Prévenir les coups de soleil pour en finir avec le cancer de la peau
Le nombre des cas de cancer de la peau connait une importante augmentation ces dernières années. Plusieurs facteurs l’expliquent, mais la crise sanitaire y est aussi pour quelque chose. Une solution pour que ce cancer batte en retraite : la prévention.
Les tenues légères, les lunettes de soleil ainsi que le sourire des cafetiers et restaurateurs en témoignent : les températures estivales sont de retour. Si le soleil booste le moral des Belges, il ne fait cependant pas les affaires de notre peau. À cette période de l’année, il est même particulièrement dangereux. « Il peut faire des ravages sur notre peau en été, mais encore plus lors des premiers soleils. Car chez nous, ces premiers rayons arrivent le plus souvent sur des peaux blanches, qui ne sont pas encore habituées au soleil. Il faut alors redoubler de vigilance, en particulier chez les plus petits. Car les coups de soleil de l’enfance font les cancers de l’adulte », met en garde le professeur Dominique Tennstedt, dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Ce sont précisément les ultraviolets B qui sont responsables de ces coups de soleil. Ces UV s’arrêtent dans l’épiderme où se forment les cancers de la peau les plus fréquents, appelés basocellulaire et spinocellulaire. Le nombre de cas de cancer cutané affiche une impressionnante augmentation ces dernières années, ce qui inquiète la Fondation contre le cancer. En 2018, on en dénombrait 43 745 en Belgique, contre 11 000 en 2004. « Certes le vieillissement de la population joue un rôle, mais on paye surtout les pots cassés des comportements des personnes nées dans les années 60-80 qui étaient à l’époque peut-être moins conscientes de la nocivité du soleil. Et puis surtout, nous sommes rattrapés par les dégâts de la mode des bancs solaires, qui fort heureusement a largement diminué aujourd’hui », explique le Pr Tennstedt.
Des consultations plus rapides
Des changements opérés dans nos modes de vie expliqueraient également, en partie, ce boom des diagnostics de carcinome. « Autrefois, le Belge partait en vacances pendant une plus longue période, durant laquelle sa peau avait le temps de s’habituer au soleil. Aujourd’hui, il part plusieurs fois en city trip, sur des périodes plus courtes. Sa peau se fait assaillir par le soleil à plusieurs reprises, sans pouvoir s’y habituer », détaille le Pr Tennstedt. Le campagnes de sensibilisation semblent cependant porter leur fruit, puisque les Belges consultent aujourd’hui plus vite leur dermatologue ou leur médecin généraliste. « De ce fait, le nombre de cas détectés augmente, mais c’est positif puisque cela nous permet de prendre en charge la maladie plus précocement. Malheureusement, la crise du Covid-19 a quelque peu renversé cette tendance puisqu’on a demandé à la population, au pic de l’épidémie, de ne plus se rendre chez son généraliste ou son dermatologue. Résultat : on se retrouve aujourd’hui en consultation avec des patients qui ont trop attendu. Leur cancer est déjà plus avancé, et ne peut parfois plus être enlevé. Il nécessite alors un traitement par radiothérapie, chimiothérapie ou immunothérapie », confie Dominique Tennstedt.
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- © Alex Raths
50% des cancers détectés sont des cancers de la peau
Plus que jamais, il faut donc rappeler l’importance du dépistage. D’abord personnel ou intrafamilial, soyez attentifs à ce qui change sur votre peau : un grain de beauté qui évolue ou qui apparait, des taches noires ou des plaies qui ne guérissent pas doivent vous amener à consulter. « De manière systématique, je conseille un dépistage tous les 6 mois à 1 an, pour les peaux blanches, en particulier en cas d’exposition fréquente, et tous les deux à trois ans pour les peaux plus mates qui sont moins à risque. Inutile cependant de l’instaurer avant l’adolescence », précise le dermatologue. La prévention passe aussi par notre protection contre ce faux-ami qu’est le soleil. Inutile de rappeler que la meilleure des protections reste le vêtement. Optez également pour une crème solaire à indice élevé. « L’idéal est de s’en tartiner au moins quatre fois par jour, mais peu de gens le font. Il vaut mieux donc privilégiez un indice plus fort pour compenser », martèle le Pr Tennstedt. Rappelons que 50% des cancers détectés sont des cancers de la peau, un chiffre qui donne à réfléchir.
Filtres chimiques ou minéraux ?
Il existe deux types de protection solaire : les filtres chimiques, qui absorbent les rayons du soleil, et les écrans minéraux, qui les réfléchissent. À indice égal, leur efficacité est similaire, à condition que ces crèmes soient appliquées correctement. « Un écran solaire minéral agit dès l’application, un peu comme le ferait un vêtement. Un filtre, en revanche, ne s’applique pas sur la plage mais dans sa salle de bain. Il est nécessaire de le masser pendant 15 à 20 minutes avant de s’exposer », détaille le Pr Tennstedt. Les écrans présentent le gros inconvénient d’être plus épais et de laisser une teinte blanchâtre sur la peau. Plus agréable, les filtres sont quant à eux moins stables et peuvent provoquer des allergies. « Préférez les crèmes et les lotions aux sprays », insiste également le dermatologue, « Ils ont beau être pratiques, il y a toujours un risque que les particules qu’ils contiennent soient inhalées et se retrouvent dans les poumons ». Notez enfin que les filtres solaires, qu’ils soient chimiques ou minéraux, peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement. « Ces filtres empêchent les rayons du soleil de passer. Une fois dissous dans l’eau, ils empêchent donc aussi les rayons d’atteindre les coraux et autres organismes de la vie sous-marine, pour qui ils sont bénéfiques », explique Dominique Tennstedt.