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« Animal sans Toi…t » : le bien-être des animaux avant tout

5 juillet 2020
par  Eloïse Dewallef
( Presse écrite , Le virus des héros comme des gens ordinaires )

Chez « Animal sans Toi… t », l’impact de la crise du coronavirus s’est surtout fait sentir au niveau financier. Le refuge subit d’importantes pertes car il fonctionne principalement sur base de dons. Point positif toutefois, les abandons ont diminué durant la période de confinement.

En Belgique, Santévet estime qu’en moyenne, 165 animaux sont abandonnés chaque jour, avec une majorité de chiens et de chats. Ce constat alarmant souligne une fois de plus l’importance capitale du travail des refuges. Fabrice Renard fait partie de ces passionnés qui défendent le respect du bien-être animal. Inspecteur à la SPA de Liège depuis vingt ans, il est également gérant du refuge « Animal sans Toi…T » avec sa femme Véronique. C’est d’ailleurs grâce à elle que l’asbl a vu le jour. Concrétisation d’un vieux projet, le rêve devient réalité en 2002, dans une ferme à Horion-Hozémont dans la province de Liège. Au départ, le refuge recueille à cet endroit uniquement les chiens et les chats. « Nous avons par la suite voulu étendre les activités du refuge en nous spécialisant dans l’accueil des animaux de ferme, ce qui est moins courant que les chiens et les chats », explique Fabrice Renard. « Nous avons à ce moment eu l’occasion d’acquérir une ferme à Viemme, où nous avons tout mis en place pour accueillir les animaux de ferme. Puis nous avons tout centralisé sur ce site en 2019 car les bâtiments d’Horion-Hozémont, proches de l’aéroport de Liège, étaient voués à la démolition. Maintenant, tous nos pensionnaires sont regroupés ici, à Viemme ! », ajoute le gérant du refuge.

Impact financier

Comme un peu partout en Belgique, la crise sanitaire a eu des impacts sur la gestion et l’organisation d’« Animal sans Toi…t ». « Cela a été assez difficile car les stages ont été suspendus et nous avons dû fonctionner en vase-clos, avec une équipe réduite. Nous avons travaillé avec plus de bénévoles qu’auparavant, même si certains d’entre eux n’ont pas osé venir, vu la situation. Nous avons donc été forcés de nous organiser pour continuer à fournir aux animaux les soins et services nécessaires, en évitant des contaminations au niveau du personnel. En plus, au début du confinement, nous avons été obligés de fermer. Mais un problème est survenu : pratiquement tous les refuges en région wallonne sont arrivés à leur capacité maximale d’accueil. Nous avons alors lancé un appel à l’aide et finalement obtenu une dérogation ministérielle au mois d’avril pour pouvoir ouvrir et accueillir des adoptants sur rendez-vous, en respectant toute une série de règles », indique Fabrice.

Mais pour lui, l’impact de la crise s’est surtout fait sentir au niveau financier. « Nous fonctionnons principalement avec des dons, des parrainages et des legs testamentaires mais avec la crise et la baisse des revenus de la population, les dons et parrainages ont chuté fortement. Habituellement, nous organisons également une journée portes-ouvertes au mois de juin, ce qui nous permet d’engranger des bénéfices, en plus de faire découvrir nos installations et nos animaux. Mais nous avons dû annuler cet événement, ce qui représente une perte importante de rentrées. Cela devient compliqué. En moyenne, nous avons au moins besoin de 230 000 euros par an pour nous en sortir et nous occuper correctement des pensionnaires ». Malgré la situation catastrophique dans de nombreux refuges et des revendications transmises à la ministre du Bien-Etre animal, Céline Tellier, aucune aide gouvernementale importante n’est prévue pour le moment. « On a parfois l’impression de ne pas être écouté ! », déplore Fabrice. « On nous a quand même proposé 1500€, mais c’est dérisoire par rapport à nos besoins… »

Positif

La période de confinement a toutefois présenté des aspects positifs. En effet, le nombre d’abandons a diminué durant cette période, sans doute lié au fait que les gens étaient plus présents chez eux, avaient plus de temps à consacrer à leurs compagnons et que les déménagements ont été mis sur pause. Le gérant du refuge explique : « Juste après la réouverture, comme on n’avait presque plus de rentrée d’animaux, pratiquement tous nos pensionnaires avaient été adoptés ! Maintenant la situation est revenue à la ‘normale’ : nous récupérons des animaux abandonnés, recevons des plaintes, devons faire des saisies… Mais je pense quand même que certains se sont rendu compte durant le confinement qu’ils ne prenaient pas assez le temps de s’occuper de leurs animaux. Alors si cela peut faire évoluer les choses dans le bons sens, tant mieux ! On est toujours un peu inquiet à l’approche de l’été, même si les abandons ne sont plus aussi marqués qu’avant à cette période. Cette année, c’est difficile d’imaginer ce qu’il va se passer, la situation est inédite ! Peut-être que comme les Belges passeront plus souvent leurs vacances en Belgique, il y aura moins d’abandons ? Je l’espère ».

En tout, l’asbl « Animal sans Toi…t » accueille une moyenne de 250 pensionnaires, comprenant généralement des chats, des chiens, des lapins, des petits rongeurs, des oiseaux, des chevaux, des ânes, des poneys, des bovins, des chèvres, des moutons, des cochons, des poules, des oies et des canards. Les chiens et chats sont recueillis pour cause d’abandons et de saisies, les animaux de ferme uniquement suite à des saisies (maltraitance), pour des raisons de place. Si certains finiront leur vie au refuge, Fabrice Renard constate avec bonheur que la plupart des animaux sont adoptés rapidement, surtout les plus petits. La mise en avant des pensionnaires sur les réseaux sociaux aide d’ailleurs dans ce processus. Au moment de l’adoption, une petite participation financière est demandée, en fonction de l’animal. Comptez par exemple 85€ pour un chat, 185€ pour un chien, 30 pour un lapin et 350 pour les équidés. « Le but n’est évidemment pas de se faire de l’argent mais bien de récupérer une infime partie des frais occasionnés. Car les animaux sont identifiés et enregistrés, vaccinés, vermifugés, déparasités et stérilisés », rassure Fabrice. Un suivi est également effectué après l’adoption, pour vérifier que tout se passe bien. Au niveau des chiffres des adoptions en 2019, 155 chats et chatons ont trouvé un nouveau foyer, tout comme 208 chiens, 54 oiseaux, 27 rongeurs, 7 volailles, 20 ovins, 2 tortues et 5 boucs, comptabilise le site du refuge.

Formation et projets

En plus de recueillir et de s’occuper avec passion des pensionnaires parfois durement touchés par la vie, « Animal sans Toi…t » organise également des formations pour les pompiers, pour leur apprendre le contact avec les animaux de ferme en cas d’intervention dans ces milieux. Le but est de leur montrer comment manipuler un cheval lors d’un incendie par exemple, sans le blesser ou lui faire peur.

A côté des dix hectares de prairies, le refuge possède de belles installations, aménagées en fonction des besoins des pensionnaires. « On vient aussi d’acheter un nouveau terrain avec des aménagements juste à côté, mais de gros travaux sont à prévoir. On aimerait construire une extension pour les NACs (nouveaux animaux de compagnie) ainsi que pour les chats sauvages qui ont besoin de plus d’espace. On le fera dès qu’on disposera des moyens financiers nécessaires ! », conclut Fabrice.

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