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Les « Jardins d’Oster » : s’unir pour mieux s’en sortir

3 novembre 2020
par  Pauline Martial
( Presse écrite , Demain, après le virus... )

Ils s’appellent François-Xavier, Vanessa et Guillaume. Tous sont maraîchers et ont décidé de s’unir autour d’une même exploitation : les « Jardins d’Oster ». Objectif ? Dégager du temps pour leur famille respective et mieux s’en sortir.

La rue du Clisore à Oster, dans la commune de Manhay en province de Luxembourg, assiste à une naissance en ce dimanche de septembre. Le nouveau-né n’est autre qu’une exploitation maraîchère, répondant au nom des « Jardins d’Oster ». Un hectare de terrain autour duquel vont s’activer François-Xavier, Vanessa et Guillaume, trois maraîchers déjà confirmés. Tous possèdent déjà leur propre production dans la région : « le potager de la bergerie », « les jardins du râble » et « la ferme Méli-Mélo ». Ils choisissent cependant d’unir leurs forces et de mutualiser leur savoir-faire. « C’est une nécessité aujourd’hui », affirme François-Xavier, l’initiateur du projet, « Le métier de maraîcher est extrêmement chronophage et de plus en plus difficilement conciliable avec une vie de famille. J’ai mis mon activité sur pause lorsque j’ai pris conscience que c’était devenu trop de travail pour moi tout seul. J’ai alors sollicité Guillaume puis Vanessa pour qu’on s’unisse autour d’un même projet dans l’espoir qu’on puisse se dégager du temps avec nos familles respectives ».

A chacun son rôle

Il faut dire que les vacances des maraîchers se font rares et souvent, à fortiori, en dehors des périodes estivales. « Avec cette association, on espère pouvoir prendre chacun une semaine en été avec nos proches. Pas de stress non plus s’il l’un de nous tombe malade, les autres seront là pour assurer. Et puis, cette union allègera aussi un peu nos journées », espère Vanessa. Car être maraîcher, c’est un horaire lourd allant bien souvent 7h30 à 19h30, parfois plus. Il y a la récolte bien sûr, mais aussi les ventes et tout l’administratif. « On ne passe finalement que très peu de temps à jardiner », confie la maraîchère. Tous entendent pourtant bien mettre les mains en terre, avec chacun leur spécificité. Guillaume se chargera de la gestion des stocks et du plan de culture par exemple. L’irrigation et le soin aux plantes relèveront du domaine de Vanessa, tandis que François-Xavier endossera l’administratif.

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Mais pour l’heure, le travail est au façonnage de la parcelle. Pour se faire, pas de motoculteur ou autre engin à moteur : chaque mètre cube de terre est retourné par traction animale. Une volonté bien assumée par le trio. « C’est une solution que nous avons choisie à la fois pour sa vitesse d’exécution et pour son aspect écologique. Notre volonté est que nos jardins s’inscrivent dans une démarche la plus durable possible. Mais nous devons quand même parvenir à vivre de notre exploitation donc tout faire à la main c’est impossible. Le cheval est un bon compromis, il nous aide dans la préparation du terrain aujourd’hui, mais il nous sera aussi utile plus tard pour le désherbage », explique François-Xavier.

Le cheval comme outil de travail

Au rythme des sabots, les charrues s’enfoncent dans la terre et tracent les différentes parcelles. Toutes mesurent 50 mètres de long sur 30 mètres de large. Des dimensions choisies pour permettre aux animaux de pouvoir plus facilement effectuer des allers-retours. « Ce n’est pas donné à tout le monde de mener un cheval de trait », assure cependant le meneur Jean-Paul Moureau, « Certains les conduisent avec des guides. Moi je les guide au cordon et à la voix. " ARR", ils doivent aller à gauche, "Yeuh" à droite. Ils sont habitués à travailler. Sur une journée de huit heures, un attelage de deux chevaux peut retourner en moyenne une surface de 40 ares ». Trois attelages de deux bêtes venus de l’extérieur sont à pied d’œuvre aujourd’hui pour labourer la terre mais aussi ramasser les pommes de terres déjà plantées. Au printemps, c’est Billie le futur cheval de trait des « Jardins d’Oster » qui assurera l’entièreté du travail.

D’ici là, 850 mètres carrés de serres viendront aussi prendre place sur le terrain afin d’accueillir les cultures d’hiver puis les cultures estivales comme les tomates, les poivrons ou les aubergines. « Pour arroser tout cela, on va essayer au maximum d’avoir recours à l’eau de pluie qu’on récolte dans des réservoirs de 1000 litres. Nous nous pencherons plus amplement sur la question de l’irrigation du sol d’ici un an. Après analyse, nous verrons si nous optons pour un pompage ou une réserve sous la forme d’étang », développe Vanessa. La commercialisation de la première récolte des jardins est, elle, prévue pour le printemps prochain.

La vente directe privilégiée

Des arbres fruitiers et des haies seront également plantées en bordure des « Jardins d’Oster ». Une prairie dédiée au cheval et aux moutons viendra aussi compléter le tableau. Ainsi qu’un hangar au sein duquel la soixantaine de variétés de légumes bio sera, à terme, commercialisée. « D’ici là, on continuera à vendre nos produits sur les différents marchés de la région, mais on met un point d’honneur à la vente directe dans notre projet. D’autant que cela répond à une demande grandissante des consommateurs désireux de revenir au bio et au local », estime François-Xavier.

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