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Préparation à blanc pour le rugby

24 septembre 2020
par  Julien Denoel
( Presse écrite , Le virus du sport )

Avec le rebond de la pandémie de coronavirus, diverses mesures ont été prises par la fédération de rugby. Des mesures qui perturbent fortement la préparation alors que le championnat doit théoriquement reprendre début octobre.

Pour les joueurs de rugby, le temps doit commencer à être long. Depuis le mois de mars, ils n’ont plus joué une seule rencontre. Les entrainements ont bien repris, mais rien ne vaut évidemment la sensation et l’adrénaline d’un match, aussi amical soit-il.

Il faudra cependant encore patienter un peu car tous les matchs amicaux qui devaient parsemer la préparation des clubs ont été annulés. Encore et toujours à cause à de fichu covid-19. Quant au championnat, le début de saison a été reporté du mois de septembre à début octobre mais tout reste encore flou. Le calendrier officiel n’a pas encore été publié, ce qui laisse craindre à certains un autre report.

Pour les clubs, cela la rend préparation de la saison plus compliquée puisque les staffs ne peuvent pas tester en conditions réelles leurs joueurs, leurs principes de jeu et donner du rythme à leur effectif. On le dit toujours, c’est sur le terrain que les idées s’assimilent le mieux, peu importe le sport.

« On ne sait pas vraiment jauger l’intensité, c’est vrai », reconnait Nicolas Chêne, l’entraineur principal du RFC Liège Rugby, récent promu en D1. « On en avait de prévus, ils ont été annulés. Mais on les a reprogrammés plus tard dans la préparation, à la fin de notre stage : le 19 septembre à Leuven, et plus tard un deuxième contre une équipe bruxelloise. »

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A Naimette-Xhovemont (Liège), les terrains attendent un match depuis mi-mars.
© Julien Denoël

Au Rugby Club La Hulpe, on tempère : les matchs amicaux ne sont plus une priorité pour le club brabançon. « Depuis 4 ou 5 saisons, on a changé notre manière de faire car, bien souvent, les équipes se désistaient juste avant ou venaient avec une demi-équipe. Les dernières saisons, on a fonctionné autrement, notamment en participant à un tournoi aux Pays-Bas. Donc l’interdiction d’organiser des amicaux à cause de la situation sanitaire, cela ne change pas grand-chose pour nous », explique Alex Palacci, l’entraineur. « Ce n’est pas là-dessus que notre préparation est la plus compliquée. »

Surtout que le club n’a pas connu de gros mouvements durant le mercato. Une stabilité qui est évidemment une force et un avantage puisque les joueurs se connaissent et n’ont pas besoin des amicaux pour s’intégrer les uns aux autres. « Les habitudes et le système de jeu sont restés ancrés. On est déjà rassuré sur la manière dont le collectif est structuré », sourit Alex Palacci.

Adaptation

L’annulation des amicaux n’est évidemment pas la seule mesure à avoir été prise. Chaque semaine, un bilan est réalisé et les mesures adaptées. Mi-août, les rassemblements de 50 personnes sont à nouveau autorisé, contre 20 auparavant et les contacts sont autorisés, pour autant qu’ils ne soient pas prolongés. « Cet assouplissement est une bonne chose », affirme Nicolas Chêne. « Mais on comprend les mesures. On a conscience des impératifs sanitaires. Surtout qu’on n’est pas les plus mal lotis. En Allemagne, ils ont d’ores et déjà décidé d’annuler toute la saison », ajoute Alex Palacci.

Il a donc fallu s’adapter. « On a réorienter sur des entrainements techniques individuels, de la musculation pour notamment améliorer l’explosivité, très importante au rugby », glisse le coach des « Sang et Marine ». A Liège, qui plus est, les entrainements ont repris le 4 juin. « On a donc fait une longue préparation physique. »

La Hulpe, de son côté, a fait le choix de reprendre plus tard, mi-juillet. « On avait un peu anticipé en se disant qu’on ne reprendrait surement pas en septembre comme prévu », confie Alex Palacci dont l’équipe n’a par exemple repris les entrainements techniques que depuis la mi-août.

Pour lui, faire une croix sur ces 4 semaines de mi-juin à mi-juillet est loin d’être une mauvaise chose. Cela permet de garder les joueurs concentrés et évite de tomber dans une forme de lassitude. « Psychologiquement, une longue préparation, cela peut être compliqué », avance-t-il. « Cela faisait 4 mois et demi qu’on n’avait plus joué quand on a repris. Si on rajoute les deux mois de préparation, cela fait long. Il y a un risque d’avoir un trop plein d’entrainement sans jouer. »

« C’est évidemment très particulier comme préparation… Mais c’est le même cas pour tout le monde », assène Fred Fontesse, le vice-président du Rugby Club Visé.

Des avantages ?

Reculer le début de la saison et donc allonger la période de préparation, même sans amicaux, n’amène pas que des difficultés. Les entraineurs y voient même certains points intéressants comme la possibilité de travailler plus longuement l’aspect physique, ô combien important dans un sport comme le rugby.
« Cela laisse évidemment le temps de bien se préparer », place Nicolas Chêne. « Si une partie du groupe n’a pas encore le niveau physique, il a le temps pour refaire son retard. Pour ça, je ne suis pas mécontent. On peut combler certaines lacunes sans stress. »

Et Alex Palacci de conclure en souriant : « Tout le monde risque d’avoir un peu mal aux épaules quand on reprendra le championnat. On a un peu oublié ce que c’étaient les douleurs les lendemains de match. »

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