Cœur de l’Ardenne et pandémie : quels enseignements pour le tourisme ?
La Maison du Tourisme « Cœur de l’Ardenne, au fil de l’Ourthe et de l’Aisne » recouvre les communes d’Erezée, Houffalize, La Roche-en-Ardenne, Manhay et Rendeux. Un territoire situé en province de Luxembourg qui, chaque année, draine de très nombreux touristes. La Maison du Tourisme se revendique elle-même comme « Une forteresse naturelle mais également une terre d’accueil. » Cette « forteresse » allait-elle faire le frais de la pandémie liée au COVID-19 ? Rien n’était moins sûr. Retour dans le temps.
L’annonce, en mars 2020, par la Première ministre, Sophie Wilmès, du confinement provoque un véritable séisme. Jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, de telles mesures n’avaient été prises. La population s’interroge. Le tissu économique tremble. Le tourisme, partie intégrante de ce dernier, n’est pas en reste. Chronologiquement, nous sommes à un mois de la fête de Pâques et des congés qui y sont liés. Une « avant-saison » souvent prometteuse. La météo est, en outre, de la partie. « Le début de la crise COVID dans le secteur touristique et notamment sur le territoire de notre maison du Tourisme a été très difficile. Il y avait beaucoup de questions, d’interrogations de la part de tout le monde. Les responsables d’hébergements, d’attractions ou encore l’Horeca se posaient beaucoup de questions. Ce qui était présent dans toutes les conversations et contacts, c’était l’incertitude, l’inconnue du lendemain. »se remémore Audrey Carlier, de ladite Maison du Tourisme.
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- Nous sommes le 20 juin 2020. L’hôtel de ville de La Roche-en-Ardenne est le témoin du retour des touristes. Ils seront présents en masse dans la région pendant les semaines suivantes
- ©J.-MBodelet
Ruée vers l’Ardenne
En cette fin de mois de mars 2020, les frontières sont fermées pour les déplacements non essentiels. Les voyages à l’intérieur de notre pays sont interdits. Le retour dans les secondes-résidences également. Le 1er mai, jour traditionnellement de forte affluence dans la région, cette dernière est désespérément vide. Dans le piétonnier de La Roche-en-Ardenne, habituellement bondé à une telle date, il n’y a pas âme qui vive. Un sentiment de tristesse, une ambiance toute particulière. Le déconfinement se prépare cependant. Il est phasé. La notion de « bulles » fait son apparition. Le masque va bientôt devenir obligatoire. Peu à peu, la vie reprend son rythme. Tout en respectant certaines mesures, les touristes peuvent revenir. Un peu après la mi-mai, les résidences secondaires sont à nouveau accessibles. Par contre, pour le secteur de l’Horeca, c’est la douche froide à chaque comité de concertation. Il n’y aura pas de longs week-ends ni de l’Ascension ni de la Pentecôte. In fine, ce secteur rouvrira ses portes, avec des modalités strictes, le 8 juin. Les touristes ne se font pas prier. Une véritable « ruée vers l’Ardenne » est constatée : « La météo était en plus très très clémente »explique encore Audrey Carlier. Elle ajoute : « Cette météo couplée à l’impossibilité de pouvoir partir à l’étranger et au sentiment « d’enfermement » lié au confinement ont évidemment été des éléments clés pour le tourisme dans notre région lors des vacances. » Le secteur touristique, lui, avant ce retour, était partagé entre deux grandes options : « Certains se sont tout de suite adaptés et ont proposé des alternatives soit classiques, soit innovantes, avec notamment le recours au virtuel. D’autres ont attendu la relance. »
La nature, pôle d’attraction
Du côté de la Maison du Tourisme « Cœur l ‘Ardenne » pas question de tergiverser. Il fallait être prêt pour ce retour des touristes. « La première raison pour laquelle les touristes viennent chez nous est la randonnée, la promenade dans la nature. La demande pour ce produit s’est accentuée encore davantage lors du déconfinement. Nous avons misé sur un balisage au top et un bon entretien de notre réseau, qui, sur les 6 communes où nous sommes actifs, compte plus de 1 300 kilomètres de balades pédestres et plus de 1 000 kilomètres pour le VTT ou le VTT électrique »explique toujours notre interlocutrice. Derrière cette demande, derrière la préparation des promenades, un autre axe important a été au centre des attentions de la maison du Tourisme, celui de la communication : « Nous avons communiqué également sur les réseaux sociaux, en mettant le produit ’randonnée’ en évidence, en mettant en avant les atouts nature de notre région »enchaine-t-elle. Cela a été payant. De l’avis unanime des pros du secteur, jamais autant de monde n’avait été vu dans la région. Il fallait revenir, pour se faire, aux « années d’or » des décennies 1960-1970. Du coté des touristes, cela a été une découverte ou une redécouverte de la région. Que ce soit pour une journée ou pour un séjour un peu plus long. De nouvelles habitudes ont-elles été prises ? Impossible à dire. Certes, les retours ont été positifs. Une étude statistique sur plusieurs saisons ne serait pas inutile pour quantifier l’aspect COVID sur les déplacements des touristes belges dans leur pays et plus particulièrement en Ardenne. En octobre, de nouvelles mesures étaient décrétées avec son lot de fermetures et d’interdictions. Les mesures d’assouplissement qui suivront et la neige seront également des aubaines pour le tourisme dans le « Cœur de l’Ardenne. » Avec une conclusion d’Audrey Carlier : « Comme dans de nombreux domaines, rien n’est acquis et il faut sans cesse innover et se démarquer. Cette pandémie le prouve une fois de plus. » La « forteresse naturelle, » elle, n’est pas tombée.