Les petits clubs sportifs frappés de plein fouet par la crise
La crise que nous traversons a bouleversé le quotidien et l’avenir de bon nombre de personnes depuis le mois de mars dernier. Le monde du sport n’est évidemment pas épargné et est même frappé de plein fouet depuis de nombreux mois. Les petits clubs sportifs n’échappent certainement pas à la règle et se retrouvent même pour la plupart dans une situation financière frôlant le point de non-retour.
Les problèmes financiers des petits clubs sportifs « de village » ne datent pas d’hier. Face à une offre télévisuelle de plus en plus importante chaque année, ces derniers éprouvent généralement les pires difficultés à boucler leur budget en fin de saison et parviennent tant bien que mal à compenser via diverses activités extra-sportives leur permettant de renflouer les caisses.
Dès lors, on devine aujourd’hui aisément la santé financière dans laquelle se trouvent ces milliers de petits clubs qui comptaient comme chaque année sur leur souper de fin de saison ou leurs stages estivaux pour ne pas se retrouver avec le couteau sous la gorge…
Depuis le mois de mai dernier, tous ont dû mettre fin à leurs activités, et donc faire une croix sur les rentrées non-négligeables que pouvaient représenter les droits d’entrée liés à leur site ou encore les bénéfices réalisés par la buvette des installations. « Les aides financières apportées par le gouvernement nous ont permis de ne pas couler voici quelques mois. Sans elles, je ne sais pas comment on aurait pu s’en sortir. Mais cela ne va pas combler les énormes pertes bien longtemps », commente Sven Castellani, président du club de tennis du Kalypso, basé à Gosselies.
Pourtant, la fin du mois de juin a rimé avec un retour aux affaires salvateur pour bon nombre de disciplines comme le football, la course à pied en groupe, le vélo, le tennis, etc. D’ailleurs, les tennismen de toute la Wallonie étaient ravis d’apprendre le 26 juin dernier que leurs interclubs estivaux allaient finalement pouvoir avoir lieu.
« Les interclubs représentent nos plus grosses rentrées de l’année. On ne pouvait pas imaginer faire l’impasse, ça aurait été un gouffre financier beaucoup trop important », nous confiait Sven Castellani voici un bon mois, au moment où tout le monde pensait que ceux-ci auraient bel et bien lieu.
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- Au Kalypso Tennis Club comme ailleurs, les temps sont durs financièrement parlant.
- ©DR
Mais l’actualité des dernières semaines a forcé les représentants de l’Association Francophone de Tennis à prendre une décision radicale, au plus grand dam des amoureux de la petite balle jaune, et ainsi officiellement annuler les interclubs 2020.
Les autres disciplines sportives sont tout autant touchées par ce sursaut du Covid-19 et se doivent elles aussi d’effectuer un grand pas en arrière, à l’image du sport le plus populaire du monde qui a durant de nombreuses semaines pu voir jusqu’à un maximum de 400 spectateurs au bord des terrains et qui aujourd’hui doit déplorer de nombreuses affiches amicales disputées à huis clos. C’était d’ailleurs le cas le week-end dernier d’un derby auquel beaucoup de Carolos auraient aimé assister, celui de l’Olympic face au Sporting. Disputé sans le moindre spectateur, cet amical aura été dans la région de Charleroi l’un des premiers symboles du fait que les clubs sportifs ne sont pas prêts d’en avoir terminé avec ce virus et toutes ses conséquences. « En dehors des rentrées d’argent qui auraient pu compenser une partie des pertes enregistrées durant ces nombreux mois de galère, affronter le voisin zébré aurait dû nous permettre de vivre un moment de fête en compagnie de nos supporters à la Neuville. Mais il n’en a rien été », précise Akif Arikan, le vice-président de l’Olympic qui apprenait dans la foulée le report des cinq premiers tours de la Coupe de Belgique…
Jusqu’où les petits clubs pourront-ils supporter de telles pertes ? Seul l’avenir nous le dira mais il ne fait aucun doute que certains d’entre eux ne se relèveront jamais de la crise sanitaire sans précédent que nous traversons aujourd’hui.
« Lors de notre rassemblement du mois de mai dernier, la santé financière inquiétante de nos clubs a évidemment été évoquée », signale de son côté Oriano Cappellin, président du Comité Provincial de Hainaut (judo) mais aussi du Judo Club Aiseau-Presles. « Nous avons réfléchi à une ristourne financière afin de donner un coup de pouce aux clubs de la province de Hainaut. Que ce soit via les cotisations ou autre, ça n’a pas encore été défini, mais il est évident que les clubs traversent des moments difficiles et que toute aide qui leur sera apportée sera la bienvenue. D’autant qu’au vu des nombreuses annulations, le CPH Judo n’a pas dépensé outre mesure cette année. Il peut donc se permettre d’aider ses clubs. »
Il n’y a assurément qu’en se serrant les coudes et en apportant de l’aide aux clubs qui en ont le plus besoin que les différentes entités pourront limiter la casse et permettre à un maximum de clubs de poursuivre leurs activités dans les mois et années à venir.