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Comment le Covid a changé la rentrée scolaire à Huy-Waremme

3 septembre 2020
par  Romain Masquelier
( Presse écrite , Le virus de la débrouille )

À quelques jours de la rentrée, les écoles de Huy-Waremme règlent les derniers préparatifs. Les acteurs de terrain semblent unanimes : le coronavirus a profondément changé l’école. Exemples au Collège de Hannut, à l’Abbaye de Flône et à l’école communale de Warzée.

On en parle depuis des mois, et voici qu’elle arrive à grands pas. La rentrée des classes n’est plus qu’une question d’heures. « Depuis le 3 août, on n’arrête pas ! Cette crise est un véritable marathon, mais tout le monde se réjouit de reprendre les cours », confie Patrick Carlier, directeur du Collège Sainte-Croix et Notre-Dame de Hannut.

Il faut dire que la rentrée a rarement suscité autant d’attention médiatique, d’euphorie et également d’inquiétudes. « C’est sûr : il s’agit d’une rentrée particulière… mais elle est au final assez proche d’une rentrée normale. Tous les élèves rentrent, avec un horaire complet. Et ça, c’est une bonne nouvelle. En pédagogique, rien ne remplacera la relation en direct », assure Pierre-Yves Helmus, directeur de l’école de l’Abbaye de Flône, derrière un plexiglas « home made » placé sur son bureau.

Dans le couloir, une jeune professeure d’histoire vient de recevoir son horaire et semble déterminée face à cette reprise « historique » : « C’est maintenant qu’il faut tout donner pour repartir sur de bonnes bases ».

Face à la situation sanitaire actuelle, la rentrée de septembre est placée en « code jaune ». Comme partout, les écoles sont désormais munies d’une panoplie de pictogrammes (lavage des mains et port du masque obligatoires, sens unique dans les escaliers…), et les pots de gel hydroalcoolique trônent sur les bureaux des professeurs et à l’entrée des écoles.

Pour rappel, le masque est obligatoire pour les enseignants et pour les élèves de secondaire. Une situation similaire à celle du mois de mai. Selon le directeur de Flône, cette rentrée de mai était d’ailleurs véritablement indispensable pour préparer celle de septembre, et garder le contact avec les élèves. « C’était pertinent de reprendre les cours, et ça a été très bénéfique pour ceux qui sont revenus ».

Rattraper le retard et changer de méthode

Certains élèves de secondaire (notamment ceux de 3e et 4e) ne sont plus rentrés à l’école depuis mars… à savoir six mois. « Il faudra redoubler de vigilance et mettre tout en œuvre pour ne pas avoir de décrochage », assure Pierre-Yves Helmus. Il va donc falloir faire « le tri » dans la matière en identifiant les « indispensables », organiser des remédiations, de la différenciation… On nous fait comprendre que tout l’enjeu de ces premières semaines sera de recréer du lien, de la motivation et de ne pas accroître les inégalités scolaires d’avant la crise.

Les habitudes pédagogiques risquent également de devoir évoluer, et notamment les fameuses « sessions d’examens ». Dans l’enseignement officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les examens de décembre ont déjà été supprimés. Dans les autres réseaux, la réflexion est en cours. Mais en tout cas, « il faudra maintenant revoir la notion d’évaluation, et surtout mettre l’accent sur les apprentissages », assure le directeur hannutois, qui plaide depuis longtemps pour une revalorisation de l’évaluation formative. Bref, cette rentrée de septembre s’annonce être un véritable « challenge » pour les enseignants, les directions, et bien sûr les élèves.

Le numérique est devenu essentiel pour les écoles

Cette crise sanitaire a en quelque sorte forcé les écoles à se plonger dans le monde du numérique. Du jour au lendemain, les professeurs ont dû prendre contact virtuellement avec leurs élèves et proposer des contenus d’« enseignement à distance ».

À Hannut, les équipes pédagogiques du Collège ont décidé d’utiliser l’interface « itslearning » « pour permettre aux équipes de mieux partager les contenus ». Le Collège possède d’ailleurs désormais 200 ordinateurs, et une quinzaine de tableaux interactifs, et compte continuer sur cette voie pour familiariser les étudiants avec les outils numériques.

À Flône, une plateforme a également été mise en place avant les vacances d’été. Un investissement qui peut s’avérer extrêmement utile en cas de rebond de l’épidémie et d’un passage « en code rouge ». « On sera mieux préparé, c’est sûr », assure le directeur, qui reste cependant sceptique quant à « enseignement numérique ».

« L’école a un rôle social : on y apprend des valeurs, on règle des problèmes, on ouvre à la culture, à la différence… La présence physique n’est pas remplaçable par un ordinateur », assure Pierre-Yves Helmus.

Ne pas négliger l’impact psychologique

Pour Frédéric Brogiato, directeur de l’école communale primaire et maternelle de Warzée (Ouffet), il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique du confinement et du climat anxiogène du coronavirus. Cette école de village a donc décidé de placer cette rentrée sous le thème « Apprivoisons les émotions ». « Lors de la reprise de mai, on s’est rendu compte que les enfants avaient parfois du mal à exprimer ce qu’ils ressentaient », constate le directeur, qui a prévu avec ses équipes des ateliers et activités sur cette thématique.

De plus, le protocole sanitaire semble peser sur le moral de certains petits. Certes, en primaire et en maternelle, le masque n’est pas obligatoire pour les enfants. Mais « la prudence » reste de mise. « Arrêter de faire la bise, limiter les contacts… Chez certains, et en particulier les plus petits, cela demande un véritable effort. On a donc essayé des alternatives ludiques comme le salut avec le pied, mais ce n’est pas la même chose ».

La généralisation de l’« enseignement à distance » et des devoirs n’a également pas été vécue de la même façon pour chaque enfant. Pour assurer des conditions d’apprentissage plus égalitaires, l’école de Warzée a d’ailleurs décidé d’organiser une demi-heure d’étude collective en classe avec le professeur avant la fin de la journée. Une manière d’« apprendre à faire ses devoirs » et de réduire la charge de travail à domicile.

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