour rejoindre une nouvelle ligue. J’ai alors décidé d’envoyer des capsules de mes meilleurs moments. Les coachs de Vegas ont apprécié mon style. Nous avons débattu lors d’un appel vidéo et j’ai été convaincue par leur projet. »
Si le contrat n’a pas encore été signé –il le sera en février prochain si la crise du Covid-19 le permet-, Sarah Viola passera en tout cas dans un nouveau monde : celui du professionnalisme. « J’ai signé une lettre d’intention me liant au club pour cinq ans », soufflait celle qui deviendra, alors, la première joueuse belge professionnelle de football américain. « Mais j’ai hâte de pouvoir signer officiellement mon contrat. Je prends conscience de la chance que j’ai. Le club interviendra pour le visa, le billet d’avion. C’est une nouvelle vie que je vais commencer. »
Avec, forcément, des obligations inhérentes à ce nouveau statut. « La compétition devrait débuter au mois de mai prochain. Cela nous laissera deux bons mois de préparation pour assimiler les tactiques des coachs et créer des automatismes sur le terrain. On nous a aussi fait comprendre qu’on recevrait un programme de pré-saison afin d’arriver aux États-Unis dans une bonne forme physique. »
Il ne fait aucun doute que Sarah Viola sera, comme ce fut toujours le cas, l’une des leaders de son groupe. Quarterback ou receveuse, la Belge est, de surcroît, capable d’évoluer à deux postes, rendant son profil encore plus intéressant. « Mais en parallèle, les coachs n’ont pas encore une idée précise du rôle qu’ils veulent m’attribuer. C’est une force, mais j’espère que cela ne se retournera pas contre moi. J’aspire en tout cas à performer et me mettre en évidence. Et si j’en ai l’occasion, montrer à mes coachs de Boston qu’ils avaient eu raison de me faire confiance en affichant les progrès que j’ai réalisés depuis mon passage chez eux. Si j’arrive à être titulaire tout au long de la saison avec Vegas, mon premier défi sera relevé. »
Cette motivation, c’est sans aucun doute ce qui permettra à Sarah Viola de s’ouvrir de nouvelles portes. « Elle a toujours eu cette détermination au fond d’elle-même », confirmait Pascal Decoo, le président des Brussels Tigers. « Elle n’a jamais eu peur de se lancer dans une nouvelle aventure. Et surtout, elle n’oublie jamais les différentes étapes qu’elle a franchies. »