JOURNALISTE FREELANCE.BE Le site des journalistes indépendants

L’Union européenne à la recherche d’une solution coordonnée

3 septembre 2020
par  Sophie Petitjean
( Presse écrite , Tout... sauf le virus ! )

Déjà palpable au début de la crise, le manque de coordination européenne face à la pandémie de Covid-19 est devenu particulièrement problématique pendant la période estivale. La Commission européenne s’apprête à présenter une recommandation pour mieux appréhender la situation pandémie et aider les États membres à avancer ensemble.

L’Union européenne tente tant bien que mal de s’organiser pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Elle a lancé à la mi-juin son site Re-Open EU afin de fournir un maxiumum d’informations aux citoyens qui désireraient voyager pendant l’été. Or, s’il existe bien une liste commune de pays tiers sûrs « vers ou depuis lesquels des voyages non-essentiels sont possibles », tous les États membres – Belgique en tête – ne la respectent pas. Plus généralement, les disparités en matière de test, de quarantaine, ou de pays autorisés ou non varient grandement d’un pays membre à l’autre. « Il y a trop de confusion. Chaque État membre agit par lui-même. Les citoyens et les entreprises, en revanche, attendent une réponse commune, des règles claires sur la manière d’agir et de la transparence sur la définition des zones à risque », a déploré le président du Parlement européen, mercredi 2 septembre. Comme pour rajouter au chao, le gouvernement hongrois a annoncé le 28 août la fermeture de ses frontières pour les autres citoyens européens, en dépit du sacro-saint principe européen de la libre circulation.

Une recommandation du Conseil dans les tuyaux

Face aux critiques, les États membres ont accepté, en réunion du comité des ambassadeurs mercredi 2 septembre, de davantage se concerter. Ils commenceraient par travailler sur la comparabilité des données épidémiologiques ainsi que la communication.

JPEG - 416.9 ko

La Commission européenne, elle, s’apprête à présenter ce vendredi 4 septembre un projet de recommandation pour mieux coordonner les actions nationales. Elle a déjà à plusieurs reprises avancé l’idée d’introduire des « critères communs déterminant le risque épidémiologique », un « système de codes de couleurs pour identifier les zones à risque » et « les mesures à mettre en place au retour de ces zones à risque ».

Interrogée mercredi à ce sujet par les eurodéputés, Andrea Ammon, la directrice du centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a quant à elle insisté sur le besoin d’harmoniser les politiques de dépistage. « La collecte et les statistiques (reporting) sont issues des tests. L’harmonisation devrait avoir lieu sur les tests », a-t-elle indiqué mercredi. A l’heure actuelle, si la plupart des pays testent tous les cas symptomatiques, certains ont mis en place un système de hiérarchisation des cas symptomatiques, privilégiant certains groupes de population ou dans certains environnements spécifiques.

Seconde vague ou pas ?

Selon les chiffres présentés par l’ECDC, le coronavirus a causé à ce jour près de 2,2 millions d’infections dans l’Union européenne et l’espace économique européen (EEE), avec 181 992 décès enregistrés.

« Nous avons constaté cette semaine que le taux de notification était de 46 pour 100 000 (alors qu’à un moment donné, nous étions en dessous de 15). Il y a donc une augmentation depuis plus de 5 semaines. Même si elle est plus lente qu’en mars, on revient presque aux chiffres de mars », a également affirmé la directrice du centre aux eurodéputés.

A la question de savoir si la deuxième vague épidémique avait déjà démarré, elle a répondu : « Je ne peux pas vous dire exactement où nous en sommes. Tant que nous n’aurons pas de vaccins, on va voir des augmentations et des diminutions. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit là de la première augmentation depuis la chute en avril », a-t-elle répondu, qualifiant ce débat de « philosophique ».

Depuis le début de la pandémie, le centre européen de prévention et de contrôle des maladies surveille l’évolution de la situation en Europe et dans l’espace économique européen. L’agence de Stockholm, forte d’une équipe de 280 personnes, a déjà fournit 11 analyses de risques et analyse des questions particulières, comme les risques de résurgence de la maladie liée à la réouverture des écoles.

Mais ces analyses ne sont jamais contraignantes. « J’ai été un peu surprise d’entendre qu’il y avait des propositions de renforcer le mandat de l’ECDC afin que celui-ci puisse publier des recommandations scientifiques. C’est un tabou depuis 15 ans ! », s’est réjouie Andrea Ammon, faisant référence aux propositions intervenues avant l’été dans le cadre du futur budget de l’UE.

Partager :