Aborder une saison de basket après la crise sanitaire
La pandémie liée au COVID-19 et l’arrêt brutal des compétitions sportives obligent les entraineurs à repenser leur manière d’aborder la prochaine saison.
La perspective de voir les sports collectifs indoor reprendre progressivement est l’occasion de faire le point avec Pascal Horrion, cet entraineur de basket-ball réputé en province de Liège pour avoir fait les beaux jours de Sprimont qu’il a coaché durant 13 saisons. Durant ces années, il a fait monter l’équipe phare du club à quatre reprises. Il a emmené ses hommes deux fois en play-offs de D2, division dans laquelle il a été nommé coach de l’année.
Après une année sabbatique, c’est à Pepinster en Top Division Men 2 (anciennement D3) qu’il s’apprête à reprendre du service.
Il a accepté de se prêter au jeu des questions/réponses...
Pascal Horrion, quel sont tes différentes formations et te permettent-elles de trouver des solutions et de mieux appréhender la situation actuelle ?
Je suis diplômé niveau 3 pour le basket et régent en éducation physique. J’ai également le titre de gestionnaire de centre sportif. Ces bases sont certainement autant d’atouts pour aborder la technique basket, la gestion de groupe ou l’aspect pédagogique mais personne ne peut être certain d’avoir toutes les compétences pour gérer ce type de situation nouvelle où l’on doit se réinventer chaque jour. On navigue un peu à l’aveugle et la seule compétence supplémentaire qui me guide actuellement est mon feeling. Mon job en tant que coordinateur d’un Service Jeunesse et chef de projet du Plan de cohésion sociale au sein d’une commune me permet aussi d’avoir une vue sociale et plus globale de la situation pour ne pas m’arrêter uniquement au niveau sportif.
Quelles dispositions as-tu mises en place pour tes joueurs durant le confinement ?
L’entre-saison s’annonçant très longue, j’ai assez vite envoyé aux joueurs un programme individuel de préparation physique à appliquer d’avril à juillet en alternant des exercices de renforcement musculaire, de gainage, de course mais aussi des sorties à vélo. Lors de ce mois de juin, nous avons repris quelques séances collectives en groupe restreint, sans contact, pour retâter le cuir et retrouver quelques sensations. Nous couperons ensuite en juillet pour reprendre le 1er août afin que l’envie des joueurs reste intacte et que la période de préparation reste relativement similaire à ce qu’on connaît habituellement.
Est-ce que ce confinement modifie ce que tu attends de tes joueurs comme travail durant le mois de juillet au niveau de leur préparation individuelle ?
Il appartient à chacun de connaître son corps et de savoir si un arrêt prolongé engendre rapidement du surpoids. Il faut donc responsabiliser les joueurs. Il est évident que le travail de fond est censé être partiellement acquis à la reprise début août et que les séances seront construites sur ce postulat. Nous aurons un groupe étoffé, ce sont les joueurs qui sont les mieux préparés qui en profiteront. Toutefois, le confinement ne peut s’apparenter à des congés et je crois que beaucoup ont bien besoin d’un vrai break estival. C’est la raison pour laquelle je n’ai rien programmé en juillet.
Et sur le plan collectif, devras-tu adapter le travail à la reprise en août ?
Le fait de partir avec une équipe composée d’une base de huit joueurs identiques à la saison passée est un atout et quelques activités de team building devraient permettre de fédérer les différentes individualités autour de notre objectif commun : s’amuser en jouant un basket attrayant. Même si notre jeu sera reconstruit de A à Z car chaque coach apporte sa touche, il serait stupide de ne pas profiter des acquis et des automatismes qui existent déjà au sein de l’équipe. On repartira donc d’une page blanche mais pas sur n’importe quel papier, celui-ci est de qualité. Ma plus grosse crainte pour la reprise était de ne pas pouvoir bénéficier d’une période de préparation classique mais les prévisions actuelles me rassurent.
Penses-tu qu’il y aura des répercussions sportives sur la prochaine saison ?
L’horeca faisant partie de certaines structures de clubs, c’est davantage l’aspect économique qui m’inquiète suite à cette période de crise sanitaire. Au même titre, les finances des clubs auront sans doute été mises à mal car beaucoup d’entre eux comptent sur les organisations de fin de saison pour faire rentrer de l’argent. Ce qui n’aura pas été possible cette fois. C’est donc plus cet aspect qui me préoccupe que l’aspect purement sportif.
Et si on redémarre la compétition plus tard que la date prévue du 5 septembre, à partir de quand et comment faudrait-il réorganiser la formule du championnat ?
Si on doit envisager une autre date, ce ne seront pas uniquement les instances sportives qui dicteront le timing, ce sera l’évolution de la crise sanitaire et le CNS. Dans ce cas, l’aspect sportif passe, selon moi, au second plan et on suivra l’actualité en tentant de s’adapter au mieux à ces situations exceptionnelles.
La spécificité du basket - sport de contact et en salle - doit-elle amener à prendre des dispositions particulières à la reprise ? Penses-tu qu’il y a des appréhensions dans ton équipe ou au niveau du staff ?
Je pense qu’il sera nécessaire d’avoir une discussion autour du sujet à la reprise afin de mieux comprendre l’approche de chacun et rassurer ceux qui auraient besoin de l’être. Les adaptations que nous ferons suivront les recommandations mais le basket est un sport de contact et il est impossible de le pratiquer si ceux-ci ne peuvent avoir lieu. Je pense que les basketteurs ne demandent qu’une chose, c’est de pouvoir reprendre des jeux d’opposition et de rentrer rapidement dans des situations de match.