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Fossoyeurs entre les rives du Styx

11 décembre 2017

Frédéric Pauwels, photojournaliste membre de notre plateforme, a décroché le 9 décembre le premier prix de la 17è édition du Prix Photographie Ouverte, organisé par le Musée de la photographie, pour sa série "Les fossoyeurs entre les rives du Styx". Ce travail documentaire dresse la dure réalité du métier de fossoyeur.

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Frédéric Pauwels

Dans la mythologie grecque, le Styx est un fleuve qui sépare le monde terrestre des Enfers. De tous temps, les cimetières ont toujours été l’équivalent de ce cours d’eau légendaire, permettant l’ultime métamorphose des dépouilles funéraires. Mais un phénomène récent justifie encore davantage cette métaphore : à cause des pesticides, et de l’utilisation de cercueils trop étanches, notamment, les corps des défunts ne s’y décomposent plus comme autrefois.

Et à l’heure où les communes doivent procéder aux exhumations des concessions en fin de bail pour libérer de la place dans des cimetière saturés, la pollution qui découle de la mauvaise dégradation des dépouilles mortelles plonge les fossoyeurs dans des conditions de travail véritablement infernales.

Fossoyeur, un métier en manque de reconnaissance

Lorsqu’il est passé avec eux derrière les bâches noires que l’on pose à l’entrée des cimetières, lorsqu’on y pratique des exhumations, Frédéric Pauwels a découvert les choses difficiles à montrer que ces rideaux de plastique cachent pudiquement... Le parfum révulsant de la mort, qui s’incruste jusque dans les poils du nez, et dont il faut plusieurs heures, et plusieurs douches, pour se sentir enfin débarrassé... Mais aussi les images de ces corps intacts, encore habillés de leurs vêtements préférés, parfois accompagnés d’objets personnels.

Fallait-il les montrer ? Les besoins de reconnaissance du métier de fossoyeur, et ceux de pouvoir briser le tabou qui entoure la mort pour refaire de nos cimetières des lieux de vie l’ont convaincus de dévoiler des images qui permettent d’aborder pudiquement, mais sans tabou, ce sujet délicat. Soutenu par le Fonds pour le Journalisme, ce travail documentaire réalisé avec la journaliste Isabelle Masson-Loodts, ne vise pas à créer la polémique, mais à libérer la parole autour d’un sujet sensible.

L’exposition est visible au Musée de la Photographie du 9.12.2017 au 22.04.2018 (11 Avenue Paul Pastur, 6032 Mont-sur-Marchienne, Belgique)

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