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Comment la Covid-19 a obligé « Je cours pour ma forme » à se réinventer

26 janvier 2021
par  Clément Dormal
( Presse écrite , Le virus du sport )

Comme de nombreuses autres associations sportives, le programme « Je cours pour ma forme » a vécu une année chamboulée par le coronavirus.

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la course à pied fait partie des rares sports qu’il a toujours été possible de pratiquer sans restriction ou presque. L’activité, qui recense de plus en plus d’adeptes d’années en années, profite de son statut de sport individuel pratiqué à l’extérieur pour passer entre les mailles des mesures sanitaires. La Covid-19 aura pourtant eu un effet négatif sur de nombreux joggeurs qui se rassemblent pour courir ensemble. C’est notamment le cas des coureurs de « Je cours pour ma forme », qui se réunissent durant deux cycles de douze semaines au printemps (mars-juin) et à l’automne (septembre-novembre).

Deuxième vague oblige, les rassemblements de parfois 50 personnes ont été interrompus durant ce deuxième cycle. Trois choix ont été présentés aux 200 entités qui représentent 27.000 joggeurs annuellement en Belgique : mettre la clé sous le paillasson et reprendre en 2021, continuer les entraînements à distance, ou arrêter temporairement en attendant que la pandémie se calme. « Sur les 200 entités, on a eu les trois attitudes », explique Jean-Paul Bruwier, qui a lancé le programme en 2008.

Du réel au virtuel

Avec des résultats parfois surprenants. Comme cela a été le cas dans de nombreuses entreprises avec la généralisation du télétravail, le coronavirus a donné naissance à une nouvelle forme de course à pied… virtuelle. Cela a notamment été le cas dans la commune d’Assesse, où une trentaine de joggeurs a continué son activité grâce à des entraînements via Zoom. En pratique, tous les membres étaient connectés sur Zoom pour pratiquer l’activité au même moment. Le micro coupé, ils écoutaient les consignes de leur coach qui donnait ses conseils durant la séance. Avant et après cette dernière, ils avaient tout le loisir de discuter avec les autres membres du groupe. « Cela a très bien fonctionné », poursuit Jean-Paul Bruwier. Pourtant, c’était loin d’être gagné d’avance. Au départ, seul cinq joggeurs ont été séduits par l’initiative. « Puis les autres s’y sont mis. Mais pour que cela se produise, il a fallu que quelqu’un de plus jeune qui maîtrisait Zoom prenne le temps de convaincre un noyau dur et ce noyau dur a pu convaincre le reste de la communauté. Finalement, plus de la moitié des participants a repris de cette manière à Assesse ».

Mais à côté de cette belle initiative, les mesures sanitaires auront eu raison de nombreux joggeurs qui ne participaient aux séances que pour le côté social de l’activité. « C’est comme dans les écoles, il y a du décrochage. Les personnes plus fragiles décrochent », détaille l’ancien spécialiste du 400 mètres haies. Selon ce dernier, il existe plusieurs leviers qui poussent les gens à venir s’entraîner : le levier santé, le levier social, et le levier physique. « Si vous avez les trois leviers et qu’il y en a un qui tombe, ce n’est pas grave, la personne restera motivée. Mais les personnes qui n’avaient que le levier social, on les a perdues ».

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© Je cours pour ma forme
De l’espoir pour 2021

La peur du virus a également joué un rôle non négligeable dans la participation des membres et a eu un effet sur la structure des groupes. Il y a par exemple eu proportionnellement plus de jeunes (entre 20 et 45 ans) que de personnes âgées (50 ans et plus) qui ont participé aux séances, ces derniers s’étant montrés plus « craintifs ».

Ce décrochage se chiffre aux alentours de 50% des membres. « C’est une petite catastrophe en termes de santé publique d’avoir arrêté les entraînements collectifs », déplore Jean-Paul Bruwier. Surtout que, selon lui, son programme n’a été à l’origine d’aucun cluster. « Mais comme l’a dit maladroitement notre ministre, c’est un peu du psychologique. Les gens n’auraient pas compris que des rassemblements collectifs de 40 personnes puissent toujours avoir lieu ». Reste qu’à la reprise en septembre, « il n’y a pas eu d’alerte et le coronavirus n’a pas été détecté dans des cas d’entraînements à l’extérieur. Mais par solidarité, on a transmis le même message (d’arrêt, ndlr) à toutes les communes, cela aurait été ridicule de faire autrement ».

Pour les organisateurs comme pour les joggeurs, tous les regards sont désormais tournés vers 2021 dans l’espoir d’une reprise normale. Si les conditions sanitaires le permettent, Jean-Paul Bruwier s’attend d’ailleurs à une hausse d’inscriptions au programme. « Il pourrait y avoir un effet rebond. Il a d’ailleurs déjà eu lieu en septembre pour les jeunes entre 20 et 45 ans. Les gens ont tellement besoin de se revoir ou de reprendre soin de leur santé après cette pause de presque un an qu’on pourrait avoir plus d’inscrits. On va voir comment cela se passe. Et tant mieux s’il y a plus de monde qui vient courir, cela veut dire plus de convivialité et plus de santé », conclut-il.

Plus d’informations : https://www.jecourspourmaforme.com/fr/

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