Barry Baltus s’attaque au championnat du monde Moto3
A seize ans, notre meilleur espoir sur deux roues fait ses premiers pas en championnat du monde. Objectif rejoindre Marc Marquez et Valentino Rossi dans quelques années, mais d’abord apprendre le métier en Moto3.
Chez les Baltus, le virus de la course se transmet de père en fils, et c’est presque tout naturellement que Barry, qui a fêté ses seize ans le 3 mai, se prépare à disputer le championnat du monde Moto3, l’avant dernière étape avant le MotoGP, l’équivalent de la Formule 1 pour la moto. Barry Baltus et la moto c’est une histoire qui a commencé très tôt : « A trois ans », explique le Liégeois. « Mon père, qui a fait de la moto aussi, m’avait dit que quand je saurai rouler à vélo sans petites roues j’aurai ma première moto, et c’est comme ça que tout a commencé. C’était une petite moto de cross, une PW50, j’ai d’abord roulé sur la terre et puis sur circuit, en vitesse, avec une première compétition à huit ans, en Belgique. » Des compétitions loisir dans un premier temps, mais voilà, Barry est bon et il va beaucoup plus vite que les autres gamins de son âge, rapidement il faut faire un choix. « A dix ans j’écrasais tout le monde, confesse Barry, et on s’est dit que pour progresser il fallait aller ailleurs, j’ai donc commencé à courir en Espagne où le niveau est nettement plus relevé, là c’est moi qui me faisais écraser. » Pas pendant très longtemps. Encore une fois le Belge se fait remarquer, notamment par Freddy Tacheny, le patron de Zélos, qui soutient de jeunes athlètes, et Didier de Radiguès, ex-pilote, vice-champion du monde en 1982. Dès ses douze ans le pilote bénéficie d’un encadrement professionnel, coach, manager et préparateur physique. Les choses deviennent sérieuses même si Barry relativise. « Ce n’est qu’aujourd’hui que cela devient un métier, jusqu’ici c’était surtout une passion à haut niveau. » Une passion qui l’a amenée à disputer deux championnats, des formules de promotion qui mènent au championnat du monde pour les meilleurs, la Redbull Rookies Cup et le championnat du monde junior CEV où Barry termine respectivement 12e et 4e avec une victoire et trois podiums. Le milieu de la moto est convaincu et Zélos parvient à placer son pilote dans le team allemand Prüstel, vice-champion Moto3 en 2018, un premier mondial senior pour notre compatriote.
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- Barry Baltus
Un coronavirus avantageux
Curieusement, le report du championnat provoqué par la pandémie de Covid-19 a été bénéfique pour Barry Baltus. Agé de quinze ans lorsque le championnat du monde Moto3 a débuté, le 8 mars, au Qatar, le pilote ne pouvait pas encore enfourcher sa moto puisqu’il n’avait pas l’âge réglementaire. Sa première course était programmée le 17 mai au Grand Prix de France. « Initialement je devais rater les cinq premiers Grands Prix, mais avec le confinement et l’annulation du début du championnat j’arrive à Jerez en n’ayant loupé qu’une seule manche, ce qui est plutôt une bonne nouvelle », explique Barry. « De plus je me suis blessé à l’épaule fin janvier, par conséquent j’ai pu profiter de cette période d’inactivité pour me faire opérer et totalement récupérer, je serai en pleine forme pour disputer ces deuxièmes et troisièmes manches puisqu’on disputera deux Grands Prix d’affilée sur le même circuit. » Reste que la situation sera particulière. Règles sanitaires obligent les équipes sont réduites à douze personnes, pilotes compris, du coup Baltus se retrouvera seul, pendant dix jours, contraint de ne pouvoir se déplacer qu’entre l’hôtel et le circuit, toujours avec les membres de son team et sans contact avec qui que ce soit d’autre. Pas de parents, pas de coach, pas évident à tout juste seize ans.
Une année pour apprendre
Une situation que le Liégeois appréhende avec calme, conditionné par son préparateur mental et physique étant donné qu’il n’y aura personne pour l’encadrer sur ces deux premières épreuves. « On a juste programmé des réunions par Skype tous les matins et tous les soirs. Ce sera sans doute un peu compliqué mais on n’a pas le choix », explique le pilote. « Mais ça va, je n’ai rien à prouver cette année, c’est une première saison en mondial, c’est une nouvelle moto, une nouvelle équipe, je ne suis pas là pour jouer la victoire, d’autant qu’on a vu à la première course que les rookies sont plutôt dans la deuxième moitié du classement. A ce niveau-là l’expérience est déterminante ». Parce que la discipline est extrêmement disputée avec les vingt premiers dans la même seconde. Des courses en peloton où le moindre écart de trajectoire coûte immédiatement plusieurs places. Autre difficulté Barry Baltus a déjà un fameux gabarit. « Je mesure 1m78 pour 66 kilos, les autres sont tout petits et plus légers, sur une machine de 250cc qui développe 65 chevaux et qui atteint les 235 kilomètres / Heure, mes dix kilos supplémentaires par rapports aux adversaires ça se paie cash. » De quoi espérer monter le plus vite possible en Moto2, l’antichambre de la catégorie reine où il sera moins pénalisé par des motos avec une puissance de 140 chevaux. « L’idéal serait d’y arriver dès l’an prochain, voire en 2022 », explique Barry. Pour le MotoGP la route est encore longue : « je dois d’abord faire mon job en Moto3 et en Moto2 avant de penser à rejoindre Valentino Rossi et Marc Marquez. Pour l’instant je n’y pense pas vraiment même si c’est l’objectif. » Un objectif accessible de l’avis de Didier de Radiguès, auteur de quatre victoires en Grands Prix et très attentif aux progrès de Barry Baltus, le plus jeune pilote du plateau cette saison.