Jules De Sloover, l’étoile brillante des neiges
Âgé de 18 ans, Jules De Sloover est un snowboardeur belge, originaire de Warneton, en Wallonie picarde, dont la spécialité est le freestyle. Ce « rider » est tombé amoureux de la planche depuis sa plus tendre enfance. Sa passion fait depuis lors partie intégrante de son quotidien. Médaillé au Festival Olympique de la Jeunesse Européenne 2019, il rêve de participer aux Jeux Olympiques d’hiver 2022. Un objectif qui se trouve à la portée de son talent.
C’est à peine sorti du sport-études, dans un cadre ultra-moderne, à Wilrijk que Jules De Sloover a fait le grand saut à l’échelon professionnel. Le jeune snowboarder a suivi une trajectoire linéaire et s’il a réussi à percer avec sa planche, c’est sans conteste grâce une motivation extrême et un plaisir incommensurable à réaliser des figures dans les airs. Durant tout le mois de novembre, le Warnetonois s’est retrouvé parmi la crème de la discipline, dans la région du Stubai, en Autriche, au Prime Park, un endroit d’exception.
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- © Loranne Smans
« Dans cet endroit uniquement réservé aux snowboardeurs professionnels, il y a des jumps plus grands et plus hauts qui ont été créés, afin de mieux s’entraîner, dans des conditions agréables », explique Jules De Sloover. « Il faut débourser pas mal d’argent pour pouvoir s’y entrainer. Je suis rentré en Belgique le 30 novembre dernier. Mercredi 9 décembre, c’est un examen qui m’attend, avant un départ prévu en Suisse le lendemain ».
Sportif de haut niveau, Jules De Sloover a aussi entamé des études pour devenir professeur d’éducation physique, à Gand, depuis l’année passée. « J’ai un programme adapté avec le sport-études. Ce n’est pas toujours évident. En Autriche, je me mettais en route à 9h et je redescendais des pistes à 15h30. Le temps d’arriver chez moi, de faire mes courses et de préparer à manger, il me restait la soirée pour étudier. Les journées étaient bien remplies ». Né à Roulers, le snowboardeur a grandi dans une famille de sportifs. « J’ai toujours vécu à Warneton. Ma maman a joué au volley, ma sœur aussi et mon père skie beaucoup. Quand j’étais petit, nous allions toujours en vacances d’hiver, en Suisse. Mon papa est ami avec Stéphane Fievez, directeur de la piste indoor Ice Mountain, à Comines, qui lui a proposé que je fasse un stage de snowboard pendant deux semaines ». C’est à partir de ce moment que la belle aventure a démarré. « Puis j’ai fait ça pendant un an. J’ai skié à partir de mes deux ans et demi et commencé le snowboard à cinq ans. Un an plus tard, je me suis lancé dans le freestyle, je n’ai depuis jamais arrêté ». Ses aptitudes ont rapidement tapé dans l’œil des observateurs. « J’allais deux fois par semaine à la piste. Apparemment, j’avais plus de talent que je ne le savais. Quand j’avais 13 ans, je faisais des camps, et il y avait du scouting ». C’est à cette période que le parcours de Jules de Sloover a pris un virage à 180 degrés. Scolarisé au Collège Saint-Henri de Comines dans un premier temps, il a ensuite rejoint l’école de sport-études de Wilrijk à partir de la deuxième secondaire. « C’était une année importante pour moi. J’ai toujours fait de mon mieux pendant quatre ans à Wilrijk, ça a toujours payé. Je suis maintenant parmi les élites. J’aime tellement ce sport, que j’y suis arrivé. La fédération de snowboard est connectée avec l’école. Elle observe les sportifs pour voir s’ils ont beaucoup de potentiel, s’ils ont une marge de progression. Il y a des critères à remplir, notamment dans les rotations à savoir réaliser. Ce que beaucoup de personnes ne savent pas, c’est qu’il faut savoir aussi faire de nombreux kilomètres sur la planche. C’est beau à regarder un « 180 », mais il faut aussi du style et savoir faire des kilomètres ».
Pour arriver à ses fins, Jules De Sloover a dû faire des sacrifices. Il a notamment été contraint de s’éloigner de ses proches. « Je vois ma famille élargie trois fois par an, mes parents un peu plus souvent. Je suis à l’étranger entre 26 et 28 semaines par an. Quand je reviens, je passe les week-ends à la maison et la semaine, je suis à Gand. Je suis habitué à voyager. Je le fais depuis que je suis jeune. C’est sûr, au début je manquais à mes parents. C’est devenu une habitude maintenant ».
Des blessures et une médaille
En février 2019, Jules De Sloover a signé son premier fait d’arme, à Sarajevo, lors du Festival Olympique de la Jeunesse Européenne. Il avait remporté la médaille d’argent en « slopestyle », une descente acrobatique. Cette compétition est considérée comme un sérieux indicateur sur le potentiel des snowboardeurs. « C’était vraiment quelque chose de spécial, je ne m’y attendais pas. C’était trop bien », reprend le Warnetonois, encore heureux lorsqu’il évoque sa prestation. « Tout le monde était super content, c’était un grand pas en avant pour moi. Cela reste la plus belle performance de ma vie jusqu’à présent ». Un an plus tôt, le snowboardeur avait été opéré du ménisque, nécessitant une immobilisation de quatre semaines. Sa passion présente des risques. Jules De Sloover n’a d’ailleurs pas été épargné à ce niveau, mais il n’a pas froid aux yeux. « Je me suis déjà cassé le poignet, le ménisque, je me suis aussi occasionné une fracture au niveau de l’orbite. A la mi-novembre, on m’a emmené à l’hôpital. Sur une tentative d’un 1.440 degrés (quatre tours sur lui-même), j’ai atterri dans la neige sur mes talons, avant d’heurter ma tête sur le sol. Mon casque s’est cassé en deux sous la violence du choc. Heureusement, je n’ai rien eu de cassé. Je n’ai pas vraiment peur avec le feeling que j’ai, lorsque je vole dans les airs. Le fun que j’ai sur la planche dépasse la peur et le mal. Réaliser des figures m’apporte vraiment une satisfaction personnelle. Je ne pense qu’à trouver du plaisir et pas au fait qu’on peut se casser quelque chose ».
Vers une saison blanche à cause du Covid-19
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- © Maarten Avonds
Amené à voyager aux quatre coins du globe – il est déjà allé au Canada, aux Etats-Unis, en Suède, en Autriche, en Bosnie et en Suisse - Jules De Sloover ne sait pas de quoi son hiver sera fait, à cause de la crise sanitaire. La fédération internationale de ski se penche même sur l’annulation des Mondiaux de ski freestyle et de snowboard, qui doivent se tenir en février 2021 à Yanqing (Chine), à un an des Jeux olympiques de Pékin.
« Je suis rentré de la Coupe du Monde, à Calgary, au Canada, en mars dernier, juste avant le premier lock-down. Je n’ai alors pas pu aller en Autriche par la suite », explique le snowboardeur. « Mon père a contracté le coronavirus, c’était l’un des premiers dans ma ville. Il a été hospitalisé. Ça va bien mieux depuis lors, il refait du motocross ! Le confinement a tout bloqué pour moi. Mais j’ai tout de même pu utiliser le « dry slope » et le « big air » à Genk. C’est une piste artificielle avec un jump, vous atterrissez sur un matelas. Je n’ai donc pas été complètement bloqué pour m’entraîner. Est-ce que le stress de la compétition me manque ? Pas beaucoup finalement. Je préfère faire des trucs plus forts pour moi-même, le sentiment de satisfaction est plus grand. Durant l’été, je suis parti en Suisse pendant quelques semaines avant de me rendre en Italie pour suivre des sessions privées. Je suis ensuite un peu resté à la maison. Je crois que la crise sanitaire aura tout de même un gros impact. Il faut notamment réaliser des résultats lors des épreuves de Coupe du Monde. Je devais participer à une manche le 10 décembre, elle a été annulée. Ceci dit, si vous avez du potentiel et la motivation, on ne va pas vous laisser tomber. Je prie cependant pour qu’on puisse se faire vacciner rapidement. »
Les compétitions doivent permettre à Jules De Sloover d’engranger de l’expérience, dans la perspective des JO 2022 de Pékin, prévus en février 2022. « C’est un grand rêve, j’espère pouvoir y aller. Si ce n’est pas en 2022, il y aura toujours 2026. Seppe Smith a cassé son tibia, il ne peut pas snowboarder pendant neuf fois. S’il ne peut pas aller aux JO, on ne sait jamais, il y a peut-être une possibilité pour que je le remplace ». Seppe Smith est la référence belge avec ses deux titres de champion du monde en slopestyle. « S’il est la référence, c’est aussi parce qu’il ride, il est présent dans les médias et est aussi soutenu par des sponsors. Mon modèle, c’est Sebbe de Buck, qui aime tout faire à son aise. Lui et Seppe sont deux personnes complètement différentes ». Jules De Sloover se trouve dans le sillage de ces deux grands noms du snowboard belge. En attendant de pouvoir se mesurer à ses concurrents, il poursuit son apprentissage aux entraînements. « J’essaie de me préparer pour les compétitions à venir. J’apprends à allier la maîtrise à la beauté du geste », conclut celui qui peut compter sur le soutien de cinq entraîneurs en Belgique.