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Covid-19, l’angoisse des bibliothécaires !

3 novembre 2021
par  Jessica Defgnée
( Presse écrite )

A Liège, la bibliothèque Chiroux a instauré un service de prêt en take away. Un service destiné à réduire les contacts qui a connu un certain succès...

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© DR

Nous avons tous, ne serait-ce qu’une fois, humecté un doigt avec notre langue afin de tourner les pages d’un livre ou d’un magazine… Un geste que l’on fait machinalement, sans même vraiment s’en rendre compte… Un geste qui peut aussi paraître tout à fait anodin… Mais cela, c’était avant début 2020... Avant que la Covid-19 ne vienne chambouler nos vies, notre quotidien, nous obligeant à nous adapter et respecter certaines mesures de sécurité et d’hygiène… certes élémentaires !
Un geste anodin, donc, qui a subitement inquiété çà et là, comme dans les salles d’attente d’hôpitaux ou de cabinets médicaux mais aussi au sein des bibliothèques… Et ce n’est pas à la bibliothèque des Chiroux, à Liège, où l’on dira le contraire ! « Au premier confinement, il y avait beaucoup d’informations scientifiques différentes qui circulaient quant à la transmission du virus. Nous avons alors cherché ce qui était préconisé au niveau de la manipulation du papier, notamment auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Même les virologues ne partageaient pas les mêmes analyses… D’un côté, on disait d’appliquer une quarantaine de dix jours dès le moment où les livres étaient ramenés, dans une pièce close, pour seulement après ce délai les remettre dans les rayons. Par contre, ici en Belgique, on parlait plutôt d’une période de 72 heures », se souvient Bénédicte Dochain, directrice de la bibliothèque Chiroux.
Autant dire que les craintes étaient palpables parmi les employé(e)s… Face à l’afflux d’informations, parfois contradictoires, il a alors été décidé de couper la poire en deux et d’appliquer ainsi une quarantaine d’une semaine avant de manipuler à nouveau les ouvrages restitués. « S’est aussi posée la question de savoir s’il fallait porter des gants pour manipuler les livres. Si oui, il fallait alors les changer souvent… Finalement, nous avons suivi la recommandation de se laver très régulièrement les mains dès que l’on touchait des livres », poursuit la directrice. « Puis, durant l’été, il a été dit que le virus ne restait finalement pas longtemps sur les livres une fois ramenés et donc cela a apporté des apaisements vis-à-vis de la procédure que nous avions mise en place ».

Simple et rapide !

Pour les Chiroux, il était très important de disposer des bonnes informations en la matière, non seulement parce qu’elle est, avec ses milliers d’ouvrages, la plus grosse structure en fédération Wallonie-Bruxelles mais aussi en raison de son statut de bibliothèque centrale en province de Liège qui lui donne un rôle de soutien envers les bibliothèques locales de son réseau, à l’échelle provinciale. C’est ainsi que ses équipes étaient sollicitées par d’autres structures où les questionnements et craintes étaient similaires mais il leur revenait également de leur transmettre toute information susceptible de les aiguiller sur la marche à suivre pour un bon fonctionnement en cette période de crise. Un contexte stressant qui a contraint les uns et les autres à s’adapter afin d’évoluer au quotidien le plus sereinement possible. Ce qui a mené, aux Chiroux, à mettre en place un nouveau service destiné à réduire les risques de transmission tout en gardant le contact avec les lecteurs.
« Nous avons instauré du take away. Soit par téléphone, soit en envoyant un mail, il était possible d’effectuer une réservation. Un bibliothécaire préparait alors ce qui avait été réservé dans un sac dédié à ce service afin que la personne vienne le chercher à l’accueil. Au premier confinement, nous avons enregistré 900 prêts de cette manière », explique Bénédicte Dochain. « Le service a été maintenu et à l’issue du reconfinement intervenu en fin d’année, ce ne sont pas moins de 3.000 lecteurs qui y avaient eu recours », relève-t-elle.
Et pour le retour des livres, il suffisait de déposer son sac dans la borne extérieure, déjà en place avant la pandémie afin de permettre aux lecteurs de rentrer les ouvrages empruntés en dehors des heures d’ouverture. « Cela tombe dans un bac, qui était vidé au fur et à mesure. Cette manière de procéder a vraiment facilité les choses par rapport à d’autres bibliothèques qui ont dû stocker les ouvrages dans des caisses, dans des espaces parfois réduits, le temps nécessaire »…

Prêt numérique en hausse

Toujours dans cette logique de réduire les contacts, d’autres adaptations ont été mises en oeuvre, comme l’instauration de rendez-vous afin d’éviter que des files d’attente ne se forment. "Nous avons également donné la possibilité de réserver un bibliothécaire durant une heure pour des demandes ciblées, par exemple pour une recherche en lien avec un travail de fin d’étude ou pour des conseils de lecture. Nous avons dénombré une centaine de rendez-vous de septembre à décembre, preuve que cela répondait à un besoin du public", ajoute la directrice des Chiroux, qui soulève ainsi que la pandémie a renforcé certaines pratiques et même donné naissance à de nouvelles, particulièrement au niveau du numérique. "On n’aurait jamais imaginé cela il y a deux ans... Les chiffres de consultation du catalogue en ligne de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont littéralement explosé, avec une augmentation de 78 % en 2020 par rapport au nombre de prêts en version numérique".
Si bien que l’on constate aujourd’hui que ces nouvelles habitudes et pratiques induites par cette pandémie ont tendance à se conserver, comme le take away qui a été maintenu au vu de l’intérêt que le service suscite auprès des lecteurs.

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