L’Himalaya près de chez soi
De plus en plus de sportifs, pros ou simples amateurs, se lancent à l’assaut d’un Everesting, un défi qui consiste à grimper à vélo, à pied ou virtuellement 8848 mètres de dénivelé.
À la fin du mois de juillet, ils étaient 7.271. Répartis un peu partout dans le monde, dans nonante-six pays différents. Soit un peu plus de sept mille personnes à avoir réussi un pari fou, celui de venir à bout d’un Everesting complet. Un défi de plus en plus en vogue, surtout durant la période de confinement, qui consiste à grimper à vélo, à pied ou sur un simulateur, 8848 mètres de dénivelé. En référence à l’altitude du plus haut sommet du monde, celui de l’Everest, dans la chaîne montagneuse de l’Himalaya.
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- ©Julien Braeckevelt
Pour se lancer à l’assaut de ce sommet, pas besoin de voyager jusqu’en en Asie, de prendre un avion et de rejoindre le pied de l’Everest. C’est le concept même de l’Everesting : « il suffit » de grimper son Himalaya près de chez soi, en montant plusieurs fois (de très nombreuses fois…) une même côte ou un même col. En une seule séance, qui ne peut pas entrecoupée d’une longue pause pour dormir.
Ce défi d’endurance a la particularité d’attirer des sportifs professionnels, des stars internationales du sport, mais aussi de simples amateurs. Mais face à cet Everesting, qu’ils soient des athlètes renommés ou des sportifs qui pratiquent leur discipline juste pour le plaisir, tous ont le même discours : ils ont souffert. Beaucoup souffert. « Cela a été une de mes expériences les plus dures de ma vie de sportif », clament-ils à chaque fois.
Dans le Mur de gloire de l’Everesting, on retrouve notamment Alberto Contador. L’ancien vainqueur du Tour de France, qu’il a dominé à deux reprises, vient de battre le record de ce challenge incomparable, avec un temps de 7 heures, 27 minutes et 20 secondes. Une tentative accomplie dans une côte de la région de Madrid, qu’il a grimpée … 78 fois, et qui a été largement médiatisée. Mais si les Everesting des champions cyclistes sont très suivis, de nombreux amateurs se lancent à l’assaut de ce défi par simple amour du sport et de l’effort.
Sans chercher la renommée.
« J’ai été motivé par ce défi », commente Julien Braeckevelt, un sportif amateur, qui a réussi l’Everesting en grimpant nonante-et-une fois la Citadelle de Namur. « Et cela a vraiment été le défi sportif le plus dur que j’ai réalisé jusqu’à présent. J’ai hésité à en refaire un autre durant le confinement, sur une autre côte que celle de la Citadelle de Namur. Mais cela n’aurait sans doute pas été pareil par rapport à cette cette première tentative. Qui reste un super souvenir. C’était un défi physique. Mais aussi mental. C’est d’ailleurs mentalement que cela a été le plus dur. Je me souviens avoir eu un coup au moral quand j’ai réalisé que je n’étais qu’à la moitié de ma tentative, alors que je pensais que j’étais bien plus avancé ! Alors qu’à ce moment, physiquement, je commençais déjà à le sentir un peu partout ! »
Sa tentative réussie a duré 18h44’06’’ (ou 23h46’33’’ en comptant les pauses) pour un total de 337 kilomètres et 91 ascensions de la Citadelle namuroise ! « C’était quelque chose », évoque-t-il encore. « Dans la dernière partie, j’étais obligé de faire une petite pause après chaque enchaînement de cinq montées, tellement je souffrais au niveau des mains, du dos… Mais il fallait continuer, au mental. Et je suis fier d’avoir insisté, de m’être accroché jusqu’au bout. »
Et de faire partie de ce cercle très fermé des sportifs qui ont réussi cet Everesting. « Il est depuis devenu plus populaire, plus connu, notamment par les essais tentés par des coureurs reconnus, comme Mark Cavendish, Richie Porte, Alberto Contador », poursuit Julien Braeckevelt. « Cela a amené cet Everesting dans une autre dimension, qui s’éloigne un peu de l’esprit premier de ce défi, car, désormais, on parle plus du temps chrono à battre, faisant passer un peu plus dans l’ombre les tentatives des autres qui le tentent. »
Amoureux de son sport, qu’il ne pratique que pour le plaisir, Julien Braeckevelt n’a pas arrêté de pédaler une fois son défi réussi. Ce sportif amateur a depuis longtemps attrapé le virus du sport. « Pour moi, le sport peut même être comparé à une drogue … saine », précise-t-il. « Si je reste deux ou trois jours sans rouler, ça ne va pas, je ne me sens pas bien ! Aller rouler me fait toujours du bien au moral. Même si, désormais, je constate que je le fais moins quand il pleut. La pluie, j’ai assez donné depuis le temps que je fais du vélo ! Mais j’essaie toujours de m’organiser au niveau du boulot (il travaille à son compte, comme graphiste) pour aller pédaler, en tenant compte de la météo. J’ai toujours l’envie de me mettre des défis, mais ce ne sont pas ces défis qui me motivent à faire du vélo. Pour moi, la priorité reste le plaisir de pratiquer ce sport, de pédaler, seul ou avec des amis, tout en cherchant toujours à découvrir de magnifiques endroits. »