RTL Belgium à vendre : plusieurs scénarios sont envisagés
Alors que TF1 et M6 viennent d’annoncer leur fusion, beaucoup d’incertitudes gravitent toujours chez nous autour du rachat de RTL Belgium. Plusieurs experts-médias dévoilent le scénario qu’ils estiment le plus probable, tant pour les employés que pour les téléspectateurs.
En mars dernier, le journal L’Echo affirmait que RTL Group, basé en Allemagne, envisageait sérieusement de cesser ses opérations en Belgique. En conséquence, les 3 chaînes de télévision (RTL-TVI, Club RTL, Plug RTL), les 3 stations de radio (Bel RTL, Radio Contact, Mint), la plate-forme vidéo RTL Play et la régie publicitaire IP seraient à vendre. Une onde de choc pour les 500 employés qui y travaillent ! « Ce dossier qui fait la synthèse des différentes informations circulant à propos du groupe RTL et de ses intentions, n’est à ce stade que spéculations, avait immédiatement réagi le CEO de RTL Belgium Philippe Delusinne. Une consolidation de l’industrie audiovisuelle européenne a du sens et nous passons en revue plusieurs options avec l’objectif de créer de la valeur pour nos actionnaires. Actuellement, il n’y a aucune certitude que cela conduise à une quelconque transaction ».
En interne, certains cadres n’ont pas été surpris par cette nouvelle : « Cette vente n’est pas vraiment étonnante, confie l’un d’eux. Plusieurs signaux nous avaient mis la puce à l’oreille. En 2017, le plan de restructuration Evolve a prouvé qu’il était possible de produire plus avec moins de personnes (88 postes avaient été supprimés). Fin 2020, RTL Group a racheté les parts de sa filiale belge détenue à 34% par plusieurs partenaires extérieurs. Clairement, tout se mettait en place pour qu’une annonce de cet ordre nous soit faite avant l’été ».
Des candidats sérieux
Deux mois plus tard, quelques noms sont sortis du bois. Parmi les repreneurs potentiels qui pourraient débourser jusqu’à 250 millions d’euros, Telenet et le groupe flamand DPG (propriétaire de VTM, Het Laatste Nieuws, le site 7 sur 7) sont cités. De grands groupes de presse écrite comme IPM (La DH, La Libre Belgique, L’Avenir, Moustique, Paris Match) et Rossel (Le Soir, Sudpresse, Ciné Télé Revue) seraient également intéressés, peut-être en s’alliant avec DPG Medias ou Proximus. Sans oublier TF1, Mediawan (AB), Besix, le québécois Quebecor, le grec Antenna ou encore l’américain Discovery qui, selon L’Echo, seraient intéressés.
« En Belgique, on a tendance à avoir peur quand on parle de rachat, explique Bruno Wattenbergh, professeur de Stratégie et d’Entrepreneuriat (notamment à la Solvay Business School) et animateur des « Acteurs de l’éco » sur LN24. Il ne faut pas ! RTL Belgium a prouvé son savoir-faire avec une équipe existante réduite suite au plan Evolve. Par ailleurs, il y a fort à parier que le repreneur ne se focalisera pas uniquement sur des activités en télé ». Si les audiences sont bonnes (11,9% de plus que la Une en 2020), le chiffre d’affaires est passé de 185 millions en 2019 à 159 millions en 2020.
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Le nom de RTL va-t-il changer ?
Dès lors, à quoi peuvent s’attendre les 2 millions de téléspectateurs quotidiens de RTL Belgium une fois le rachat acté ? Commençons par le début : le nom des médias.
« RTL est une marque qui appartient à RTL Group, souligne le sociologue et expert des médias Frédéric Antoine. Cela paraîtrait étrange que le repreneur conserve les noms de RTL-TVI, Bel RTL ou Club RTL ». « Durant les transactions, il peut y avoir un accord sur un nom, un label , une licence, tempère Jean-François Raskin, administrateur délégué de l’IHECS Academy. Tout se passe durant la négociation. Le racheteur voudra capitaliser sur la « marque » RTL et, à cet effet, ne modifiera pas le nom des médias bien connus du grand public et des annonceurs ». Par contre – et c’est beaucoup moins réjouissant- il pourrait revoir leur nombre à la baisse. « Si le nouveau groupe décide de réduire les coûts, il faudra alors éliminer un ou plusieurs médias, déplore Frédéric Antoine. Car on ne peut pas tout faire avec un personnel déjà diminué suite au plan Evolve ». « En Belgique, la concurrence entre les chaînes de télé est très forte dans un marché très limité, poursuit Bruno Wattenbergh.
Côté grille, des changements dans la continuité – mais des changements tout de même ! - sont à prévoir. « Si la vente de RTL Belgium s’était bouclée avec celle de M6, cela aurait posé moins de problème car la grille belge n’aurait pas trop changé », concède Frédéric Antoine. Difficile en effet, à l’heure actuelle, de savoir si les grandes émissions de M6 diffusées historiquement chez nous sur RTL (« Top Chef », « Pékin Express » « Le meilleur pâtissier », « Les reines du shopping »,...) et qui remplissent dans la grille de cette dernière des kilomètres d’antenne sont assurées de revenir.
« La nouvelle direction devra capitaliser sur ce qui fonctionne en ce moment : les productions belges mais aussi les grandes émissions de M6 qu’il faudra renégocier, conclut Bruno Wattenbergh. Selon moi, l’enjeu sera de conserver une pluralité de l’information. Le repreneur ne devra pas tailler dans le budget consenti à l’actualité qui est, pour une chaîne de télé, le poste le plus onéreux ».