Bruxelles, capitale et… royale
Cet été, nous partons à la (re)découverte des plus grandes villes de Belgique, la capitale et les chefs-lieux de provinces. À vous d’élire les plus belles ! Chaque visite de notre série sort des sentiers battus. Elle se résume en 5 coups de cœur. Suivez le guide !
À tout seigneur tout honneur, c’est notre belle capitale qui inaugure la série. Il faut l’avouer, ce fut chose ardue de n’y sélectionner que cinq “classiques”. Nous avons donc pris la liberté de faire l’impasse sur le Manneken-Pis, sur l’Atomium et Mini-Europe, sur le Palais royal, les serres et la tour japonaise de Laeken, ou encore sur les 8.000 ha de parcs, forêts, bois et jardins qui font de Bruxelles la capitale la plus verte d’Europe. Voici donc notre choix, tout à fait subjectif… et plutôt central.
1. La Grand-Place
Joyau de la ville, l’endroit est tout simplement incontournable. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, la Grand-Place était considérée par Victor Hugo comme l’une des plus belles du monde. Il faut bien avouer que les innombrables détails de ses façades fascinent. À commencer par celle de l’Hôtel de Ville, érigé au XVe s. dans le style gothique. Sa tour, qui n’est pas parfaitement centrée, est à l’origine d’une légende : l’architecte responsable de l’ouvrage, remarquant son erreur, se serait jeté de son sommet avant de s’écraser au sol, là où se trouve aujourd’hui une étoile… qui n’est autre que le "kilomètre zéro de Bruxelles" depuis lequel toute distance jusqu’à la capitale est mesurée. En face se trouve l’ancienne Maison du Roi, édifice néo-gothique abritant le Musée de la Ville de Bruxelles ; de part et d’autre, les maisons des corporations offrent au regard leurs façades baroques (restaurées au XIXe s.), leurs inscriptions latines et… leurs noms cocasses : La Brouette (corporation des Graissiers), Le Sac (Ébénistes), L’Arbre d’or (Brasseurs), La Fortune (Tanneurs), Le Pigeon (peintres), etc.
2. Les Galeries royales Saint-Hubert
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- © Ingrid Otto
À deux pas de là, un élégant complexe de trois majestueuses galeries à l’architecture d’inspiration Renaissance italienne, couvert sur toute sa longueur par une voûte de verre en plein cintre tendue sur une structure métallique : les Galeries royales Saint-Hubert, composées de la Galerie de la Reine, la Galerie du Roi et la Galerie des Princes – anciennement appelée Passage du Prince. Œuvres de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar, édifiées en 1847, elles sont parmi les plus anciennes d’Europe, après le passage du Caire à Paris (1798) et le passage Lemonnier à Liège (1838). Elles sont toutefois plus monumentales que leurs aînées, reflétant la prospérité de la (jeune) nation sous le règne de Léopold 1er. Traversées chaque année – hors crise sanitaire, s’entend – par quelque 6 millions de visiteurs, les Galeries royales abritent de nombreuses boutiques exclusives, notamment des bijoutiers et grands chocolatiers, mais aussi des restaurants et cafés, un cinéma, un musée et deux théâtres (des Galeries et le Vaudeville). À l’étage, appartements, chambres d’hôtel et espaces de coworking surplombent les galeries.
3. Le Sablon
Le Sablon est un quartier à deux visages : celui qu’offre sa partie haute, le Petit Sablon et son square de style néo-Renaissance flamande ceint par des immeubles des 17e et 18e s., est l’un des bijoux architecturaux du « Vieux Bruxelles ». Aménagé le long du tracé de la rue de la Régence, cet ancien cimetière (!) est agrémenté en son centre d’un paisible et romantique jardin fleuri avec fontaine (celle des comtes d’Egmont et de Hornes symboles de la résistance à la tyrannie espagnole au XVIe siècle). Véritable musée en plein air, le petit parc, entouré d’une balustrade en fer forgé, est émaillé de nombreuses statues en bronze représentant entre autres les métiers bruxellois. Dans sa partie plus basse, derrière la magnifique église Notre-Dame (XVe), le quartier est appelé Grand Sablon – un nom qu’il doit à la prairie marécageuse et sablonneuse qu’il était au XIIIe s. Il a bien changé depuis, lui qui, contrairement au Petit Sablon, est très animé. Et pour cause : il accueille antiquaires, marchands d’art, galeristes, bijoutiers, boutiques de luxe, grands noms du chocolat, cafés et restaurants chics.
4. Le Mont des Arts
Vaste espace de liaison entre le haut et le bas de la ville, le Mont des Arts a vu son aménagement défiler nombre de projets avortés… et donc traîner en longueur. Comprenant aujourd’hui la Bibliothèque royale de Belgique, les Archives générales du Royaume, le centre de congrès « Square » et un magnifique jardin, ce complexe urbanistique n’a pas toujours suscité la fierté des Bruxellois – et c’est peu de l’écrire ! Au XIXe siècle, les urbanistes de l’ancien quartier Saint-Roch en parlaient en ces termes : « Il faut ôter cette hideuse verrue à la face de Bruxelles, égout d’où s’échappe chaque matin et où revient croupir chaque soir ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage, toujours débordé dans les rues de la capitale ». Ce lieu à l’époque plutôt mal famé, donc, jouxte alors la très abrupte rue Montagne de la Cour (une pente de plus de 10° !) et est accroché à la colline entre la place Royale et le centre-ville. Sa destruction devient officielle en 1897-1898, et c’est pour l’Expo universelle de 1910 que le premier jardin de Mont des Arts est aménagé pour « cacher sous un manteau de verdure et de fleurs » l’état pitoyable de la Montagne de la Cour. Supposé provisoire, ce jardin persistera jusqu’à ce que soit édifié à la place, dans les années 50, le complexe que l’on connaît aujourd’hui… ou presque : en 2001, le jardin a été rénové dans le respect de l’esprit initial. Créé sur une dalle de béton couvrant des parkings souterrains, il est structuré en deux parties : un jardin principal composé d’une zone verte, de compartiments végétaux, de petits bassins et d’une fontaine monumentale ; et un jardin secondaire contenant un bassin avec des fontaines ludiques et une plaine de jeux. L’une de ses particularités est la création de compositions au moyen de « boîtes » constituées d’ifs ou de haies à l’intérieur desquelles les plantations peuvent varier selon les saisons. Autre de ses intérêts – non négligeable : la vue imprenable sur le centre-ville.
5. La place Poelaert et sa grande roue
Avec ses presque huit hectares faisant office de parvis géant au palais de Justice qu’elle accueille, la place Poelaert est la plus vaste de la Région bruxelloise. Surplombant la ville basse, elle culmine à 63 mètres au sommet dit du mont des Potences (“Galgenberg”) ; à l’ouest de la place, un ascenseur panoramique – entendez, aux parois transparentes – permet de la relier directement au quartier des Marolles, en contrebas. Et si, depuis la balustrade équipée d’une longue-vue et d’une table d’orientation, l’on peut bénéficier d’un beau panorama sur la ville, jusqu’à Anderlecht et l’Atomium, la vue n’est rien en comparaison de celle qu’offre un petit tour sur la grande roue installée à quelques mètres de là, “The View”. Inaugurée en septembre 2019, elle a ensuite pris ses quartiers d’hiver au centre-ville pour revenir en février dernier sur la place Poelaert. Et si ses 42 nacelles s’élevant jusqu’à 55 mètres de haut (donc une hauteur totale de plus de 100 mètres sur le panorama bruxellois !) devaient être démontées en mai, la crise sanitaire en a décidé autrement ; la grande roue resterait donc là jusqu’au 15 juillet.
8€ pour les adultes et 5€ pour les moins de 12 ans.