Le boom du cyclisme virtuel est bien réel
Avec la pandémie, le vélo sur rouleau a explosé son nombre d’adeptes. Surtout dans les pays avec un confinement strict, dans lesquelles les sorties sportives n’étaient pas autorisées à l’extérieur. Et s’est décliné en compétition.
La pandémie a contribué au développement des compétitions cyclistes en ligne.
C’était en plein coeur du premier confinement. En pleine période de doute, d’incertitude. Avec un monde à l’arrêt. Durant ce printemps 2020, le cyclisme, comme toutes les autres disciplines sportives et toutes les autres activités, se retrouvait en pause forcée. Pour une période indéterminée. Tous ses grands rendez-vous printaniers, comme les classiques ou les monuments à l’image du Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, étaient reportés ou tout simplement annulés.
Face à cet énorme manque de visibilité pour les sponsors, avec la perte de dizaine d’heures de retransmission télévisée, le monde du vélo s’est réorganisé et vite adapté. Il s’est mis dans le sillage d’une innovation qui faisait beaucoup parler depuis quelques temps dans les pelotons : le cyclisme virtuel.
Avec l’organisation de quelques grandes courses du calendrier international sur route dans des versions en ligne. Comme le premier Tour des Flandres virtuel. Avec la participation de quelques stars du vélo, comme Greg Van Avermaet, qui s’est imposé sur cette première édition. Le champion olympique a pédalé avec ses collègues du peloton tout en restant chez lui. Les participants pédalaient dans leur salon, sur leur terrasse, dans leur garage, sur un vélo installé sur un rouleau connecté. Avec l’application Zwift, qui calcule la puissance développée à chaque coup de pédale en fonction du poids du coureur, mais aussi de sa position dans le peloton. Ce service en ligne permet en effet de prendre en compte des éléments comme l’aspiration, simulant les conditions du réel. Tout en ajoutant une touche tactique (ludique ?), avec l’utilisation sur l’épreuve de bonus d’accélération.
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- © Julien Gillebert
« A l’époque, quand on découvrait cette pandémie, qu’on ne savait pas quand les courses sur route pourraient reprendre, ces courses virtuelles ont été une bonne alternative et bien acceptées dans le monde du cyclisme pro », témoigne l’ancien coureur professionnel Maxime Monfort, aujourd’hui directeur sportif et responsable de la performance au sein de l’équipe belge Lotto-Soudal. « Elles ont permis de motiver les coureurs, de leur donner des défis à relever. Il n’y avait rien d’autre… »
Cette première édition du Tour des Flandres virtuel avait été suivie par plus de 600000 spectateurs ! D’autres compétitions ont pris le relais. Comme le Tour de France. « Le rouleau a toujours été présent dans les entraînements des cyclistes, du moins pour ceux qui n’habitent pas dans le Sud », poursuit Maxime Monfort. « Il a toujours été un outil précieux pour pouvoir continuer à s’entraîner en hiver, pour pédaler même quand il fait trop mauvais pour aller rouler dehors, avec la neige, le gel ou la pluie. A la fin de ma carrière, je préférais faire deux heures de rouleau plutôt que d’aller rouler sous la pluie… Cet outil a évolué et s‘est bien amélioré, notamment au niveau du rendu des sensations pour le cycliste. Et aussi avec l’arrivée d’une application comme Zwift, qui est une belle innovation. Cela permet de varier les entraînements sur rouleau et de rendre ces séances moins ennuyeuses. »
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- © Julien Gillebert
Sur l’application, des parcours sont proposés, des répliques des tracés de grandes courses, avec le rendu de la difficulté : si le cycliste arrive dans une montée, la résistance de son rouleau augmente en fonction du degré de la pente. Il est aussi possible de pédaler en groupe, de retrouver des amis, de rouler avec des inconnus du monde entier et même de tenter d’y suivre les coureurs pros connus quand ils se connectent. « Au début, les coureurs pros recevaient gratuitement un compte Zwift mais aussi le matériel, avec le rouleau », se rappelle Maxime Monfort. « Mais ils ont vite été débordés… C’est donc un très bel outil. Mais, pour les cyclistes pros, cela reste un plan B. Un entraînement sur route reste prioritaire, reste le plan A. »
Cette période du coronavirus a néanmoins permis de mettre en lumière cette discipline particulière du cyclisme virtuel. Plusieurs compétitions existaient déjà sur les plateformes en ligne avant la crise sanitaire. Avec de véritables spécialistes. Mais elles ont pris de l’ampleur depuis l’apparition du virus. À tel point que l’Union Cycliste Internationale, la Fédération de ce sport, a organisé la première édition des Championnats du monde de cyclisme virtuel en décembre 2020, en deux versions : une féminine et une masculine. « C’est vraiment du sport au plus haut niveau », avait déclaré le spécialiste belge Lionel Vujassin, sixième de ces Mondiaux. La preuve : un contrat pro dans l’équipe de route Alpecin-Fenix était offert au vainqueur de la compétition Zwift Academy. L’Australien Jay Vine a décroché ce contrat et a depuis confirmé sur la route, chez les pros, se classant deuxième du classement final du Tour de Turquie.