« De l’émotion, de l’insolite et de l’action »
François Mazure est à la tête de « Un monde à part », une nouvelle émission d’aventure.
Le journaliste de la RTBF troque ses chemises et sa cravate pour des chaussures de marche et la panoplie d’aventurier. François Mazure est le nouveau visage de la case découverte et aventure de la chaîne publique. Dans l’émission qu’il a créée, « Un monde à part », il emmène les téléspectateurs aux quatre coins du monde à la découverte de personnalités hors du commun ou de métiers insolites. Un programme qui invite au voyage et à la curiosité.
Quel est le concept du programme ?
Nous sommes dans une génération et sur une planète où les gens voyagent plus facilement qu’avant, en dehors de la période Covid évidemment. On saute dans l’avion comme on prenait le bus. Nous avons parfois le sentiment, et c’est le mien, que l’on se retrouve tous au même endroit pour prendre la même photo. L’objectif de l’émission est d’emmener les téléspectateurs vers l’insolite, l’inconnu, dans des lieux étonnants et à la rencontre de personnages surprenants pour des aventures exceptionnelles. Le fil rouge est ma propre personne. Je quitte mon rôle de journaliste, je me mouille, je participe et cela permet d’avoir un récit plus authentique. La ligne éditoriale, c’est de l’émotion, de l’insolite et de l’action.
Cette émission est-elle l’héritière des « Carnets du bourlingueur » ?
Pas du tout car nous sommes dans deux domaines très différents. J’ai beaucoup d’admiration pour le bourlingueur qui a été une émission qui a duré 40 ans. Je suis sur du reportage, je vais à la rencontre de personnes dans leur vie quotidienne. Philippe Lambillon donnait des conseils d’aventurier, il jouait des scènes écrites et jouées. « Un monde à part », c’est du vrai reportage. Je montre la réalité des gens. Ce sont deux concepts différents. Effectivement, la case découverte/aventure s’est libérée et « Un monde à part » remplace les « Carnets ». Mais le contenu est très différent.
Vous êtes notamment parti en Colombie au milieu des forces spéciales. Le reportage est assez intense. Avez-vous parfois eu peur ?
Non, pas vraiment ! Quand on est dans l’action, on ne s’en rend pas toujours compte. Quand on est en reportage, on pense uniquement à la séquence, à ce qu’on va ramener comme matière. Je suis monté sur une plateforme pour faire du rappel avec la tête en avant. Je n’ai pas réfléchi au danger ni à la peur, j’ai réfléchi à la séquence que ça allait donner. J’ai plus ressenti du danger en allant au Congo, dans le Nord-Kivu où il y a des rebelles, des milices. Là, il y a une certaine forme d’appréhension. Mais ce sont des risques qui sont calculés. Je suis papa, j’ai deux enfants, je n’ai pas envie de risquer ma vie pour de la télévision. Nous allons toujours mesurer à l’avance la part de risque. Au Congo, nous étions tout le temps accompagnés par une escorte armée.
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Avez-vous un côté tête brûlée ?
Oui ! Cela fait partie de ma personnalité. Je fais parfois des choses et puis je réfléchis après ! Cela peut être positif car on prend des risques et parfois cela marche, mais cela peut aussi vous jouer des tours ! J’aime l’aventure, cela me procure de l’adrénaline. Je suis comme ça depuis tout petit. Je me souviens de vacances avec mes parents quand j’avais 8 ou 9 ans. Nous accompagnions un berger dans le début de la transhumance dans les Alpes. Nous avons dû dormir dans une cabane de fortune. Durant la nuit, il y a eu un terrible orage. Tous les enfants étaient terrorisés. Moi au contraire, je trouvais génial ce que nous vivions ! Plus grand, dès que j’avais l’opportunité de bouger, je partais. J’ai pu me rendre en Inde, au Sénégal, aux Philippines. Même si je n’avais pas d’argent, je me débrouillais via des associations ou des programmes d’échange pour aller vivre des aventures. J’ai toujours eu ça en moi, même avant d’être journaliste.
Cette nouvelle émission vous emmène aux quatre coins du monde… en pleine pandémie. Cela a dû vous compliquer la tâche ?
Évidemment, je n’ai jamais vécu une période aussi compliquée pour voyager. Nous faisions en moyenne entre quatre et cinq tests par voyage. Au Congo, c’était sept tests Covid. Et puis, nous vivions dans l’incertitude permanente. Quand on part, on sait quelles sont les règles de voyage mais quand on revient, les règles ont peut-être changé entre-temps ! Aux États-Unis, ils n’étaient pas au courant qu’en Belgique, c’est à l’arrivée qu’il faut un test Covid. Chez eux, c’est avant de prendre l’avion. Donc à l’aéroport, cela a amené pas mal de discussions ! Voyager en période de Covid, il faut le vouloir. Mais cela nous a permis de vivre des choses formidables, car nous sommes arrivés dans des endroits totalement désertés par les touristes. Au mont Rushmore, il n’y avait pas un chat alors que normalement, c’est un site qui est pris d’assaut !
Comment conciliez-vous cette nouvelle émission avec vos autres fonctions à la RTBF ? Les programmes tournés en studio, c’est fini pour vous ?
Je continue « Doc shot », ce qui me demande une organisation particulière. Je travaille à temps plein sur « Un monde à part », car c’est l’émission que j’ai créée, que je pilote. Nous devons en produire une dizaine par an. Et nous créons du contenu toute l’année pour les réseaux sociaux. « Doc shot », ce sont des plateaux, donc j’organise mon emploi du temps en fonction de cela aussi.
Vous êtes papa, ce n’est pas trop compliqué de vous éloigner plus souvent de la maison ?
Cela demande une certaine organisation mais je prends vraiment soin d’expliquer à mes enfants où je vais. Et puis, nous vivons dans un monde avec des technologies qui nous permettent de rester en contact même lorsque vous êtes loin. Cela change la donne ! Les enfants comprennent et quand je suis de retour, je suis présent à 100% pour eux. Ce qui est important pour eux, c’est aussi de voir leur papa ou leur maman qui est heureux. Quand je rentre, je leur raconte ce que j’ai vécu. Ces reportages, c’est mon métier. Et quand je reviens en Belgique, je mets un point d’honneur à être en forme, même s’il y a le décalage horaire, la fatigue. La vie continue en Belgique et il faut reprendre le rythme.