Les salles de sport tentent de survivre
Dans la région de Charleroi comme partout, la crise actuelle fait beaucoup de mal au secteur
Sans surprise, après avoir sondé plusieurs salles de musculation dans la région de Charleroi, le constat est implacable : celles-ci se battent depuis près de cinq mois pour survivre. La période estivale n’étant pas propice à un afflux de nouveaux membres, certains trouvent d’autres solutions pour attirer de nouvelles clientèles mais n’attendent pas un retour à la normale avant de nombreux mois.
La période de confinement qui a débuté le 13 mars dernier a été difficile à vivre pour bon nombre de personnes et le secteur du fitness n’échappe certainement pas à la règle. Et pour ne rien arranger, tout cela s’est donc produit au moment le plus porteur pour les salles de musculation. Les mois de mars, avril et mai font en effet partie des plus prolifiques. « Comme on dit dans notre domaine, c’est le moment pour se sculpter le « summer body ». Les gens veulent être en forme et attirants pour leurs vacances d’été et mettent donc les bouchées doubles », nous dit-on.
Les salles de sport, que ce soit sous leur forme classique ou plus moderne comme dans le cadre de cours de crossfit, ont donc accusé un gros manque à gagner et ont dû se renouveler pour maintenir les navires à flots. « Ça a été très compliqué durant le confinement », commente Pierre Desideri, responsable communication du Dark Land Charleroi, l’un des plus grands clubs de crossfit du pays. « Heureusement, Fabrice (NDLR : Marinelli, responsable et coach au sein du club) a maintenu l’activité en proposant des cours à distance, en direct, via Skype notamment. »
Et Fabrice Marinelli d’ajouter : « Nous avons même pris l’initiative de prêter du matériel à nos adhérents pour qu’ils puissent s’entraîner dans de bonnes conditions chez eux. Nous sommes sans aucun doute l’un des seuls clubs en Belgique à l’avoir fait. »
Face à l’interdiction de retrouver les sportifs dans leurs salles de sport, les coaches sportifs ont d’ailleurs pratiquement tous procédé de la sorte, histoire de maintenir un contact avec leur clientèle. « En proposant des séances en ligne, même à ceux qui n’étaient pas abonnés, nous avons su maintenir le lien avec les habitués tout en permettant à pas mal de personnes de découvrir nos activités », commente de son côté Florinne Zagorski, responsable de la salle Jims Fitness de Montignies-sur-Sambre, qui a par ailleurs pu reprendre des activités plus « normales » le 8 juin dernier. « Dans le respect des restrictions en vigueur, évidemment. » Et celles-ci sont forcément nombreuses si l’on veut permettre aux intéressés de pratiquer leur sport en toute sécurité. « En ce qui nous concerne, nous prenons la température de chaque personne qui entre dans la salle et nous avons espacé les machines », ajoute Florinne Zagorski.
Et Pierre Desideri d’évoquer le cas du Dark Land : « Le port du masque est obligatoire de l’entrée jusqu’aux zones d’entraînement que nous avons individualisées. Si quelqu’un quitte sa zone, il doit remettre son masque, tout en sachant que nous mettons également à disposition tout le matériel de désinfection nécessaire pour que chaque zone puisse être nettoyée par la personne qui vient de s’y entraîner. »
Au Fun Gym Center : « 20 à 25% de la clientèle, c’est une catastrophe ! »
25 ans après son ouverture, la salle privée du Fun Gym Center (Charleroi) vit assurément ses heures les plus compliquées depuis le confinement. « On n’avait certainement pas besoin de ça alors que nous souffrons toujours de l’arrivée des chaînes à bas prix telles que sont Basic Fit ou Jims », commente Roberto Pecora, responsable de la salle. « Nous avons perdu énormément d’adeptes à ce moment-là et ça continue à l’heure actuelle. Aujourd’hui, j’ai un employé. Il y a dix ans, j’en avais six. »
« Le coup de massue »
Forcément, la crise liée à l’épidémie de Covid-19 n’arrange rien… « C’est le coup de massue. À ce rythme-là, je ne sais pas combien de temps on va pouvoir tenir. D’un point de vue de la fréquentation, c’est la catastrophe. On tourne à deux ou trois personnes par heure dans la salle de musculation. Au total, je dirais qu’on compte 20 à 25% de notre clientèle habituelle depuis le début du déconfinement. »
Il n’y a donc pas eu le sursaut tant attendu au moment de la réouverture des salles. Cela dit, au Fun Gym Center, l’activité peut être maintenue grâce aux cours collectifs qui, paradoxalement, fonctionnent bien mieux que les entraînements individuels. « Cet effet de groupe a plus de chances de ramener du monde aujourd’hui, à l’heure où l’on prône pourtant la distanciation sociale. Évidemment, celle-ci est respectée, tout comme les autres mesures énoncées par le gouvernement. Mais je ne suis pas étonné par le fait que cela fonctionne mieux que les entraînements individuels dans la salle. Ceux qui suivent les cours collectifs sont habitués aux contraintes. Ils savent qu’ils doivent se rendre tel jour à telle heure à leur cours. Tandis que les autres peuvent changer d’avis au dernier moment. »