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La passion de la bière et du houblon

3 novembre 2020
par  Sébastien Monmart
( Presse écrite , Le virus de la débrouille )

Thomas Brichet brasse ses propres bières. Dont une avec ses propres houblons.

« Toi, tu es sans doute fait pour être journaliste. D’autres personnes sont faites pour être profs. Moi, je suis fait pour brasser de la bière. » A 45 ans, Thomas Brichet pourrait parler de sa passion pendant des heures. « La culture du houblon et le brassage de la bière, travailler sur l’aspect gastronomique, sur les flaveurs, les arômes et le goût, c’est mon truc », explique cet homme à la tête de la microbrasserie EpiK située à Lustin (Profondeville). « Je viens du monde de la glisse, du skateboard. Dans ce milieu, on a un tas d’expressions. Dont « Epic » qui signifie héroïque. De plus, mes enfants s’appellent Arthur et William, cela donne un petit côté chevalier. »

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Diplômé en bio-ingénierie chimiste à Louvain la Neuve et avec une année de brasserie supplémentaire en poche, Thomas Brichet a eu un déclic alors qu’il dégustait une bière dans un café namurois à la fin de ses études. « On m’avait dit qu’avec ma qualification, j’irais travailler chez GSK. Mais je suis quelqu’un qui aime sa liberté. Je ne voulais pas aller m’asseoir sur une chaise, à me faire chier dans un bureau. Un jour, à « l’Eblouissant » (Ndlr : aujourd’hui les Cuves à bière), un café du centre de Namur qui proposait 400 bières dans les années 80, j’ai eu une illumination en buvant une bière. Je me suis dit que c’est ça que je voulais faire », explique le brasseur.

Démarrage à Lustin

Après avoir tenté plusieurs expériences en Amérique du Nord en 1997 et 2006 en lien avec sa passion, Thomas s’est installé à Lustin. C’est là que son projet de brasser sa propre bière avec ses propres houblons et du malt d’orge local a débuté. Cela a commencé par quelques plants de houblons dans son jardin et du matériel de brassage dans son garage. « J’ai appris à brasser moi-même, à force de théorie et de pratique. J’ai déjà fait des trucs bizarres, voire n’importe quoi, mais je n’ai jamais raté une bière. Depuis 2019, je suis professionnel », précise-t-il. Aujourd’hui, il dispose d’un terrain de 15ares à quelques pas de chez lui sur lequel il cultive 140 plants de houblon. Il est enregistré à l’Afsca comme agriculteur, sa culture étant destinée au milieu alimentaire. Son jardin privé sert aujourd’hui de lieu de culture test. Plusieurs variétés de houblon y sont plantées tandis que c’est désormais dans son garage qu’il élabore ses différentes recettes. « Le houblon est une fleur qu’ il faut savoir utiliser. Il faut pouvoir le combiner, utiliser les bonnes quantités au bon moment et à la bonne température. »

Sa microbrasserie EpiK brasse aujourd’hui trois bières différentes. Uniquement des IPA (Indian Pale Ale). « Ce sont des bières saturées auxquelles je n’ajoute aucun sucre pour faire des bulles », poursuit Thomas Brichet. On retrouve la Kermess (7%), une bière spécialement brassée pour la kermesse de Lustin, la K Hop Session (4,9%) et, enfin, la Rékolt (5,5%). La seule entièrement produite avec ses houblons. Sa bière de houblonnier. Les étiquettes de ces dernières traduisent également la passion que voue Thomas à son activité. Des informations précises sont données au consommateur. Comme le nombre de grammes de houblons infusés par litre de bière, leur degré d’amertume et de coloration. Les différentes étapes de dégustation d’une bière y sont également indiquées.

Le temps de la récolte

Ce dimanche 13 septembre, Thomas Brichet a procédé à la récolte de ses fleurs. Mais le millésime 2020 de son produit phare la Rekolt ne verra pas le jour. Les quantités récoltées étant trop faibles. « Théoriquement, je récolte environ 35kg/an. En fonction de la bière brassée et donc du poids de houblons à infuser, ça représente entre 3.500 et 5.000 litres de bières par an. Mais j’étais tout de même en deçà de ces quantités. Cette année, le rendement est encore en dessous avec trois fois mois de houblon à cause de la sécheresse, même si la qualité est extra. Conséquence : je ne vais pas brasser de Rekolt en 2020. Je garde tout pour mes brassins dans ma propre brasserie en 2021. Vu les quantités récoltées, c’est le moment d’aller rechercher dans mes recettes des bières de Noël, saison, stout, etc. qui demandent trois fois moins de houblon qu’une IPA », poursuit notre interlocuteur.

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S’il brasse aujourd’hui dans une brasserie coopérative à Thorembais-St-Trond, Thomas Brichet a un souhait : celui de brasser ses bières à Lustin. « J’ai remporté un appel à projet communal pour la grange du presbytère. J’attends désormais que ça bouge du côté de la commune de Profondeville. »

Le brasseur aimerait aussi lancer un label « bières de houblonniers ». Des thermes qui lui tiennent à cœur. « La Belgique est la plaque tournante mondiale du houblon mais on est très peu à en cultiver en Wallonie. Pour ce label, il faudrait être reconnu comme agriculteur mais aussi produire sa propre bière avec son propre houblon."

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