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Des concerts de jazz depuis les balcons

28 mai 2021
par  Louise Hermant
( Presse écrite , Le virus de l’art )

Le Brussels Jazz Weekend repense son format et propose une édition adaptée aux mesures sanitaires en proposant des concerts depuis 19 balcons emblématiques de la capitale.

Depuis une petite dizaine d’années, le Brussels Jazz Weekend investit différentes places de la capitale, comme Sainte-Catherine ou la Grand Place ainsi que différents bars, hôtels, jazzclubs des différentes communes. L’édition 2020 avait dû être annulée en dernière minute, suite au contexte sanitaire. Si les mesures ne permettent toujours pas l’organisation de ce type d’événement pendant le mois de mai, les organisateurs ne se voyaient pas, une nouvelle fois, devoir reporter leur festival. « Ne rien faire, c’est prendre le risque que le public oublie tout simplement l’événement, après deux ans d’arrêt », souligne Steven Palmaers, organisateur du week-end dédié à la découverte du jazz.

Le Brussels Jazz Weekend ne pouvait pas non plus se permettre de mettre en place les festivités en devant respecter scrupuleusement les règles en vigueur. « On aurait dû installer des entrées et des sorties ainsi que mettre à disposition des tests. Cela demandait beaucoup d’infrastructures et une logistique supplémentaire, que l’on ne pouvait pas se permettre financièrement. Il est d’ailleurs impossible de fermer la Grand Place ». Pour les organisateurs, ces mesures auraient été en désaccord avec les ambitions du festival : celles d’êtres gratuit et accessible à tout le monde.

Pas question non plus d’organiser les festivités en ligne. « Lorsqu’on regarde la définition d’un concert dans le dictionnaire, il faut que celui-ci soit présenté devant un public pour être considéré comme tel. Le streaming ne permet pas d’atteindre nos objectifs, comme la découverte du jazz et offrir une scène aux musiciens ». L’équipe du festival se félicite aujourd’hui de ne pas avoir choisi cette voie : « On ne peut plus demander aux gens de rallumer leur ordinateur le soir pour regarder un concert de jazz. »

Un tour des balcons et de Bruxelles

L’option finalement privilégiée a été la plus simple à mettre en place : organiser des concerts sur des balcons emblématiques de la ville. Du 29 au 30 mai, des musiciens seront présents chaque heure dans l’une des 19 communes de Bruxelles, une manière de faire redécouvrir la ville. Le coup d’envoi sera donné à Saint-Gilles à l’Hôtel de Ville vers 12h avec Karen van Schaik. Marie-Sophie Talbot, Bart Defoort & Victor Da Costa et Jordi Grognard seront respectivement installés sur les balcons du château Malou à Woluwe-Saint-Lambert, de la place Fernand Coq à Ixelles et du château de Karreveld. L’événement se clôturera avec le Brussels Jazz Orchestra à la Maison du Roi, situé sur la Grand Place, le dimanche à 21h.

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© Mark Borgions HandMade Monsters

Cette idée des balcons permet d’empêcher les grands rassemblements. « Se produire sur un balcon ne demande pas d’avoir toute une infrastructure avec des sons et lumières à installer ou de faire venir des foodtrucks comme c’est généralement le cas. Habituellement, les concerts sur la Grand Place dure quatre heure. Pour cette édition, les groupes joueront pendant 30 minutes. De cette manière, on n’invite pas les gens à rester sur place pendant des heures ». De cette manière, le public pourra se déplacer régulièrement et partir à la découverte de plusieurs groupes ainsi que des communes bruxelloises.

Une invitation lancée à tous les musiciens bruxellois

En plus des musiciens programmés de manière officielle, tous les amateurs de jazz sont invités à prendre possession de leurs balcons et à participer à l’événement à leur façon. « On va afficher tous les participants sur une carte qui sera disponible sur notre site. On va ainsi donner la possibilité aux gens du quartier de voir s’il y a un musicien qui va jouer près de chez eux. » Pour le moment, une vingtaine de musiciens se sont déjà inscrits.

Parmi ceux-ci, on compte notamment Simon Gronowski, président de l’Union des déportés juifs en Belgique et pianiste de jazz. Dès le début du premier confinement, le musicien qui a notamment partagé la scène avec Woody Allen lors de l’un de ses passages à Bruxelles avait déjà fait profiter ses voisins de sa musique en ouvrant ses fenêtres et en jouant tous les soirs. « Il y a plein de styles de jazzman qui vont participer, pas que des professionnels et pas que des jeunes », se réjouit Steven Palmaers.

Si cette option est plutôt réjouissante et une bonne alternative, elle ne restera pas les prochaines années. Le festival compte bien retrouver son format traditionnel dès que possible. Néanmoins, les organisateurs aimeraient agrandir le terrain du festival dans le futur. « L’avantage de la pandémie, si je peux dire, est qu’elle nous a forcé à réfléchir différemment et à mettre encore plus en avant la découverte de la capitale. Les communes sont heureuses de présenter des musiciens et de faire venir du public. »

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