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Le BIJ a invité les jeunes à bouger… en Belgique

3 novembre 2020
par  Laurence Briquet
( Presse écrite , Le virus de la solidarité )

Le Bureau International Jeunesse, chargé de faire bouger les jeunes à l’international hors cadre scolaire, a dû s’adapter à la crise du Covid et à la limitation (voire l’interdiction) des voyages.

Le Bureau International Jeunesse est un service de Wallonie-Bruxelles International cogéré par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il a été mis en place pour gérer des programmes internationaux destinés aux jeunes de Wallonie et de Bruxelles en dehors du cadre scolaire. Chaque année, c’est plus de 5.000 jeunes adultes qui bénéficient de ses financements.

Le BIJ offre un accompagnement spécialisé aux jeunes et aux relais du secteur jeunesse pour les aider à mettre en place des projets internationaux de qualité. Il a pour objectif de favoriser la mobilité internationale des jeunes, de développer des relations avec des jeunes d’autres pays pour une meilleure connaissance de leur société et de leur culture respectives mais aussi de développer un sens critique chez les jeunes afin qu’ils soient mieux préparés à assurer leurs responsabilités de citoyens.

Invitation à bouger

Pour cela, le BIJ gère une série de programmes invitant les jeunes à bouger comme, par exemple, Artichok (une aide financière pour permettre aux jeunes artistes de participer à des festivals, formations, créations/résidences à l’étranger et accueil d’artistes étrangers), Axes Sud (une aide financière pour des échanges de jeunes de Wallonie et de Bruxelles avec des jeunes de pays prioritaires d’Afrique francophone) ou Tremplins Jeunes (une aide financière pour une immersion linguistique ou professionnelle à l’étranger).

La crise du Covid avec, dans un premier temps, l’interdiction de voyager puis, dans un deuxième temps, l’assouplissement des règles mais avec néanmoins des restrictions vers certains pays ou continents, a contraint le Bureau International Jeunesse à revoir ses plans et sa façon de fonctionner.

« Dès que les mesures gouvernementales ont été prises pour mettre en place le confinement et limiter les déplacements internationaux suite à la crise sanitaire, le Bureau International Jeunesse a tenu à réagir pour soutenir ses bénéficiaires et continuer à accompagner leurs projets à distance, à les informer, à organiser les sélections et à assurer leur financement », explique Véronique Balthasart, chargée de la communication du BIJ.

Plus de flexibilité

Le BIJ a donc choisi de proposer aux jeunes de nombreuses possibilités de bouger pendant la crise, tout en respectant les mesures en vigueur afin de rester en projet, avec une mobilité qui est désormais nationale.

« Depuis la mi-mai, le BIJ a massivement communiqué sur les réseaux sociaux pour promouvoir le programme Bel’J qui permet aux jeunes d’effectuer du volontariat et des échanges de jeunes en Flandre ou en Communauté germanophone. Nous avons introduit un peu plus de flexibilité, notamment en termes de délai de dépôt afin de répondre rapidement aux demandes des jeunes qui s’intéressent aux projets de volontariat », ajoute-t-elle.

Parmi les jeunes volontaires qui ont testé le concept, il y a eu Jéromine, une jeune femme qui a choisi de passer quelques jours auprès de l’association Boskanter qui a pour mission la défense de l’environnement et la promotion des initiatives de type consommation de production locale. « J’ai choisi le projet Boskanter parce qu’il correspond à mes valeurs et mon envie de contribuer à un monde plus durable. Je souhaitais apprendre les techniques de permaculture », confie la jeune femme. « C’est ainsi que j’ai passé une partie de cet été à transporter du bois, à planter des salades et des concombres et à cueillir des courgettes, des tomates, des prunes, des pommes mais aussi des mûres et des groseilles…et puis à les manger après les avoir cuisinés sous différentes formes. Ça m’a également permis de pratiquer le néerlandais et l’anglais avec les responsables et les autres volontaires. Boskanter est situé à Brakel, une commune qui avait été placée zone noire pour le Covid. Je devais donc porter un masque lorsque je partais visiter Brakel. C’est le seul impact qu’a eu le coronavirus sur mon volontariat. Pour le reste, on a fait comme si on était une grande famille », note encore Jéromine.

Bouge de ton quartier !

Le BIJ a également valorisé l’appel à projets Mini mob qui incite les jeunes à « bouger de leur quartier » pour découvrir d’autres réalités, d’autres environnement et d’autres milieux. « Suite à la crise du Covid-19, nous avons limité le territoire à la Belgique. Six projets ont été soutenus comme, par exemple, une chasse au trésor à Dinant, un camp rap ou une journée nature », note Véronique Balthasart. Le Centre d’accueil Mena de la Croix-Rouge d’Uccle témoigne : « Cet appel soutient les initiatives amenant des jeunes à découvrir des nouveaux lieux en Belgique et favorisant la mobilité des jeunes. Nos résidents sont, par exemple, allés faire une balade à vélo dans le domaine de Bokrijk (Limbourg). Les objectifs de l’activité étaient d’apprendre dans un cadre ludique les avantages de se déplacer à vélo et de découvrir le territoire belge ».

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Les résidents du centre d’accueil Mena de Uccle sont allés faire une balade à vélo pour découvrir le Limbourg.

Le BIJ a également proposé, temporairement, pour les projets Tremplin Plus (développement du parcours professionnel ou de l’engagement citoyen des jeunes par une expérience à l’étranger de courte durée), Artichok (mobilité des jeunes artistes) et Entrechok (mobilité des jeunes entrepreneurs), une adaptation : celle de financer toute participation en ligne à une activité organisée par un partenaire international (formation, colloque, événement, accompagnement de projet…). Cinq formations ont été soutenues.
Entrepreneurs à succès

Parmi les jeunes qui ont testé la formation à distance, il y a eu Lucas qui a suivi une formation en ligne organisée à Montréal (Canada). « J’ai suivi une formation en ligne avec l’accélérateur d’entreprises Défi Montréal pour mon projet WebSaveTime qui est une plateforme qui aide les entrepreneurs à développer leurs activités en ligne sans se soucier de la technique », explique Lucas. « Grâce à cette expérience, j’ai appris à améliorer la façon de communiquer sur mon projet mais aussi les bases de la création d’une start-up. J’ai aussi acquis de l’expérience grâce aux interventions d’entrepreneurs à succès, découvert le monde de l’investissement en capital-risque et je suis maintenant capable de réaliser des conférences pour présenter mon projet », ajoute le jeune homme qui a gardé des contacts avec le Québec. « Je suis membre à vie de Défi Montréal. Je continue donc à suivre les conférences et je suis aussi en contact avec ces partenaires via LinkedIn. J’attends que la période du Covid se termine pour pouvoir aller à Montréal suivre le programme en présentiel », conclut-il.

Par ailleurs, fidèle à ses valeurs d’entraide et de solidarité avec les plus précarisés, le Bureau International Jeunesse a lancé l’appel « Citoyens en Action » qui vise à soutenir des initiatives solidaires, urgentes et locales. Une quarantaine de dossiers ont été sélectionnés comme, par exemple, la confection de colis alimentaires, la réalisation d’une fresque dans une maison de repos ou même une animation autour des gestes barrières et une aide scolaire. Dans le cadre de Citoyens en Action, les Pionniers de Watermael se sont, par exemple, engagés dans la confection de colis alimentaires variés et vitaminés qui ont été distribués à des publics en difficulté identifiés par le CPAS de Watermael, commune généralement moins visée par les actions solidaires.

Musique à distance

Enfin, de nombreux jeunes ont vu leur projet à l’étranger ou en FWB reporté pour cause de la crise du coronavirus. Cela ne les a pas empêchés de continuer à communiquer avec leurs partenaires. C’est le cas du groupe de rock francophone « Le Piège » qui a été sélectionné pour partir au Québec sous peu et qui a choisi de jouer à distance avec son partenaire québécois.

Mathieu a, lui, décroché une bourse Tremplin Job Québec pour s’investir comme volontaire auprès de l’association « Maison de L’Amitié » de Montréal auprès de laquelle il a donné des cours de français aux primo arrivants sur le sol québécois. Le confinement venu au Québec, il a décidé de rester et de continuer à aider son association d’accueil par la mise en place de cours en ligne et la refonte du site internet de l’association. « Je conseille vivement l’expérience Tremplin Job Québec car c’est une manière de découvrir le Québec, de mettre directement un pied dans un environnement professionnel québécois, d’apprendre les manières d’être et de travailler là-bas ».

Le BIJ se félicite donc que, plus que jamais, les jeunes s’engagent en agissant solidairement, en prenant des initiatives constructives au cœur de la crise. « Ils sont porteurs de changement et seront plus que jamais au cœur des transformations qu’impliquera le monde après Covid », note encore Véronique Balthasart, argumentant que « le BIJ restera à leur écoute et continuera à les accompagner en adaptant leurs programmes en fonction de leurs besoins et de leurs priorités, comme nous venons de le faire en aidant la mobilité virtuelle, en soutenant leurs actions de terrain ou en favorisant le volontariat intra national ».

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