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ILA : initier l’accueil et la solidarité pour les candidats réfugiés

9 octobre 2020
par  Sang-Sang Wu Sang-Sang
( Presse écrite , Le virus des héros comme des gens ordinaires )

En Belgique, les demandeurs d’asile sont dirigés vers les CPAS disposant de places d’accueil et qui ont pour mission de contribuer à leur intégration.

« Tout seuls et à notre niveau (NDLR : communal), on ne pourra pas régler la problématique de la migration en Belgique. C’est aux autorités fédérales d’évaluer si la capacité d’accueil des candidats réfugiés est suffisante ou non », lance d’emblée Donatienne Tonglet, responsable du service social du CPAS d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Avec son équipe, elle accompagne 30 personnes réparties dans cinq maisons, dans le cadre d’une Initiative locale d’accueil (ILA). Il s’agit d’un hébergement destiné à accueillir des candidats réfugiés durant l’examen de la recevabilité de leur demande d’asile. Face à l’arrivée des demandeurs d’asile dans notre pays, la Commune a adopté une attitude volontariste en la matière.

Pour rappel, la toute première ILA d’Ottignies-Louvain-la-Neuve a été ouverte suite à l’importante crise migratoire de 2015. 50 places avaient alors été débloquées, mais au début 2018, le gouvernement fédéral a décidé d’en fermer pour n’en laisser que 24. « Rapidement, Fedasil (NDLR : l’agence fédérale d’accueil des demandeurs d’asile) a insisté pour que l’on rouvre de nouvelles places car il n’y en avait plus suffisamment pour répondre aux besoins », rappelle Donatienne Tonglet.

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Les assistantes sociales du CPAS d’Ottignies-LLN
© Sang-Sang Wu
Apprendre le quotidien

Concrètement, le CPAS loue des logements meublés à des propriétaires privés ou appartenant à la Ville, afin d’y héberger des candidats réfugiés. Pour l’instant, ceux-ci viennent principalement de Syrie, d’Afghanistan ou de Palestine, mais tout dépend du contexte géopolitique du moment. Émilie Magnette et Sarah Mertens, assistantes sociales, les prennent en charge et les accompagnent dans leur quotidien. « Selon le profil des familles, notre travail est très différent, expliquent-elles. Certaines n’ont jamais vécu seules dans leur logement, depuis qu’elles sont arrivées en Belgique. Il faut donc leur apprendre à se servir des taques de cuisson, de la machine à laver, etc. Bref, des choses banales du quotidien. » Ces familles disposent d’un budget pour l’alimentation et l’hygiène, le reste – frais de fonctionnement du logement, tickets pour les transports en commun, frais de scolarité – étant fourni par le CPAS.

Les assistantes sociales organisent le transfert sur le territoire et font visiter le logement aux nouveaux arrivants, en plus de faire le tour de la commune afin qu’ils puissent se repérer facilement. « Nous leur montrons où sont les écoles, les cabinets des médecins, les arrêts de bus, etc. » « Ces personnes atterrissent dans des lieux qu’elles connaissent peu et dans une culture qui n’est pas la leur. C’est le premier endroit où elles peuvent se poser et avoir de l’intimité. Elles ont besoin d’un petit temps pour souffler », souligne Marie-Pierre Lambert-Lewalle, présidente du CPAS. L’apprentissage se fait donc au jour le jour. « Il y a des choses qui ne sont pas naturelles pour elles. Par exemple, dans certains pays, les enfants vont à l’école tout seuls, mais ici, cela ne sera pas forcément le cas, en fonction des dangers qu’il y a sur la route. »

Intégrer parents et enfants

En outre, le travail des assistantes sociales est également de suivre la procédure de demande d’asile ainsi que de les soutenir dans leur parcours d’intégration socioprofessionnelle. Sans compter l’accompagnement éducatif des enfants. « On a la chance d’avoir un réseau d’écoles communales qui acceptent facilement des élèves en cours d’année », assure Sarah Mertens. Bien entendu, les ILA font l’objet de moyens supplémentaires. En ce sens, cet accueil n’a aucun impact sur les actions du CPAS vis-à-vis des autres bénéficiaires.

Avec l’aide de près de 40 bénévoles

Pour les soutenir dans cette immense tâche, les assistantes sociales d’Ottignies-Louvain-la-Neuve peuvent compter sur une accompagnatrice arabophone qui facilite les échanges et a un rôle d’éducatrice. Elle assiste les familles lors de leurs rendez-vous médicaux pour s’assurer que toutes les informations sont bien transmises. « Lorsqu’elle n’est pas disponible, nous nous débrouillons avec des applications de traduction », indique Émilie Magnette. De plus, le service social travaille avec des relais extérieurs mais aussi avec un important réseau de bénévoles qui n’hésitent pas à donner de leur temps pour accompagner les bénéficiaires dans leurs diverses démarches : « Ils sont quasiment 40 et quand on fait appel à ces citoyens, ils sont toujours là, notamment pour les déménagements. Ils viennent aider à transporter les affaires et ils mettent des camionnettes à disposition. » Parmi les partenaires dans le parcours d’intégration, il y a également Génération Espoir ASBL, l’Ifosup, le CRIBW, le Collectif des femmes et Ta’Awun.

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