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Le virus du kitesurf

16 juin 2020
par  Thibault Balthazar
( Presse écrite , Le virus du sport )

La kitesurf deviendra une discipline olympique en 2024. Ce sport nautique se développe depuis près de 20 ans dans notre pays. Focus sur une passion prenante, non dénuée de dangers.

Le soleil darde ses rayons de juin sur la grande plage de Coxyde. Son flot de promeneurs profitent de cette journée pour arpenter la digue. D’autres préfèrent le sable. Quelques courageux se risquent à la fraîcheur de l’eau.

C’est dans ces conditions printanières que Xavier prépare son matériel de kite, devenu son sport de prédilection. Six ans plus tôt, ce sportif accompli mettait de côté sa planche à voile au profit du kitesurf, « plus fun et moins difficile ». Cet après-midi, il luttera une nouvelle fois contre vents et marées pour avoir une chance de toucher le ciel. « En hauteur, l’eau ne freine plus la planche. Nous volons littéralement dans les airs, ce qui nous procure des sensations fabuleuses. »
Malheureusement pour le Bruxellois, l’intensité du vent est très faible ce dimanche : 10 à 12 nœuds. « Le vent est un outil indispensable à la pratique du kite. Mais contrairement à la planche à voile, il existe un moyen pour surfer lorsque l’intensité du vent est plus faible, explique le quinquagénaire en pointant son index vers un aileron, haut de presque un mètre. Il s’agit d’un foil, un accessoire qui permet au kitesurfeur de s’élever au-dessus de la surface de l’eau. »

Atteindre ses limites mais éviter les dangers

Les vagues, le freestyle, le kitefoil sont autant de spécialités différentes. Elles permettent au kitesurfer de varier les plaisirs de glisse entre vitesse, figures et sauts. « L’avantage du kite, c’est qu’il s’apprend très vite, estime Paul Deffremme, créateur de la kitesurfschool de Nieuport, qui assure une présence sur l’ensemble de l’ouest de la côte belge. Il ne demande pas non plus une force physique surhumaine puisque la puissance est amenée par le vent qui gonfle le cerf-volant. On peut donc dire que c’est un sport axé sur la technique, accessible à tous : petits, grands, sportifs ou moins sportifs. »

Ce passionné de kite a été l’un des premiers à poser sa voile en Belgique. C’était il y a 15 ans, le sport était déjà populaire aux Îles Canaries. « Je voulais aussi pratiquer ma passion dans mon pays. Ouvrir cette école m’a permis d’enseigner les bases de ce sport à de nombreux pratiquants. En quatre à cinq sessions, il est déjà possible d’être autonome. Mais un apprentissage, étape par étape, est nécessaire pour éviter tout danger. »

Les rafales, l’intensité des vagues, les courants marins, les brise-lames sont autant de pièges mobiles et immobiles, à éviter pour le kitesurfer. « Il ne faut pas sous-estimer la force des éléments. Il faut donc être capable de se connaître et de ne pas franchir la ligne rouge car les conséquences des imprudences peuvent être dramatiques. »

Un sport de plus en plus populaire

Les kitesurfeurs se comptent par milliers dans notre pays. La Flandre a été la première à rassembler ses adeptes autour d’une association dépendante de la fédération de voile. La Wallonie vient de lui emboîter le pas. La Belgium kitesurf association a été mise sur pied il y a six ans, mais n’est effective que depuis l’an dernier. L’idée de cet asbl est simple : réunir les sportifs, les fédérer et leur donner un cadre qui puisse permettre la pratique de ce sport en toute sécurité. « Les Belges sont les champions pour tout essayer par eux-mêmes, lance Jérôme Naneche, créateur de l’asbl. Mais le kite, ça ne s’improvise pas. Pour des questions d’assurance mais aussi dans une optique de communication, il était urgent de créer une organisation représentative de notre sport. »

L’asbl n’en est qu’à ses premiers balbutiements, alors que la popularisation du kitesurf s’apprête à entamer un nouveau tournant à l’approche des Jeux olympiques de Paris de 2024. « Tout va très vite et les adeptes sont de plus en plus nombreux. A cette croissance s’ajoute une technologie qui permet de faciliter la pratique de la discipline, qui devient de plus en plus accessible et de moins en moins dépendante du vent, confie Jérôme Naneche. En combinant les wings avec le foil, il sera bientôt possible d’étendre la pratique de notre sport -pour l’instant, limitée à la mer- aux lacs. Pourquoi pas un jour, voir des kitesurfs sur l’Eau d’Heure. Nous entrerions dans une autre dimension. »

Aimer sans concession

Xavier pratique son sport toute l’année, à l’exception des jours d’hiver les plus froids. Mû par les frissons que lui procurent l’adrénaline de son sport, ce passionné roule parfois 250 kilomètres pour quelques heures de kite… le tout, en ayant au préalable, jeté un œil aux prévisions météorologiques. « Imaginez-vous à près de 50 kilomètres par heure, entre la Panne et Nieuport, sur votre planche, en communion avec le vent. » Sa passion a un coût, plusieurs milliers d’euros par an, mais le plaisir qu’il en retire, lui, n’a pas de prix.

Thibault Balthazar

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