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Le Verviétois Rami, réfugié syrien, visage de la lutte contre le racisme en Wallonie

30 juin 2021
par  Loïc Manguette
( Presse écrite , Tout... sauf le virus ! )

Depuis quelques jours, le visage de Rami Shebli tourne sur les réseaux sociaux. Le Verviétois d’origine syrienne est l’un des visages de la nouvelle campagne de la Fédération Wallonie-Bruxelles de lutte contre le racisme. Rami avait à cœur d’y participer pour mettre fin à certains stéréotypes.

« Est-ce que tu as une bombe ? Qu’est ce que tu vas bombarder aujourd’hui ? » Voilà le genre de propos que Rami Shebli a pu entendre lors de son arrivée en Belgique. Aujourd’hui, ces « blagues » comme il les appelle parce qu’il estime que les gens ne pensaient pas ce qu’ils disaient, il a décidé de les combattre. Le Verviétois d’adoption est en effet l’un des visages de la nouvelle campagne de la fédération Wallonie-Bruxelles de lutte contre le racisme.

Un exemple d’intégration

Voici quelques semaines, le Syrien d’origine, aujourd’hui âgé de 20 ans, a reçu un appel du bureau du ministre de l’Égalité des Chances Frédéric Daerden. « C’est Malik Ben Achour qui leur a transmis mon numéro (le député fédéral verviétois avait aidé Rami et ses familles lors de son passage au camping de Polleur notamment, ndlr). Il a eu vent de l’événement et il a pensé à moi. On m’a expliqué la démarche et je me suis dit que ça pourrait être utile que je parle », note le Verviétois.

Lui s’est relativement bien intégré lors de son arrivée en Belgique. D’abord du côté de Scherpeneuvel, en Flandre, où il a été scolarisé durant un an. « J’ai rapidement appris le néerlandais parce que je me suis dit que c’était le meilleur moyen d’aller vers les autres. Pareil pour le français quand je suis revenu à Verviers. J’ai donc eu plus facile d’aller vers les autres et après, ils se sont rendu compte que j’étais comme eux et ça s’est vraiment bien passé. Le problème, et c’est le message que j’ai voulu faire passer, c’est que ce n’est pas toujours comme ça. Je pense que des deux côtés, il ne faut pas hésiter à faire le premier pas. Il ne faut pas avoir peur de l’autre », confie Rami Shebli.

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Rami Shebli
© Loïc Manguette

Une capsule vidéo

Du fait de son intégration rapide, il a été moins sujet à des propos racistes. « Mais ça reste une vérité qu’on rencontre. Certains disent que ce sont des blagues, mais dans le fond, ce n’est pas une blague les stéréotypes », rappelle le Verviétois.

Voici quelques semaines, il s’est donc rendu à Liège pour tourner une capsule vidéo pour la campagne « Le racisme ne mène nulle part ». « C’était vraiment impressionnant. On a commencé par un shooting photo puis je me suis mis devant la caméra et j’ai parlé de mon expérience. C’était chouette », relate-t-il. Et Rami fait forte impression. Le soir même, le cabinet de Frédéric Daerden le recontacte pour une action dans le centre de Liège, avec le ministre. Le lendemain, il retourne donc à Liège pour renommer l’impasse de l’Ange en impasse des préjugés racistes.

Fier de son combat

Et depuis quelques jours, la vidéo qu’il a tournée circule sur les réseaux sociaux. Avec des réactions très positives de la part de ses proches. « Mon parcours, ça a surpris certains. Mais ils sont d’accord avec moi, ils savent que ce que je dis, c’est la vérité ». De son côté, il est fier d’avoir pu faire passer son message. « Le racisme, c’est vraiment quelque chose que je ne comprends pas. On est tous des êtres humains. Moi si je suis venu en Belgique, ce n’est pas pour emmerder les gens. Il y a une raison, c’est la guerre là-bas. J’aime ma vie aujourd’hui, je suis heureux en Belgique mais sans la guerre, je ne serais peut-être jamais venu », conclut-il.

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