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Cisolré organise la partition pour les transmigrants à Liège et pour tous ceux qui sont dans le besoin

27 janvier 2021
par  Marc Gerardy
( Presse écrite , Le virus de la solidarité )

En plein cœur de la Cité ardente, non loin de l’Hôtel de police, un immeuble abrite les transmigrants depuis le mois de janvier 2020. C’est là que s’est installée l’association baptisée « Cisolré », soit le diminutif de « Citoyens solidaires réfugiés ».

Une association créée par Samia Youssouf qui a trouvé ce local privé qu’elle loue avec un loyer et des charges. « Nous accueillons ici des filles et des garçons, de jeunes Erythréens très respectueux et très polis et parfois quelques Ethiopiens. Pas question de bagarre dans ce lieu. Nous sommes près du quartier général de la police de Liège qui n’a jamais rencontré de problème avec eux. Ils passent inaperçus en ville. Et aucun problème n’est jamais survenu avec les voisins. Nous avons été bien acceptés dans le quartier », précise Samia.

« Nous recevons l’aide de la Croix Rouge de Liège, de la Banque alimentaire, de Caritas Secours Liège, de l’Abri de jour, du magasin Alibaba qui nous donne ses invendus tout comme plusieurs restaurateurs et du Grand café de Georges Uhoda qui nous a préparé des repas à la gare des Guillemins durant le premier confinement. La Fondation Roi Baudouin nous a offert 10.000€ ce qui nous a permis d’apporter des colis pendant deux mois à une cinquantaine de personnes. L’Armée du Salut, le Resto du Cœur, la communauté djiboutienne, la communauté érythréenne peu nombreuse mais très solidaire et tous nos bénévoles motivés à 100% Abou, Jonas, Véronique, Hélène, Claire, Charlotte, Fanta, Philippe, Laura et Christine. Mais on laisse les transmigrants s’auto-gérer et on nous appelle en cas de besoin », détaille encore Samia.

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Du côté des autorités, la Province de Liège a apporté une aide de 500 euros par mois pour les produits d’entretien lors du premier confinement. « Nous sommes présents sur la plateforme citoyenne de Liège. Le bourgmestre, Willy Demeyer et l’échevine Julie Fernandez Fernandez étaient là à l’ouverture de ce bâtiment et nous ont apporté leur aide. Le Docteur Kaluanga, gynécologue, est également à nos côtés. Nous espérons une nouvelle aide de la Ville de Liège et peut-être de la Région wallonne. Nous continuons à distribuer des colis mais seulement sur demande », espère la fondatrice de Cisolré.

La solidarité et les difficultés, Samia elle connaît. Elle travaille pour l’association GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles) en tant que coordinatrice de l’antenne de Liège pour la Province qui vient en aide aux femmes qui ont vécu des violences sexuelles et/ou des mariages forcés. Le GAMS offre un service d’accueil, d’orientation (médico-psychosocial et juridique) et d’accompagnement psycho-social si nécessaire selon la situation, les besoins et les demandes des personnes.

Samia Youssouf, originaire de Djibouti, est arrivée à Liège il y a 20 ans. « J’ai rejoint mon époux et nous avons deux enfants. J’ai donc connu l’asile et j’aide celles et ceux qui le connaissent à leur tour. J’ai la chance de parler plusieurs langues », raconte Samia.

« Nous connaissons l’objectif des jeunes Erythréens qui ne sont que de passage en Belgique. Ils veulent rejoindre l’Angleterre. Malheureusement, rien n’est mis en place pour les migrants. A « Cisolré », ils peuvent manger, dormir, prendre une douche ou nettoyer leur linge. Actuellement, nous accueillons une cinquantaine de personnes venues des aires d’autoroutes E40 de Crisnée, de Barchon et de Welkenraedt. Plusieurs d’entre elles sont parvenus à rejoindre la Grande-Bretagne. Elles nous ont envoyé des sms pour nous remercier de les avoir accueillis durant leur passage à Liège et elles prennent des nouvelles de notre association toutes les semaines », indique Samia.

Mais pour les autres qui n’ont pas pu rejoindre l’Angleterre, ils reviennent épuisés de Calais pour reprendre des forces avant de repartir.

« Nous avons déjà accueilli un Suédois victime du Covid-19, des Togolais, des Marocains, … Toutes les communautés sont les bienvenues à Cisolré. Nous avons aussi aidé une maman liégeoise avec ses deux enfants. Elle a logé à Cisolré pendant un mois, à l’étage, le temps qu’elle trouve un logement. Pour l’instant, nous aidons une femme enceinte d’Erythrée avec son mari. L’ONE a apporté une aide de 10.000€ pour qu’elle puisse accoucher en Belgique », ajoute Samia.

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« Cisolré fournit également des colis alimentaires tous les mercredis après-midi aux familles précarisées et aux femmes qui ont subi des violences conjugales ainsi qu’aux jeunes filles enceintes avec l’aide du Centre de planning familial de Liège ».

Dès que l’on entre chez Cisolré qui dispose de 360 m³ pouvant accueillir au maximum 100 personnes, il y a quelques fauteuils et un divan avec une table, pour se reposer, discuter, jouer aux cartes ou autres activités. On découvre ensuite le coin repas puis deux espaces avec des lits de camp que nous avons achetés et des matelas apportés par la Croix Rouge de Fraipont. Un ami, Etienne Bourgeois, héberge des filles à Rocourt. « Il n’y a qu’une seule douche. Nous aimerions en réaliser d’autres ainsi que des lavabos et des toilettes », précise Samia.

Il y a aussi le stock de nourriture installé dans l’ancien garage de l’immeuble avec un congélateur offert par la Banque alimentaire et plusieurs frigos.

Il y a aussi un coin « bébés-mamans » qui fonctionne grâce à nos donateurs qui fournissent des langes, des vêtements, des aliments pour bébés, … Nous sommes en contact avec la clinique du MontLégia à Liège qui possède l’une des plus grandes maternités. Il y a un espace de soins avec un médecin solidaire, le Docteur Bar, qui soigne bénévolement les petits bobos. « Nous avons également une convention avec le centre de planning Louis Michel rue des Bayards à Saint-Léonard qui assure le suivi médical (tests pour voir si les jeunes filles ou les femmes sont enceintes, distribution de préservatifs, …).

Et à l’étage, des bureaux ont été transformés en un « appartement » où a logé la maman et ses deux enfants (lire plus haut) et lieu de stockage. « On voudrait installer les femmes à l’étage et les hommes en bas », espère-t-elle.

« Tous les mercredis après-midi, nous organisons des séances avec une psychologue, une traductrice en langues pour aider les jeunes filles mineures", conclut Samia.

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