JOURNALISTE FREELANCE.BE Le site des journalistes indépendants

Le sport professionnel retrouve de la voix

3 novembre 2021
par  Edouard Maréchal
( Le virus du sport )

Outre l’aspect spectaculaire mis en avant par ses joueurs, le sport américain est aussi reconnu mondialement pour avoir un public qui sait mettre le feu durant les rendez-vous que ce soit dans un stade ou encore une « arène » fermée. Le covid avait couper la voix de ces supporters.

JPEG - 559.7 ko
© IStock

L’explosion de la pandémie au niveau mondial a contraint les autorités des différents pays à prendre des mesures draconiennes à tous les niveaux, en outre dans le domaine sportif. L’un des sports qui a fait le plus parler en Europe aura été le football avec le report de matchs, l’annulation de certaines fins de saisons et les nombres de cas covid qui se multipliaient dans les vestiaires. Mais l’une des plus grosses conséquences de la pandémie aura été le huis-clos imposé pendant des mois dans les stades. Aux Etats-Unis, si cela s’est fait en différé, l’alerte rouge a, notamment, été lancée après le cas « Rudy Gobert » en NBA (le pivot français avait plaisanté sur le virus en touchant des micros et s’est retrouvé positif au covid peu après, NDLR) et l’annulation du match entre le Jazz de Utah et le Thunder d’Oklahoma City le 10 mars 2020.

Après cette annonce, tout s’est accéléré au niveau de l’organisation de la ligue américaine de basketball. Plusieurs matchs ont été annulés avant de voir la saison être suspendue jusqu’à nouvel ordre. Ce branle-bas de combat a eu un impact considérable sur le sport américain en général puisque tout a changé par la suite.
Si la saison en NFL (National Football League, la ligue de football américain) venait de se terminer après le Super Bowl, fort est de constater que la Ligue a pris les devants pour la saison suivant (et la pré-saison) en fermant l’entrée dans ses stades. Même son de cloche de côté de l’UFC (Ultimate Fighting Championship, l’organisation américaine de la MMA), qui a décidé de mettre en place un protocole strict : test pour toutes les personnes de l’organisation (combattants, équipes, arbitres, présentateurs…) et délocalisation luxueuse à « Fight Island », une île à Abou Dhabi privatisée par le président de l’UFC Dana White pour permettre la continuité des combats dans un cadre paradisiaque avec une première édition le 19 juillet dernier.

Mickey et sa bulle

Afin de minimiser les pertes financières sur la saison après la suspension, la NBA a décidé d’un plan inédit : créer une « bulle sanitaire » à Disney World à Orlando (Floride). Une idée qui en a surpris plus d’un et qui s’est avérée une réussite au niveau sportif et financier. Au programme de ce passage de deux mois dans le complexe sportif du parc d’attractions : 150 matchs, une fin de saison régulière, un playin tournament et des playoffs pour couronner une des 22 franchises NBA (sur 30, seulement celles qui pouvaient prétendre aux playoffs étant reprises, ndlr).
Pour cette reprise très spéciale, la ligue avait mis en place un protocole sanitaire très strict : 113 pages de règlement avec un code à suivre et à respecter à la lettre pour éviter le moindre problème, la moindre brèche dans ce plan minutieusement mis en place. Tests quotidiens, port du masque obligatoire pour les personnes hors du terrain ou encore un bracelet pour prouver que les personnes présentes sont « covid safe ». Petit plus qui aura fait le buzz : la présence d’écrans tout autour du terrain avec du public… en visioconférence. Un gadget « made in USA » mais qui a permis de mettre un peu de vie dans une salle vide de toute ambiance.
Tout n’a pas été parfait (un joueur a été surpris en boîte de nuit, un autre est sorti de l’enceinte pour récupérer un plat commandé…) mais dans les grandes lignes, cette bulle sanitaire a été une véritable réussite pour la NBA alors que le reste du monde sportif était (presque) à l’arrêt.

La voix résonne de nouveau

Après le couronnement des Lakers de LeBron James, place à l’intersaison et surtout à la préparation de l’exercice 2020-2021 : reprise aux alentours de Noël (histoire de s’assurer de la présence des téléspectateurs friands de ces rendez-vous sportifs durant les fêtes) mais saison écourtée puisqu’elle ne se jouera que sur 72 matchs (au lieu de 82) mais toujours avec cette formule du playin avant les traditionnels playoffs. Une saison sportivement correcte pour la NBA mais financièrement compliquée puisque le retour du public est compliqué. Il aura fallu attendre le mois d’avril pour voir une poignée de supporters revenir prendre leur place dans les tribunes du mythique Staples Center de Los Angeles (enceinte des Lakers et des Clippers) par exemple.
Les fans ont pu donner de la voix pour les playoffs et certains ont pu vivre le sacre historique de Giannis Antetokounmpo et de ses Bucks face aux Phoenix Suns. Mais ce n’est finalement qu’en ce début de saison qu’un véritable « retour à la normale » a pu s’opérer en NBA (mais aussi dans les autres sports américains, ainsi qu’au travers du globe) puisque les premiers matchs de la saison ont été rythmés par quelques exploits sportifs mais surtout par des cris de fans en délire revenus en masse pour supporters ces manieurs de la balle orange.

Le 12e homme fait son retour en Europe

En Europe, les choses se sont mises en place crescendo. Restons axés sur le football, sport le plus populaire sur le Vieux Continent (et dans le monde en général). Les équipes des différents championnats ont été contraints d’évoluer pendant des mois dans des stades à huis clos. Un calvaire financier pour les équipes mais aussi à vivre d’un point de vue ressenti pour les joueurs et les téléspectateurs. Si certains stades avaient mis en place des bandes sonores pour recréer l’agitation des supporters, les observateurs s’accordent pour dire que cela n’a pas vraiment contrebalancé leur absence.
L’événement tant attendu pour ce retour des supporters était l’Euro de football, déjà reporté d’un an à cause de la crise sanitaire. Si l’appellation n’a pas changé (l’UEFA a voulu garder le terme « Euro 2020 », certainement pour une question de marketing), le tournoi a bien eu lieu du 11 juin au 11 juillet avec l’autorisation de l’instance européenne du football de faire venir des milliers de supporters dans les différents stades. Pour rappel, les villes hôtes devaient garantir à l’UEFA l’accueil des supporters durant l’événement.
Malgré un « cluster » au Danemark (les jours suivant le match entre les Danois et les Diables rouges ont été marqués par une explosion de cas covid), les choses se sont relativement bien passées lors de cet Euro de football qui a permis de réellement entendre le retour du 12e homme comme les spectateurs ont pu le voir lors de la finale organisée à Wembley entre l’Angleterre et l’Italie devant… 60.000 personnes, un véritable événement depuis le début de la crise sanitaire.
Ce retour des supporters lors d’un tel événement aura été le premier vrai domino pour enclencher un retour global au sein des différents championnats et stades au travers de l’Europe. En Belgique, un retour progressif a été mis en place par les autorités fédérales. D’abord évoqué lors des différents comités de concertation, celui-ci a été acté le 27 juin dernier (soit deux semaines après le début de l’Euro) pour les supporters… à domicile. En effet, le 12e homme adverse n’a été autorisé à revenir que plus tard et en se basant toujours sur l’évolution des chiffres liés au coronavirus.
Le 13 août dernier marquait le retour des stades combles en Belgique. Une date jugée opportune par les autorités puisque le Covid Safe Ticket était mis en place pour les événements rassemblant plus de 1.500 personnes. Dès lors, les supporters devaient présenter patte blanche avec une preuve de vaccination (simple ou double en fonction du produit) ou avec un test PCR négatif.
Maintenant que les championnats et compétitions de football ont repris leurs droits, que la saison NBA bat son plein depuis quelques jours, les supporters sont de retour en masse dans les stades et les enceintes pour supporters leurs équipes, pour donner de la voix. Une sensation, une présence qui redonne toute son aura au sport était devenu aphone pendant plusieurs mois.

Partager :