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La P4 de l’Union Namur, un solide parfum de nostalgie

29 octobre 2020
par  GREGORY PIERARD
( Presse écrite , Le virus du sport )

Akgul, Sbaa et une quinzaine d’anciens joueurs de Nationale composent l’équipe B des Merles. Ils ont près de 40 ans, voire plus et n’ont plus rien à prouver mais veulent se remettre en activité sur des terrains parfois sautillants et au dernier échelon du football provincial. En toute humilité, simplement pour l’amour du maillot et du jeu.

Namur. L’Union Namur a adopté un ancrage très local cet été. Non seulement la D3 Amateurs compte désormais bon nombre de joueurs ayant été formés au club mais surtout, les dirigeants sont parvenus à concrétiser un projet un peu fou pour la P4. A l’initiative du directeur technique Michel Mauléon, plusieurs anciens ont accepté de sortir de leur retraite. Ils seront entraînés par le duo Claudy Verlaine-Michel Lazaron. L’effet boule de neige a été telle qu’ils sont une bonne quinzaine à avoir rechaussé les crampons.

Parmi eux, Isidore Wawa, Nadir Sbaa et Izzet Akgul. « Depuis ma rupture du tendon d’Achille (ndlr : en novembre 2017 avec Wépion, alors en P1), je n’ai plus rien fait du tout » confie l’ancien attaquant de Charleroi, Roulers et Denizlispor, aujourd’hui âgé de 38 ans. « Je n’aurais pas repris n’importe où mais Namur reste spécial pour moi. Quand j’ai vu que des gars comme Nadir, Boris Bertrand et Xavier Libois s’engageaient, je me suis dit que c’était l’occasion de vivre une belle aventure. Je vais aussi pouvoir rejouer avec Jérôme Verlaine avec qui j’étais au Standard entre mes10 et 14 ans. Cela ne nous rajeunit pas (sourire). »

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Si les sensations foot sont toujours là, reste à se remettre en ordre physiquement et surtout être capable de gérer ses efforts. « Lors du premier match amical à Andoy (5-5), j’ai mis un but et un assist en 45 minutes mais j’ai eu mal un peu partout pendant trois jours. »

Tous ces anciens joueurs de Nationale devront aussi composer avec des aires de jeu sautillantes et des adversaires ultra motivés. « Il ne faut pas croire qu’on n’a joué que sur des billards dans notre carrière mais il est évident que lorsque les terrains deviendront lourds, cela pourrait être difficile physiquement. Ceci dit, certains m’impressionnent, comme Wawa qui a près de 50 ans (ndlr : il est né en 1971) et est toujours un pitbull dans le milieu de terrain. » Des retrouvailles qui pour certains ravivent des souvenirs vieux de plus de vingt ans. Du temps où l’UR Namur évoluait encore au stade Michel Soulier.

« C’est Michel Lazaron qui m’avait lancé en D3 Nationale en 1998 alors que je n’avais que 16 ans, cela ne s’oublie pas » précise Nadir Sbaa, qui avait stoppé sa carrière à Couvin-Mariembourg en 2017. « Dès le premier entraînement, tout était pensé, calibré et on s’est tous regardé avec des yeux émerveillés. La priorité, c’est vraiment de se faire plaisir, on n’a plus rien à prouver. Bon, je dis que nous n’avons pas d’ambition particulière mais tous les joueurs sont tellement des compétiteurs qu’on vise le plus haut possible. »

Du beau monde sur le terrain mais le staff n’est pas en reste. C’est le binôme Claudy Verlaine-Michel Lazaron qui se chargera d’entretenir la flamme. Ce dernier n’avait plus entraîné depuis dix ans. Son dernier club était Onhaye en 2009-2010. Il est ensuite devenu scout à Virton, Mouscron et au Luxembourg, accompagnant son ami Franck Defays dans ses différentes aventures. « J’occupe toujours cette fonction à Meux et j’ai aussi été coordinateur des jeunes à Naninne » explique-t-il. « Lorsque Michel Mauléon m’a parlé de son projet avec l’équipe B, j’ai un peu temporisé mais assez rapidement, j’ai vu que les confirmations s’accumulaient. »

Si le groupe ne s’entraîne qu’une seule fois par semaine, tous les joueurs se sont vite repris au jeu. Il faut même parfois freiner leurs ardeurs. « A leur âge, le repos fait aussi partie du travail mais il faut leur rappeler de doser leurs efforts. A Temploux, ce n’était qu’une simple joute amicale (victoire 4-7) mais en fin de rencontre, Akgul a voulu piquer un sprint et j’ai dû lui demander de ne pas produire cette dernière accélération (sourire). Certains n’ont jamais joué la zone mais on devra être dans ce schéma de jeu si l’on veut préserver les organismes. » Si l’équipe s’est créée à la base en mode loisir, on sent directement que personne ne veut prendre cette saison à la rigolade. Comme si chaque minute qui n’était pas passée sur le terrain était du temps perdu.

« A Andenne (2-2), j’avais neuf joueurs sur le banc, j’ai donc quasiment dû faire sortir tout le monde à la pause. Ce sont des compétiteurs, cela ne leur fait jamais plaisir. » Aux noms déjà cités s’ajoutent Adant, Van Dam, Chiacig, Mathot, Vanderdonckt, Tufano, Verlaine et Declercq. La liste pourrait encore s’étoffer, ne fût-ce que pour l’un ou l’autre one shot. « Je pense forcément à des joueurs que j’ai eus en 98-99, lorsque nous avions disputé le tour final de D3. Il y a Kurt Jacobs, David Lambrechts, voire Christian Negouai (ex Charleroi, Standard et…Manchester City) dont le fils joue en U14 à Genk. »

L’équipe s’annonce donc déjà comme l’attraction de la P4A. Reprise du championnat ce dimanche 13 à Taviers B. Le premier match à domicile, à Belgrade, se disputera le 20 face à Namêche B. Il devrait attirer bon nombre de curieux, voire de nostalgiques de l’UR Namur en mode fin de siècle dernier.

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