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Notre-Dame de Scourmont toujours accueillante et de plus en plus solidaire

19 juillet 2020
par  Hugo Leblud
( Presse écrite , Demain, après le virus... )

« Pour nous les moines, le confinement, c’est notre mode de vie habituel, celui que nous avons choisi en devenant, comme ici à Scourmont, membre de l’ordre cistercien de la stricte observance (OCSO) » sourit Dom Armand Veilleux, père abbé de cette abbaye de la Botte du Hainaut jusqu’à fin 2017.

La petite communauté de Notre-Dame de Scourmont, forte d’une quinzaine de membres, est un lieu de spiritualité réputé et habituellement assez fréquenté dès le printemps par des publics les plus divers.

Mi-mars dernier, les portes de l’abbaye hennuyère, quasi toujours ouvertes pour accueillir les hôtes résidents ou de passage comme le demande la Règle de Saint Benoit, se sont refermées.

« Il va de soi que notre communauté se devait de respecter, à la lettre, les consignes édictées par l’autorité civile sur le plan sanitaire » insiste l’ancien père abbé de Scourmont.

A noter qu’au niveau de l’ordre (OCSO), aucune directive générale concernant l’attitude à avoir face à la pandémie n’est venue.
« Chez nous en effet, il n’y a pas de hiérarchie en tant que telle et c’est le père abbé, souverain, qui décide de l’organisation et du fonctionnement interne de la communauté » justifie Dom Armand.

Services à l’arrêt

L’église, l’hôtellerie, le magasin, la cuisine, les activités de menuiserie, de jardinage et d’autres services annexes nécessaires à l’organisation de la vie cénobitique ont ainsi été mis à l’arrêt et le personnel laïc attaché à ces différentes tâches placé en chômage temporaire.

En ce qui concerne la vie liturgique de la communauté, le service au chœur a pu se poursuivre moyennant quelques précautions, comme le respect d’une certaine distanciation sociale avec, par exemple, un vide conservé entre chaque stalle.

Hôtellerie partiellement reconditionnée

L’accueil de retraitants en solitaire, en couple mais également pour des groupes plus importants fait, surtout dans ce dernier cas de figure, la réputation depuis de longues années de Scourmont.

« La pandémie nous a obligé à annuler provisoirement toutes les retraites de groupe, notamment de mouvements religieux qui, vu nos capacités d’accueil assez conséquentes, avaient réservés des chambres à l’hôtellerie depuis parfois plus d’un an » note Armand Veilleux.

Par ailleurs, l’abbaye avait initié, début de cette année, de lourds travaux de rénovation au sein d’une des deux ailes de l’hôtellerie.

« Cette rénovation était nécessaire et urgente pour mettre le bâtiment aux normes de sécurité (incendie,…..). Divers autres aménagements (WC et douche privatives) nous ont paru nécessaires pour que les retraitants puissent profiter au maximum de leur séjour en notre hôtellerie, en leur épargnant des incommodités que l’âge ne fait souvent qu’accentuer » explique le Fr Gérard, en charge de l’hôtellerie.

Un chantier, on l’aura compris, qui s’est arrêté également à la mi-mars pour reprendre progressivement courant de ce mois de juin.

L’autre aile, avec la levée progressive du confinement, accueille à nouveau des retraitants depuis début juillet.

Uniquement des personnes individuelles ou des couples, les groupes devant attendre début octobre pour séjourner à nouveau à Scourmont.

Quarante-cinq chambres

« La demande depuis la réouverture est soutenue avec des retraitants habitués à fréquenter notre hôtellerie mais aussi grâce à un nouveau public » poursuit Fr. Gérard.

A noter que le stricte respect des normes sanitaires, notamment pour l’organisation des repas, a quelque peu restreint la capacité d’accueil, liée au nombre de places disponibles dans le réfectoire pour permettre la distanciation sociale.

L’an dernier, l’abbaye chimacienne a accueilli dans ses murs une moyenne de 19 hôtes par jour !

Une fois l’ensemble des travaux de rénovation achevés « au plus tard pour la fin de cette année », Scourmont disposera d’une capacité hôtelière totale de 45 chambres.

Solidarité accrue

Sur un autre plan, la bière et, dans une moindre mesure, la production de fromage porte haut, bien au-delà de nos frontières, la réputation de l’abbaye de Chimay.
Des activités industrielles qui ont, rappelons-le ici, été entièrement cédées il y a plusieurs décennies à la fondation d’utilité publique Chimay -Wartoise.

C’est aussi cette dernière qui, outre les opérations industrielles et d’autres plus commerciales comme l’exploitation de l’Auberge de Poteaupré, le magasin ou encore le centre d’interprétation-musée de la bière, vient en soutien au redéploiement socio-économique de la Botte du Hainaut et du Sud Namurois.

Des millions d’euros engagés pour soutenir des centaines d’emplois « dans des sous-régions de Wallonie très défavorisées » souligne Dom Armand.

La communauté de Scourmont dispose également d’une asbl « Solidarité Cistercienne », soutenue par les activités industrielles, qui permet, toujours dans une certaine discrétion, d’aider, souvent en partenariat, des projets caritatifs ou humanitaires en Belgique ou à l’étranger.

« Avec les contraintes de la pandémie et surtout ses conséquences sur le plan financier, nous nous attendons à des sollicitations plus intenses, par exemple au niveau d’institutions monastiques brutalement privées de toute source de revenus » anticipe l’ancien père abbé.

Comme à chaque fois, l’abbaye hennuyère, avec les différents outils dont elle dispose, mettra tout en œuvre pour apporter, dans cette période post Covid-19 qui verra se multiplier les demandes d’intervention, les réponses les plus appropriées.

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