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Delphine, l’ex-psychologue devenue fromagère

23 septembre 2020
par  Caroline Beauvois
( Presse écrite , Tout... sauf le virus ! )

Depuis un an, Delphine Crepin fabrique du fromage de brebis Aux Del’ices d’Autrefois. Une belle histoire qui s’écrit dans une vieille fermette du village de Rahier, à Stoumont.

Rien ne prédestinait particulièrement Delphine Crepin, 33 ans, à devenir fromagère. Un master en psychologie en poche et quatre années dans la profession, elle décide alors de changer de vie.

« Je me suis toujours intéressée à l’alimentaire. J’ai commencé à cuisiner, à faire beaucoup de choses moi-même comme le pain et la confiture. Et puis, c’est en 2014, sur un petit marché de producteurs locaux que j’ai rencontré un fromager de Dison. Il m’a proposé d’apprendre à faire du fromage à ses côtés. Je me suis lancée. » Elle reprendra alors un temps la fromagerie avec un collaborateur.

Et puis, un nouveau projet de taille : l’achat d’une ancienne fermette à l’abandon de près 300 ans dans le village de Rahier, dans la commune de Stoumont. « J’ai eu le coup de cœur ! Je me suis sentie chez moi tout de suite. Mais c’était un peu l’aventure… J’ai survécu au premier hiver avec des températures négatives à l’intérieur (rires) et puis les travaux ont commencé au printemps suivant. » Un an plus tard, Delphine rencontre Jérôme, celui qui devient son mari. « Le projet s’est alors construit à deux, puis à trois avec l’arrivée en octobre dernier de Camille. »

Aux Del’ices d’Autrefois

L’atelier terminé en avril 2019, Delphine se lance au mois de juillet suivant comme indépendante complémentaire. Alors enceinte, elle commence « gentiment à remplir la cave » de produits lactés. Au mois de février, elle relance la production et commence à démarcher les clients.

Depuis, chaque jeudi, c’est la même routine pour la jeune femme : direction l’atelier pour transformer les 100 litres de lait bio du jour (voire 200 en haute saison), en produits lactés. A chaque recette, ses gestes précis. Et si son jardin accueille aujourd’hui brebis, chèvres, poules et autres canards, c’est le lait cru de brebis bio d’une production de Prüm, dans l’Eiffel en Allemagne, qu’elle transforme. « Produire du lait chez moi ? J’y ai pensé, mais c’est un métier à part entière… »

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De la feta’ardennaise et autres délices

Sa production ? Du yaourt, du fromage frais affiné ainsi que de la feta’ardennaise nature ou marinée dans de l’huile d’olive et des épices. Et puis, du Bénou et du Martinville. « Le Bénou est un fromage à pâte dure et pressée, de type du Pyrénées. C’est un fromage qui affine cinq mois, au minimum, en cave. Le Martinville est lui une pâte mi-dure, plus moelleuse. » Martinville ? « C’était le nom de l’ancien village ici, la partie de Rahier où se trouvaient les fermes. » (sourire)

Aujourd’hui, trois restaurants (Hostellerie Lafarques à Pepinster, L’art de Vivre à Spa et Les Doux Ragots de la Gleize) proposent ses produits, preuve de réussite. La passionnée des belles histoires reçoit également les clients à l’atelier, sur rendez-vous ; car Delphine travaille également dans un maraîchage. Une véritable entrepreneuse de la nature.

« Tendre vers l’autonomie alimentaire »

Outre les fromages, qu’elle confectionne en nombre, Delphine Crepin tend, avec sa famille, vers l’autonomie alimentaire. « On fait une partie de notre viande nous-mêmes, on a un potager ainsi que des poules et des canards. » En été, la jeune maman confectionne des confitures et des conserves pour l’hiver avec « un maximum de nos produits ou de produits de la région. Même si, il faut être honnête, ce n’est pas toujours possible ». Une manière de manger « plus sainement », mais aussi de faire vivre l’économie locale. « Manger de saison et local, c’est manger des produits adaptés à notre climat et nos conditions de vie, donc des produits qui ne doivent pas être ‘boostés’ et sont de bien meilleure qualité. »

Le confinement, période dorée pour les producteurs locaux

Pendant le confinement, une toute nouvelle clientèle s’est présentée à sa porte. Les producteurs locaux ont en effet été pris d’assaut un peu partout en Belgique. « Mais ça a très vite retombé. Avec le déconfinement et les vacances, il y a eu un trou de fou ! Et puis, on a surtout retrouvé notre clientèle, plus quelques autres clients qui ont gardé ces nouvelles habitudes. » Alors, aujourd’hui, quelques mois après s’être lancée, elle espère que les commandes suivront, histoire de pouvoir s’y retrouver. Et puis, d’autres projets se dessinent en parallèle comme la rénovation du vieux four à pain de la fermette pour, pourquoi pas, proposer des ateliers de pains aux villageois. Et ce projet sent lui aussi déjà extrêmement bon.

Infos : Aux Del’ices d’Autrefois (Facebook) -
Rahier 40, Stoumont

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