Au monde d’Ayden, l’inclusion passe par le jeu
Ouverte à Bruxelles (Uccle) depuis septembre dernier, cette plaine de jeux intérieure et inclusive accueille de concert enfants en pleine santé et enfants en situation de handicap. Rencontre avec Lou Garagnani, maman d’Ayden, et cheville ouvrière de ce projet unique et hors normes.
COVID-19 oblige, aujourd’hui, seuls les moins de 12 ans ont la chance de décrocher leur sésame pour Le monde d’Ayden. Les parents, eux, restent sur le pas de la porte et doivent se contenter des récits de leurs mômes ou des photos et vidéos envoyées par Lou et son équipe. La maman d’Ayden raconte : « Depuis l’ouverture, on a dû être hyperflexible pour s’adapter chaque fois aux règlements. On a fermé l’espace cantine, interdit l’accès aux parents tout en renforçant évidemment l’équipe d’encadrement faite d’éducateurs, d’animateurs, de stagiaires et de bénévoles. L’important était de rester ouvert, coûte que coûte. Pour les enfants qui ont besoin de bouger et de se rencontrer, surtout les enfants « extraordinaires » puisque beaucoup de leurs excursions et activités sont annulées à cause de la pandémie. Passer une demi-journée ici leur permet de sortie de leur cadre de vie tout en offrant un moment de répit à leurs parents. »
Toboggan et Snoezelen
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- © Le monde d’Ayden
Actuellement, 40 enfants peuvent se côtoyer dans cet espace de 500 mètres carrés. Un ancien garage qui s’est merveilleusement métamorphosé en une plaine de jeux pas tout à fait comme les autres. Avec un bateau de pirate et son grand tobogan. Une vraie Fiat 500 jaune. Un mur d’escalade et un parcours d’obstacles. Des tapis en mousse, des trampolines et des jeux en bois géants. Une balançoire et un tapis d’écran. Un Snoezelen aussi : cet espace multisensoriel où l’on retrouve de gros coussins d’eau, des hamacs, des bâtons de pluie et des colonnes à bulles qui s’illuminent.
De quoi, comme dans toutes les plaines de jeux du monde, se mettre en mouvement, se défouler, rêver, se détendre et s’inventer des histoires, seuls ou avec les copains. Mais dans Le monde de Ayden, tout a été aménagé pour que tous les enfants puissent bénéficier des différents modules de jeux : rampes d’accès pour les enfants qui se déplacent en chaise roulante, pictogrammes en langue des signes, boutons pour demander de l’aide, choix des textures et des matières - y compris au sol -, sans oublier les lumières, réglables et tamisées. Lou le confirme : « Avec l’aide des adultes, même les enfants qui se déplacent en chaise roulante peuvent glisser sur le toboggan ou s’installer dans la balançoire. Et les enfants en « plaine santé » peuvent découvrir et se détendre dans l’espace multisensoriel. »
Testé et approuvé par Ayden et sa fratrie
Quelle mouche a piqué Lou Garagnani pour se lancer dans un tel projet, unique en Belgique ? Maman de 3 enfants dont Ayden (4 ans), né avec une maladie génétique rare - la dysplasie fronto-métaphysaire de type 2 -, elle a fait très vite le constat suivant : il n’existe aucun lieu où sa fratrie a la possibilité de s’amuser ensemble. D’où cette idée un peu folle de créer cet espace hors du commun. Pour ses gamins. Mais aussi et surtout pour toutes les autres familles dans la même situation qu’eux. Un projet que Lou a monté de toutes pièces, en glanant, ci et là et au gré de leurs activités familiales, les bonnes idées et surtout, celles qu’il ne fallait pas reproduire, sous peine de faire obstacles aux enfants avec des besoins spécifiques. Lou précise : « Le projet s’est affiné progressivement. Mais tout ce que l’on trouve dans Le monde d’Ayden, je l’ai testé avec mes enfants. Je me suis aussi renseignée et j’ai demandé l’avis de différents instituts spécialisés dans tels ou tels handicaps. » Avant d’ajouter : « Le plus compliqué n’était pas d’avoir les idées, mais de rassembler les fonds pour les mettre en pratique. »
Inclusion plutôt qu’intégration
La fierté de Lou, ce n’est pas seulement ce rêve devenu réalité avec Le monde d’Ayden mais l’atmosphère qui l’anime. Un lieu où les enfants se côtoient et apprennent à se connaitre, au-delà de leurs différences, la plupart du temps avec un naturel dont les plus jeunes ont le secret. Et Lou d’ajouter : « Parfois, il est nécessaire de mettre des mots, d’expliquer la raison du comportement de certains enfants. Et tout se passe bien ensuite. C’est touchant aussi de voir comment les enfants en plein santé sont souvent très protecteurs avec les enfants extraordinaires, ce qui fait progresser ces derniers et les tirent vers le haut. » Un projet qui est donc une belle réussite d’inclusion. Comme aime le répéter Ayden à ses frères et sœurs : « Cette plaine de jeux, c’est Le monde de moi ». Grâce à l’énergie et l’impulsion de sa maman, c’est finalement devenu le monde de tous les enfants, qu’ils soient ordinaires ou extraordinaires.
Le monde d’Ayden est accessible actuellement uniquement sur réservation pour des demi-journées, des fêtes d’anniversaire ou des stages. L’accès à la plaine de jeux est encadré et complété par des activités (bricolage, cuisine…) Infos : www.lemondedayden.be