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Le confinement dessiné en cartes postales

17 novembre 2020
par  Yolaine de Kerchove
( Presse écrite , Le virus de l’art )

Si le confinement a pesé très lourd dans la vie de nombreux artistes, il a aussi inspiré certains pour mener des nouveaux projets. C’est le cas de l’illustratrice bruxelloise Eléonore Fedoul. Elle en a profité pour lancer une idée originale : dessiner une carte postale chaque jour du confinement en s’inspirant de photos envoyées par ses amis. Le résultat est révélateur d’une période particulière. Depuis quelques mois, un autre projet la prend aussi à cœur.

Des paysages aux tonalités très vives et aux traits épurés, avec un ciel toujours bleu azur. Un style facilement reconnaissable que l’on retrouve sur l’ensemble des cartes postales dessinées par Eléonore Fedoul. L’artiste bruxelloise travaille avec des feutres posca, des marqueurs constitués de peinture à base d’eau.« Mes dessins sont très colorés et assez naïfs », nous décrit l’illustratrice qui ne respecte pas spécialement les proportions des bâtiments. De manière surprenante, on retrouve aussi souvent des grues dans ses dessins :« Je ne les invente pas. Elles sont souvent vraiment-là », ajoute-t-elle.

Des ciels bleu azur comme au Liban

Originaire du nord de la France, cette jeune maman de 33 ans vit à Bruxelles depuis plus de douze ans. Elle a travaillé comme journaliste pendant une dizaine d’années et dessinait pendant ses temps libres dans un style assez abstrait. Son déclic pour le genre « carte postale » : un voyage au Liban. « Lors d’un de mes voyages à Beyrouth, j’ai commencé à dessiner des petites scènes de vie. Tout s’y prêtait assez bien. Quand j’étais là-bas, je dessinais que des ciels bleus. Quand je suis rentrée, j’ai eu envie de les garder », nous confie l’illustratrice.

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Eléonore Fedoul

De retour en Belgique, elle se lance dans les cartes postales de Bruxelles : place Flagey, place de Brouckère, place Sainte-Catherine, place du Jeu de Balle, le Canal, le Botanique, le parvis de Saint-Gilles… Le succès est vite au rendez-vous, à tel point qu’elle décide de poursuivre son art à temps plein. En janvier dernier, elle quitte le monde de la presse pour se consacrer entièrement à sa passion.

Quelques mois plus tard, en mars 2020, le Covid-19 se propage en Europe. La Belgique est confinée. Plus moyen d’enchaîner les commandes, mais les idées fourmillent dans sa tête.

Un dessin chaque jour du confinement

Durant la crise sanitaire, son travail prend une autre ampleur. Elle demande à ses amis belges et étrangers d’envoyer des photos de leur confinement et réalise chaque jour un dessin à partir des clichés reçus. « Cela pouvait être la vue de leur fenêtre, de leur ordinateur avec les enfants derrière, de leur nouveau bureau, de leur cave réaménagée pour l’occasion,… Tous les jours, j’ai fait un dessin pendant environ deux mois ». En tout, Eléonore en a réalisés une soixantaine. Aujourd’hui, elle a demandé à tous les participants d’écrire un petit texte se rapportant au cliché choisi car elle aimerait en faire une publication.

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Des cartes postales pour Beyrouth

Passionnée par le Liban, l’artiste avait prévu d’y passer un séjour cet automne. Mais le 4 août dernier, deux explosions ravagent le port de Beyrouth et cause la mort de plus de 150 personnes ainsi que des milliers de blessés et personnes sans abri. « Cette catastrophe m’a beaucoup touchée. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse un truc pour marquer le coup », raconte Eléonore.

Son idée : commercialiser en Belgique une série de cartes postales qu’elle avait dessinées lors de son séjour à Beyrouth et verser l’entièreté des bénéfices à la banque alimentaire libanaise. Très vite, un réseau de solidarité se forme autour de son projet. Ses cartes postales sont vendues par lot de 3 au prix de 5 euros dans plusieurs boutiques bruxelloises. Grâce à son initiative, elle a déjà pu verser 1500 euros à l’association libanaise et espère pouvoir leur donner davantage de fonds avec la commande de nouvelles cartes. « La banque alimentaire au Liban fournit non seulement des denrées à la population libanaise, mais elle fournit aussi du lait en poudre et des couches pour les mamans dans le besoin », nous précise l’artiste qui vient justement de donner naissance cet été à un petit Merlin.

Retrouvez Eléonore FEDOUL sur Instagram : @fedoul_f

Les cartes de Beyrouth sont vendues par 3 au prix de 5 euros dans les endroits suivants :
- Chez Pardon, rue de Moscou à Saint-Gilles
- Chez Image Fantôme rue de la Tulipe à Ixelles
- Chez Ben Artside, rue de Rome à Saint-Gilles

Les cartes de Bruxelles sont vendues à des prix fixés par les commerçants :
- Chez Ben Artside, rue de Rome à Saint-Gilles
- Chez Belge Une Fois, rue Haute à Bruxelles
- Chez Plaizier, rue de la Violette à Bruxelles

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