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La pandémie en passe de modifier les habitudes alimentaires des consommateurs

30 août 2021
par  Ewa Kuczynski
( Presse écrite , Demain, après le virus... , Tout... sauf le virus ! )

Le Covid-19 a émergé en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine. Alors que le virus s’est propagé dans le monde en l’espace de quelques mois, les autorités de chaque pays ont imposé des mesures strictes, entraînant des changements soudains dans le mode de vie des citoyens. Aujourd’hui, différentes études indiquent que l’état d‘urgence sanitaire a modifié les habitudes alimentaires des citoyens belges. La pandémie aurait-elle accentué une prise de conscience et mis en évidence des liens entre environnement et santé humaine ?

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© Ella Ollson/ Unsplah

Les résultats de différentes recherches semblent aller dans ce sens. En 2017, une enquête, menée par le bureau d’étude de marché Incidences, mandatée par la FISA—une entreprise liée à un groupe actif dans les métiers de la communication, des médias et des loisirs— indiquait que la majorité des Belges faisaient toujours, voire le plus souvent, leurs achats en grande surface.

Seule une minorité déclarait se rendre dans les commerces locaux pour effectuer des achats. Une réalité d’autant plus évidente pendant le confinement, où les grandes surfaces ont été prises d’assaut.

La pandémie, un catalyseur

Les mesures sanitaires ont alors changé la donne. Une étude datant de mai 2020, menée pendant la première vague de la pandémie de coronavirus, indiquait que pas moins de 65% des participants disaient avoir plus de temps pour préparer leurs repas, 59% déclaraient vouloir favoriser une alimentation durable et 42% des sondés affirmaient vérifier la provenance des produits qu’ils achetaient.

Des propos corroborés par un sondage réalisé par Fairtrade Belgium. Les résultats pointaient que pendant le confinement, près de la moitié des Belges disaient vouloir faire davantage attention à la provenance des produits de leur alimentation, et donc privilégier de facto les circuits courts ainsi que les plats faits maison. En raison du confinement, les familles ont eu davantage de temps pour cuisiner et ont augmenté leur consommation hebdomadaire de légumes et de fruits , améliorant ainsi leurs habitudes alimentaires.

Google, YouTube, Twitter

Les chiffres enregistrés sur Internet vont aussi dans ce sens. Google a réalisé, en août 2020, un sondage sur les changements des habitudes de consommation de la population en étudiant leurs comportements entre le 5 janvier et le 27 juillet 2020. La filiale d’Alphabet s’était appuyée sur la technique du ‘phone tracking data’, une méthode qui consiste à analyser les recherches effectuées par les utilisateurs depuis leurs Smartphones, dans le cadre de leurs loisirs. Seules les données se rapportant à l’artisanat, à la cuisine et à l’exercice physique restaient supérieures à la normale après la quarantaine.

Les chiffres révélaient que, faire son propre pain et pâtisser était devenu la tendance du moment. Le mot ‘recette’ était aussi grimpé dans les sondages, les recherches ayant augmenté de 280% en avril de façon globale et de 1.300% en Italie (un des pays les plus touchés par l’épidémie) à la même période.

Les résultats étaient toutefois plus nuancés sur Twitter. Selon une enquête effectuée par Aprifel, aspects principaux chez les consommateurs se dégageaient sur les réseaux sociaux à savoir, l’approvisionnement alimentaire et la constitution de stocks (avec , en recherche, les termes : « livrer », « acheter » et « commander »), les aspects sanitaires (« médical ») et enfin, la recommandation de rester chez soi (« domicile », « séjour », « distance sociale » et « travail »).

Sur YouTube, les vidéos les plus visionnées concernaient le coronavirus et la propagation de la maladie (38 %), suivies de près par des « recettes » (34 %) et des « documentaires » (28 %).Les principaux informateurs étaient des influenceurs alors que les chercheurs et les sources scientifiques étaient moins regardés.

Se rassurer

Mais comment expliquer ce changement ? Selon Yuna Chiffoleau, sociologue et spécialiste du circuit court à l’institut national de recherche agronomique de France, (INRAE) chaque crise sanitaire a ramené de nouveaux consommateurs en circuits courts : la vache folle, la grippe aviaire, etc.

L’expert indique aussi que les comportements de l’être humain se modifient lors d’une période anxiogène. Une personne porte alors, dans ces moments, une attention plus particulière sur ce qui la rassure.

Il n’est pas certain, à ce jour, que la période actuelle de confinement sera la dernière, malgré une vaste et intense campagne de vaccination dans la plupart des pays. Toutefois, on peut penser que, dans un avenir proche, la planète devra apprendre à « vivre avec le virus », et que la population pourrait également être amenée à revoir, sur du plus long terme, son rapport à l’alimentation et sa manière de consommer de façon plus générale.

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